Glyposate et phytosanitaires : mercredi noir pour les pesticides chimiques, des Etats-Unis à la Gironde
Double victoire judiciaire contre les pesticides chimiques, ce mercredi 27 mars 2019.
Aux Etats-Unis, Monsanto a été condamné à verser plus de 80 millions de dollars à un retraité qui accuse son désherbant, le Roundup, d'être responsable de son cancer. De l'autre côté de l'Atlantique, en Gironde, dans le Médoc, la faute inexcusable d'un château du Bordelais utilisant des produits phytosanitaires a été reconnue pour la première fois par le tribunal de grande instance de Bordeaux, explique le site Internet de "Sud Ouest" dans un article publié ce jeudi : "Pesticides et Parkinson : la faute inexcusable d’un château du Bordelais reconnue".
Un jugement historique aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, c'est une deuxième défaite judiciaire de taille accusée par Monsanto, condamné ce mercredi à verser plus de 80 millions de dollars à un retraité malade d'un cancer qu'il attribue au Roundup. C'est la deuxième fois en quelques mois qu'un jury populaire de San Francisco conclut que le désherbant vedette du groupe, racheté par l'allemand Bayer, a causé un cancer et que la firme américaine est coupable de n'avoir rien fait pour prévenir des dangers possibles de son produit au glyphosate.
Edwin Hardeman, 70 ans, avait été diagnostiqué d'un lymphome non hodgkinien en 2015, avant d'attaquer la firme l'année suivante, estimant que sa maladie était due au Roundup, dont il s'est servi pendant plus de vingt-cinq ans pour désherber sa propriété en Californie. Lors d'une conférence de presse organisée peu après, l'une de ses conseils, Aimee Wagstaff, a estimé que ce jugement, au terme d'un procès qui a duré plus d'un mois, était « historique ». Le plaignant et sa femme,tout sourire, ont quant à eux remercié le jury et leurs avocats.
Monsanto a agi « avec malveillance »
La semaine dernière, les jurés avaient déjà estimé que le Roundup était un « facteur substantiel » dans le cancer d'Edwin Hardeman, qui est actuellement en rémission. Mercredi, ils ont conclu que Monsanto avait également mis sur le marché un produit ayant un « défaut de conception », que les bidons de Roundup auraient dû mentionner des « avertissements » sur les risques potentiels et que Monsanto avait été « négligent » en ne prévenant pas les usagers de risques de cancer.
Estimant que la direction de Monsanto avait agi « avec malveillance » et avait sciemment négligé la sécurité, le jury a attribué 75 millions de dollars au plaignant en dommages « punitifs », selon le terme juridique américain. À cette somme s'ajoutent notamment les dommages destinés à compenser les dépenses de santé et les pertes économiques passées et à venir du plaignant ainsi que sa souffrance morale. Au total, ce sont 80,3 millions de dollars que doit débourser Monsanto.
« La science nous montre depuis quarante ans que le Roundup peut causer le cancer »
« La science nous montre depuis quarante ans que le Roundup peut causer le cancer. Quand on regarde les documents internes à Monsanto, il est aussi très clair qu'ils le savaient », a aussi dit Jennifer Moore, l'autre avocate du plaignant. Bayer qui s'est d'ailleurs dit « déçu par la décision du jury » dans un communiqué, a annoncé qu'il allait faire appel de ce jugement. Le groupe estime qu'elle « ne change rien au poids de quarante ans de science et de conclusions d'agences de régulation dans le monde entier qui soutiennent que (leur) désherbant au glyphosate est sûr et qu'il n'est pas cancérigène ».
L'association environnementale américaine Environmental Working Group a salué le jugement, estimant dans un communiqué qu'il « place Bayer au pied du mur à mesure que grimpent les coûts des procès tandis que son cours de Bourse s'effondre ». De fait, le titre Bayer reculait fortement ce jeudi matin à la Bourse de Francfort après la condamnation la veille de sa filiale Monsanto.
En Gironde, Château Vernous était saisi par Sylvie Berger, une salariée viticole âgée de 47 ans, victime de la maladie de Parkinson. Le caractère professionnel de sa maladie a également été reconnu. Une première scrutée par le monde viticole qui pourrait faire jurisprudence.
Cathy Lafon avec l'AFP
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