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Hulot et Travert créent une "task force" pour se débarrasser du glyphosate

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Les ministres de la Transition écologique et de l'Agriculture, Nicolas Hulot et Stéphane Travert, à Paris le 22 juin 2018. Photo Alain Jocard / AFP 

Pas de loi mais une "task force" pour permettre à l'agriculture de se passer du glyphosate d'ici 2021, comme le président Emmanuel Macron s'y était engagé. Ce vendredi, les ministres de l’Ecologie, Nicolas Hulot, et de l’Agriculture Stéphane Travert, ont réuni à Matignon, en terrain neutre et en présence de parlementaires, une quarantaine d'acteurs pour réfléchir à l'abandon de l'herbicide controversé de Monsanto en trois ans. Pilotée par les deux ministères, avec l'appui de l'Inra (recherche agronomique), de l'Acta (instituts techniques) et de l'Apca (chambres d'agriculture), cette task force temporaire doit préparer les modalités de sortie du pesticide du secteur agricole français.

 

Main dans la main

"Une commission à l'Assemblée nationale va auditionner les différents acteurs pour voir, au fil de l'eau, si nous sommes en situation de tenir l'objectif". Nicolas Hulot 

Après les annonces faites par le président ce jeudi, lors d'une visite en Bretagne, en faveur de l'éolien marin, de l'inscription de la défense de l'environnement dans l'article 1 de la Constitution et de la sortie du glyphosate, Nicolas Hulot continue de boire du petit lait... bio. Il faut reconnaître que, de la part du gouvernement, c'est bien joué. L'initiative montre tout d'abord que les deux ministres, après des mois d'affrontement ont dépassé leurs divergences pour faire désormais front uni sur la ligne du glyphosate. Quitte à intervertir leurs rôles. Hulot a mis de l'eau dans son vin, assurant que si dans trois ans, tout le monde n'est pas au rendez-vous, il pourrait y avoir des prolongations. 

"Il s’agit d’une transition agroécologique majeure d’autant plus marquante que le glyphosate est la substance phytosanitaire la plus utilisée, et la France veut se donner une ambition forte." Stéphane Travert

Stéphane Travert a revêtu quant à lui son habit vert pour présenter à la presse les objectifs d'une rencontre entre scientifiques, distributeurs, représentants syndicaux, agriculteurs, services de l'État, coopératives et chambres d'agriculture, destinée à trouver des alternatives au pesticide controversé, en étudiant toutes les problématiques, environnementales comme économiques, pour donner à la France les moyens d'une "transition agroécologique majeure".

Les pesticides, "outils de compétitivité"

A la sortie de cette rencontre, la Confédération paysanne, présente avec deux représentants, a toutefois voulu remettre en perspective la question du glyphosate. Selon le syndicat défenseur d'une agriculture paysanne et de la bio, c'est "la question des pesticides tout entière qu'il faut mettre sur la table", car ils sont aujourd'hui "des outils de compétitivité" majeurs dans l'agriculture. "Une loi à la base reste nécessaire, qui définisse un revenu pour les paysans et fixe un modèle de transition agricole" pour le pays", martèle la Confédération, en rappelant que nombre d'agriculteurs travaillent déjà sans glyphosate et qu'"il faut s'en inspirer". Autre nécessité pour l'organisation agricole : plutôt que de budgets supplémentaires de l'Etat, fort improbables vu le contexte, c'est de "formation et d'un accompagnement technique" dont les agriculteurs ont besoin pour réussir à s'affranchir de la substance chimique dangereuse pour la santé humaine et pour l'environnement. "D'autres pays le font déjà, il faut aller voir comment ils font" a ajouté la Confédération paysanne, en rappelant : "Le glyphosate, les premiers qui en meurent, ce sont les paysannes et les paysans. Il faut sortir de cette impasse là".

La FNSEA impliquée

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, qui porte avec une trentaine d'organisations un contrat de solutions avec des propositions concrètes pour réduire l'ensemble des produits phytosanitaires, a indiqué quant à elle, qu'elle invitera fin juin les quatre ministères - de l'Agriculture, de l'Écologie, de la Santé et de la Recherche - "à signer avec nous ce contrat à durée indéterminée". 

"Inscrire le glyphosate dans la loi dès à présent"

Dépitée de ne pas avoir été associée à cet échange, aux côtés de autres associations environnementales "pourtant très impliquées sur ce dossier", l'association Générations Futures déplore pour sa part dans un communiqué que "la sortie du glyphosate ne soit pas inscrite dans la loi dès à présent, comme cela est attendu par des milliers de citoyens, fut porté par des députés dont certains de la majorité présidentielle et ferait gagner un temps précieux à tous". "Il faut donc que le Gouvernement impose une volonté politique claire.../... et des orientations ambitieuses, le tout couplé à des financements adéquats pour tendre vers une modification en profondeur de notre système agricole", conclut François Veillerette, directeur de l'ONG.

Du concret dès la mi-juillet

"Le président de la République a fixé un cap, et nous devons apprendre à nous passer du glyphosate dans les trois ans, tout en précisant que les agriculteurs ne seront pas laissés dans une impasse". Stéphane Travert à la presse à l’issue de la rencontre

Les ministres ont également précisé ce vendredi qu'ils attendent des acteurs l'identification des leviers du changement, filières par filières. Ils souhaitent disposer, d'ici trois semaines, de premiers engagements précis de réduction et de suppression des usages du glyphosate. Par ailleurs, le gouvernement veut relancer le programme Écophyto, en juillet pour atteindre les 30 000 fermes expérimentales "Dephy", qui s'engagent à réduire drastiquement les pesticides. Il s'agit de diffuser les solutions et trouver de nouvelles alternatives aux usages pour lesquels il demeurerait des impasses, d'ici cinq ans. La création d'un centre de ressources d'ici fin 2018 permettra aussi de rendre accessible les solutions de sortie du glyphosate à l'ensemble de la profession agricole. 

Un comité de suivi de ce groupe de travail doit se réunir tous les trois mois et se pencher tout particulièrement sur les 10 % de cas de cultures qui, selon l'Inra, sont dans une impasse définitive. La sortie du glyphosate semble donc vraiment engagée. A suivre.

Cathy Lafon

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