La couche d'ozone de nouveau menacée... par la Chine
Des chercheurs préparent des ballons pour mesurer l'ozone à 32 km d'altitude dans l'atmosphère au-dessus du pôle Sud. Photo NOAA
Un indicateur pour la planète était passé au vert : celui de la couche d'ozone. Indispensable à la vie sur Terre, cette protection présente dans l'atmosphère autour de la planète, entre 20 et 40 km d’altitude environ, nous protège des rayonnements ultraviolets cancérigènes émis par le Soleil. Elle s'était dégradée au siècle dernier par les rejets de gaz utilisés dans l'industrie, dont le CFC-11. Grâce au protocole de Montréal pour la protection de la couche d'ozone, signé en 1987, qui demandait de diminuer, puis bannir, toutes les substances concernées par ce problème mondial, depuis une vingtaine d'année, le fameux "trou dans la couche d'ozone" au-dessus de l'Antarctique se comblait.
La mauvaise nouvelle, alerte une étude scientifique publiée dans la revue Nature, c'est que le CFC-11, plus connu sous le nom de fréon, ou chlorofluorocarbone — un gaz utilisé pendant des décennies pour les aérosols, comme réfrigérant, ou pour les isolants en mousse de polymère — augmente de nouveau dans l'atmosphère depuis plusieurs années. Au banc des accusés, la Chine, majoritairement responsable du phénomène.
Depuis 2002 et jusquà 2012, la concentration de CFC-11 dans l’atmosphère était en baisse constante. Normal, plus aucun pays n'était censé en émettre depuis 2010. A partir de 2012, des chercheurs avait constaté que les concentrations du Fréon baissaient moins rapidement que prévu dans l’atmosphère. Ce qu'avait confirmé l'année dernière par une étude menée par l’agence gouvernementale américaine NOAA. Mais qui émettait donc ces milliers de tonnes de ce "gaz tueur d'ozone" ?
Pour le savoir, une équipe internationale de scientifiques a fouillé l'atmosphère et trouvé 7.000 tonnes de cette substance émises depuis l'est de la Chine entre 2015 et 2017, confirmant les soupçons qui pesaient sur l'Empire du milieu. Ces seuls rejets correspondent selon les chercheurs à une valeur de 40% à 60% de l'augmentation globale constatée. «Nous n’avons pas trouvé de preuves d’une hausse des émissions en provenance du Japon, de la péninsule coréenne ou d’autres pays», précise Luke Western, chercheur à l’université de Bristol, qui a participé à ces travaux.
Selon une enquête du "New-York Times", cette production serait illégale, effectuée par des entrepreneurs chinois peu scrupuleux surfant sur la vague des isolants… poussée par le gouvernement chinois pour réduire son empreinte carbone. Depuis 2017, les Chinois ont d'ailleurs pris des mesures pour la stopper. L'enjeu est de taille. Pour le moment, ces émissions ne représentent toutefois pas de danger immédiat pour la couche d’ozone et le trou de la couche d'ozone en Antarctique a diminué. Mais pour que cette protection naturelle de l'atmosphère ait retrouvé en 2050 le niveau de 1980, ce qu'on prévu les chercheurs, il faut que les émissions des gaz destructeurs d'ozone cessent entièrement.
►PLUS D'INFO
- La couche d'ozone, kèsaco ? L'ozone est un gaz naturellement présent dans l'atmosphère. En haute altitude, dans la stratosphère, il forme une couche qui s'étend entre vingt et quarante km d’altitude et absorbe la plus grande partie du rayonnement solaire ultraviolet - et surtout les rayons UV-B - dangereux pour les organismes vivants. La couche d'ozone protège et permet la vie sur Terre. Les scientifiques ont découvert l'existence du trou dans la couche d’ozone en analysant des relevés à partir de stations au sol qui remontaient aux années 1950, et ont constaté au milieu des années 1980, que la quantité totale d’ozone autour de la planète diminuait fortement en septembre-octobre, lors du printemps austral.
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