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Maltraitance animale : trois jeunes convoqués devant la justice pour avoir torturé un hérisson... Et après ?

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Un hérisson. Photo AFP

Trois jeunes habitants des Hautes-Pyrénées se sont filmés en train de torturer à mort un hérisson trouvé au bord d'une route: ils seront convoqués prochainement devant la justice après avoir posté leur vidéo sur les réseaux sociaux, a-t-on appris le 16 février 2018, de source judiciaire. Ils ne seront toutefois pas jugés pour "cruauté envers les animaux", le hérisson n'étant pas un animal domestique. Ce fait divers particulièrement stupide et odieux repose la question de la condition animale et du droit des animaux en France. 

De quoi parle-t-on ? 

Début février, les gendarmes de Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées) avaient été alertés de la présence sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant des individus en train de torturer un petit hérisson, une espèce protégée en Europe par la Convention de Berne et en France par un arrêté

Les images de ce film montraient des jeunes hilares qui assénaient un coup de pied à un hérisson trouvé au bord de la route, et jouaient avec lui tel un ballon de football. Puis, on voyait l’un des protagonistes s’emparer d’un bidon d’essence, asperger l’animal qui mourait dans les flammes. Les jeunes, deux majeurs et un mineur, dont les visages n’étaient pas dissimulés, ont été rapidement identifiés et interpellés par les gendarmes. Ils ont fait l’objet d’une convocation prochaine devant le délégué du procureur de la République, a indiqué Pierre Aurignac, procureur de Tarbes, précisant que cet acte ne pouvait pas faire l’objet d’un jugement pour « cruauté envers un animal », le code pénal réservant cette qualification aux animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité. La vidéo a, elle, été supprimée des réseaux sociaux.

Un nouveau statut juridique pourrait-il améliorer la condition des animaux ? 

Ce lamentable fait divers qui met en lumière un vide juridique aberrant, illustre bien la maltraitance animale qui perdure dans l'Hexagone, où les défenseurs des droits des animaux redoublent de vigilance. À coups de vidéos chocl’association française de défense des droits des animaux L124dénonce ainsi régulièrement les conditions d’abattage scandaleuses dans la production industrielle, pendant que le débat fait rage dans le pays autour de la condition animale. Pourtant, un droit des animaux émerge dans plusieurs pays pour les défendre et les protéger. De la Suisse, où l’ancien avocat Antoine Goetschel a été rémunéré par le canton de Zurich pour plaider la cause des bêtes, aux Pays-Bas où un parti politique pour les animaux a été créé, les initiatives se multiplient depuis plusieurs années à travers le monde pour faire évoluer la condition animale. Ainsi,  l'élevage de visons ou de renards destinés à la production de fourrure sera bientôt prohibé en Norvège, comme il l'est déjà en Angleterre et en Autriche. Autre exemple: à compter du 1er mars, en Suisse, l'interdiction de plonger vivants les homards dans de l'eau bouillante entrera en vigueur. Le crustacé devra désormais être étourdi avant d'être mis à mort. Cette mesure vous fait rire ? Mettez-vous donc un peu à la place du homard... 

De "biens meubles" à "êtres sensibles"

En France, en 2013,  le gratin des penseurs français, une vingtaine d’intellectuels, philosophes, écrivains, historiens et scientifiques français réclamaient dans un manifeste rendu public sur le site de la Fondation 30 Millions d’Amis, un changement du statut juridique des animaux dans le Code civil français qui, dans son article 528, considère les animaux comme des "biens meubles". Le texte du manifeste revendique "une évolution du régime juridique de l’animal dans le code civil reconnaissant sa nature d’être sensible". Les signataires demandent particulièrement "que les animaux bénéficient d’un régime juridique conforme à leur nature d’êtres vivants et sensibles (…) et qu’une catégorie propre leur soit aménagée dans le code civil entre les personnes et les bien".

30 propositions politiques concrètes

En 2017, les droits des animaux et leurs défenseurs se sont invités dans la pré-campagne présidentielle. Emmenées par Matthieu Ricard, docteur en biologie cellulaire et moine bouddhiste tibétain, 26 organisations de protection animale se sont rassemblées au sein du Collectif AnimalPolitique, mutualisant ainsi et de manière totalement inédite dans leur histoire, leurs expertises et leurs expériences. De la Fondation Bardot à Welfarm et 269 Life France, en passant par la SPA, Sea Shepherd, L214, Peta, CIWF, ASPAS ..., la coalition d'ONG a travaillé six mois durant avec un objectif clair : contribuer, à travers 30 propositions concrètes, réalistes et immédiatement applicables, à imposer la question animale au cœur des préoccupations des politiques français.

Avec un premier résultat : pour en finir avec les scandales à répétition d’actes de cruauté et de maltraitance animale dans les abattoirs, l’Etat prévoit cette année l’installation de caméras de vidéosurveillance dans tous les lieux d’acheminement, d’hébergement, d’immobilisation, d’étourdissement, d’abattage et de mise à mort des animaux. Votée par les députés il y a un an, le 12 janvier 2017, cette mesure  phare de la première proposition de loi "relative au respect de l’animal en abattoir", en vigueur depuis le 1er janvier 2018, vise à accroître la transparence et le contrôle dans les 960 abattoirs français. Mais comme on le voit aujourd'hui, il reste encore beaucoup à faire pour en finir avec la cruauté gratuite envers les animaux qui, faut-il le rappeler, sont des êtres vivants sensibles à la douleur, tout comme ceux qui les torturent. 

Une question d'humanité  

Préoccupation montante de l'opinion, le thème de la souffrance animale planera sur le Salon de l'agriculture qui ouvre ses portes samedi. Sous la pression des associations militantes, tous les acteurs cherchent des réponses. Une chose est sûre : avant d'être juridique, la révolution pour le respect du bien-être animal sera politique et surtout morale... Car contrairement à ce que beaucoup pensent, défendre les animaux n'est ni accessoire, ni anecdotique. C'est avant tout une question d’humanité.

Cathy Lafon avec l'AFP

►PLUS D'INFO

  • Urbanisation, circulation automobile, utilisation de pesticides... Le hérisson, espèce qui remonte à plus de 60 millions d'années et qui est protégée depuis 1981, se raréfie et pourrait disparaître d'ici 2050.  Entre 700 000 et 1 million de hérissons meurent ainsi écrasés sur les routes chaque année. On estime que 70% d'entre eux ont disparu en l'espace de vingt ans. 

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