Pétition climat : la réponse du gouvernement aux ONG, pas vraiment satisfaites
La mobilisation des jeunes pour le climat devant le ministère de la Transition économique et solidaire, le 15 février 2019, a réjouit François de Rugy. Photo AFP
Deux millions, c'est le nombre de signatures recueillies par la pétition climat « L'Affaire du siècle», devenue la plus populaire de l'histoire du pays. Dix, c'est le nombre de pages d’argumentaire de la réponse du gouvernement, ce vendredi, à la « requête préalable » des ONG qui menacent de le poursuivre pour « inaction climatique ». Visiblement, pour les ONG, le compte n'y est pas.
On se rappelle que le 17 décembre 2018, quatre ONG, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France, avaient adressé cette requête préalable au gouvernement, accusant l’État de « carence fautive » par son « action défaillante » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Après les avoir reçues à Matignon, le Premier ministre s’était engagé à répondre avant l’échéance des deux mois. C'est le ministre de la Transition écologique et solidaire qui s'en est chargé, vendredi dernier, laissant toutefois les pétitionnaires sur leur faim.
«C'est historique»
« Vous êtes plus de deux millions à avoir signé la pétition "l’affaire du siècle". C’est historique. Je salue cette mobilisation d’une importance inégalée et partage votre impatience, votre aspiration à aller plus vite, plus loin, plus fort pour le climat », a écrit le 15 février François de Rugy dans une lettre accompagnée d’un mémo de dix pages détaillant les actions de la France.
« La France s’est mobilisée pour répondre à l’urgence climatique »
Comme on pouvait s'y attendre, le ministre rejette l’accusation d’inaction, également portée par des jeunes Français qui appellent désormais à manifester devant son ministère le vendredi après-midi, dans la foulée des "Fridays for Future", ce mouvement mondial, lancé en août dernier par la jeune Suédoise Greta Thunberg. « La France s’est mobilisée pour répondre à l’urgence climatique » et « nous nous donnons les moyens » d’atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, assure l'ancien Vert, reconnaissant toutefois qu'« à l’évidence, cette action devra être complétée, prolongée et amplifiée dans la durée ».
Il faudra « mener une bataille de conviction sans précédent »
Mais si « l’enjeu climatique doit devenir la nouvelle matrice de nos politiques publiques », les moyens à mettre en œuvre « sont loin de susciter une adhésion évidente et systématique de la part des citoyens », souligne-t-il aussi. Ce qui est loin d'être faux. Il faudra donc « mener une bataille de conviction sans précédent » pour ces changements qui « bousculent nos modes de vie ». Le ministre s’est d’ailleurs réjoui sur Franceinfo de la mobilisation des jeunes générations en souhaitant qu’elles « commencent à convaincre leurs parents », n’allant toutefois pas jusqu’à soutenir l’appel de la jeunesse à la grève mondiale de l’école lancé pour le 15 mars par Greta Thunberg.
« La taxe carbone est un outil nécessaire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre »
Concernant les moyens d’action, « la taxe carbone est un outil nécessaire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Mais vous le savez, la fiscalité écologique rencontre de nombreuses oppositions », indique-t-il d’autre part dans sa lettre, alors que le gouvernement a fermé la porte à une nouvelle hausse de cette taxe en partie à l’origine de la crise des « gilets jaunes ».
« Peu d’espoir quant à l’intention du gouvernement d’être à la hauteur de l’enjeu climatique »
Loin de les satisfaire, la réponse de François de Rugy a d'abord étonné les Ong, par sa méthode. Une réponse « médiatique » tombée « sans que nos organisations n’en soient informées », déplorent leurs représentants. Ces derniers attendent maintenant la réponse formelle du gouvernement, qu'ils étudieront en détail avec leurs avocats , ont-ils écrit dans un communiqué, notant de « premiers éléments de réponse décevants » qui « laissent peu d’espoir quant à l’intention du gouvernement d’être à la hauteur de l’enjeu climatique ».
« Les trajectoires actuelles nous font rater nos objectifs de réduction d’émissions en 2020, de même que ceux d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables » et « aucune nouvelle mesure, ni changement de cap ne sont clairement annoncés », ont-ils insisté. On ne leur donnera pas tort.
« L’affaire du siècle se réglera devant les tribunaux »
Jeudi, après un entretien avec le Premier ministre dont elles avaient tiré les mêmes conclusions, les Ong s’étaient dites « déterminées » à déposer leur recours en justice. « L’affaire du siècle se réglera devant les tribunaux », avaient-elles indiqué, notant que le recours attendu pour mars tiendrait compte des éléments figurant dans la réponse formelle.
Dans son mémo de dix pages, François de Rugy a détaillé les mesures prises par l’État contre le changement climatique dans divers domaines, de la production énergétique aux transports, en passant par l’agriculture ou l’isolation des bâtiments. « Ces mesures commencent à porter leurs fruits : les émissions de l’année 2018 devraient être à nouveau orientées à la baisse, avec des consommations d’énergie plus faibles », assure-t-il, alors qu’elles avaient augmenté en 2017. A suivre...
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