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Réchauffement climatique : les scientifiques mettent le tourisme au banc des accusés

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Plage bondée, à à Biarritz, le 27 mai 2017. Archives "Sud Ouest"

Tout autour de la planète, le tourisme connaît une croissance phénoménale qui devrait se poursuivre: on a compté 1,3 milliard de voyageurs dans le monde l'an dernier. Revers de la médaille de l'expansion d'une activité de loisir agréable pour celles et ceux qui s'y adonne et en profitent, ce secteur économique représente désormais 8% des émissions de gaz à effet de serre. Et le poids de son impact sur le climat avait été sous estimé jusqu'ici, selon une étude scientifique publiée le 7 mai 2018  dans Nature Climate Change.

Entre 2009 et 2013, l’empreinte mondiale du secteur est passée de 3,9 à 4,5 gigatonnes équivalent CO2, soit une augmentation de +15%, soit encore quatre fois plus que ce que les évaluations précédentes laissaient envisager, ont calculé les chercheurs. 

La mise en garde des scientifiques

Il faut dire que durant les cinq années étudiées, les dépenses touristiques dans le monde ont explosé : elles sont passées de 2 500 milliards de de dollars à 4 700 milliards. Avec une telle demande qu’elle ne peut être compensée par les seuls efforts menés pour verdir l’activité, notent les auteurs de la publication. Ces derniers basent leurs projections sur une croissance annuelle du secteur de 4% jusque dans les années 2025 au moins. « Le tourisme, vu sa croissance et son intensité carbone, va représenter une part grandissante des émissions mondiales de gaz à effet de serre », préviennent-ils, appelant à une surveillance continue de la situation. 

Les pays à hauts revenus... et l'avion

« Notre analyse offre une vision inédite du coût réel du tourisme. » Arunima Malik, de l’Université de Sydney.

Les auteurs, qui ont étudié le cas de 160 pays, constatent que l’impact carbone du tourisme, national ou international, vient pour une large part de pays à revenus élevés, notamment via les transports aériens, qui pèsent pour 20% des émissions de gaz à effet de serre produites par l'ensemble des activités liées au tourisme. Mais l'impact vient aussi mais aussi des biens et services consommés (logement, alimentation, shopping…). De précédentes évaluations n’incluaient pas certains pans soutenant indirectement ces activités (la déforestation par exemple) ni tout le cycle de vie des biens et services, notent les auteurs.

L'Inde et la Chine en pointe

réchauffement climatique,lutte,aviation,chiffres,étudeVoilà qui ne surprendra personne. Mais le plus inquiétant (pour la planète) reste à venir. La hausse la plus spectaculaire, constate l'étude, est en effet enregistrées dans les pays et les régions du monde à revenus moyens. En plein boom économique, leurs populations voient leurs conditions de vie s'améliorer et leurs revenus augmenter. Ainsi, en 2013, si les Etats-Unis affichaient la plus forte empreinte carbone touristique, ils étaient suivis par la Chine, l’Allemagne, l’Inde, le Mexique et le Brésil. En revanche, les habitants des îles et de destinations populaires comme la Croatie, la Grèce ou la Thaïlande, subissaient eux, le plus fort impact généré par des visiteurs étrangers. « Nous voyons la demande touristique venue d’Inde et de Chine croître rapidement, et nous nous attendons à ce que la tendance se poursuive au cours de cette décennie », explique ainsi Ya-Yen Sun, de l’Ecole de commerce de l’Université américaine du Queensland, co-auteur de l'étude. 

« Réduire les émissions du transport est donc un point clé »

« Outre la taille de la population, ce qui est préoccupant est que les gens tendent à voyager plus loin, plus fréquemment, et par avion, avec des revenus accrus », ajoute l’universitaire,  en précisant : « Réduire les émissions du transport est donc un point clé ». Les projections à 2025 vont en effet de 5 gigatonnes équivalent CO2 à 6,5 gigatonnes équivalent CO2.  Et pour les réduire, tout dépendra des mesures prises. Jusqu’à présent ni les incitations à « voyager responsable » ni les technologies n’ont permis de faire bouger les choses. « Les changements de comportement de la part des voyageurs (voyager moins, plus près de chez soi, ou même régler une compensation carbone) s’avèrent lents et marginaux », dit Ya-Yen Sun. Et si l’on peut espérer des « améliorations technologiques », par exemple en terme d’efficacité énergétique, « les progrès restent lents », notent les scientifiques. Ces derniers estiment qu'imposer une taxe carbone ou un système d’échanges de quotas d’émissions, notamment aux services aériens, pourrait se révéler indispensable, « pour accroître la pression ».

L'intérêt de l'humanité

Il y va de l'intérêt de l'industrie du tourisme elle-même de réduire ses émissions, "parce que beaucoup de ce qu’elle "vend' dépendra de la préservation de l’environnement", relevait Patricia Espinosa, secrétaire climat de l’ONU, en marge de discussions à Bonn sur le climat. Mais il y  va aussi  et surtout de l'intérêt de la planète et donc de celui de l'humanité.  Globalement, le tourisme est responsable de quasiment un dixième des émissions de CO2 mondiales. L'aviation, elle, dont le nombre total de passagers devrait quasiment doubler d’ici 2036, à 7,8 milliards par an, selon l’IATA, l’Association internationale du transport aérien, et où les vols internationaux et notamment les les vols long-courriers comptent parmi les secteurs les plus florissant, représente près de 2% des émissions de CO2 générées par les activités humaines.  

Le très gros hic, c'est que l’accord du climat de Paris, adopté fin 2015 par la communauté internationale, qui vise à maintenir le réchauffement sous 2°C par rapport à la Révolution industrielle afin de maintenir une planète vivable pour pour l'espèce humaine, ne prend en compte ni l’aviation ni le tourisme. Alors que, d'ici à 2030, le nombre de touristes dans le monde, 1,3 milliards en 2017, devrait quasiment doubler en comptant 2 milliards de voyageurs. Et que à ce stade, les engagements des pays, s’ils sont tenus, conduisent le monde à au moins +3°C, selon les chercheurs...

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Pour lire l'étude "The carbon footprint of global tourism"  : cliquer ICI

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