Préservation du littoral Atlantique : la lettre ouverte à Nicolas Hulot de deux associations girondines
Les pertuis et l'estuaire de la Gironde sont des zones naturelles fragiles. Photo archives Sud Ouest
Les études environnementales menées en vue de présenter les projets littoraux, ou en mer près des côtes, prennent systématiquement en compte les impacts sur la faune aquatique et la modification des courants marins. C'est bien. En revanche dans la plupart des cas, déplorent l'Association pour la préservation de Soulac-sur-Mer contre l’érosion marine (Apsem) et le Collectif estuaire pour tous, les conséquences sur le littoral sont occultées ou évoquées très brièvement.
Lorsque l'on évoque les impacts sur les côtes,on pense bien sûr à l’érosion. Mais le risque d’envasement doit également être pris en compte. Tel est le cas dans la région de la Grande Conche à Royan, envasée sur un tiers de sa longueur depuis les modifications portuaires des années 60 à 80, et plus récemment la plage de la Chambrette au Verdon, en Gironde, avec la construction de Port-Médoc.
Bien décidées à ne pas en rester sur un tel constat, les deux associations girondines, près de 2 000 adhérents au total, se mobilisent. Dans un courrier adressé à Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, leurs présidents, Yves Bannel (Apsem) et Maryse Sinsout (Estuaire pour tous) demandent que des études d'impact "érosion côtière" soient systématiquement conduites, à l'instar de celles menées pour l'environnement, avant toute extraction de granulats littoraux et marins. Et pour qu'elles soient accompagnées d'études de courantologie, et de campagnes de relevés et de suivis hydro-sédimentaires confiées au SHOM, le Service français Hydrographique et Océanique de la Marine mondialement connu.
Alerte sur les prérogatives des parcs marins
De telles études, font-elles valoir, permettraient de comprendre les mouvements de sable et les conséquences que d’éventuels projets pourraient avoir le littoral, "dans le panache estuarien de la Gironde et notamment dans la zone située autour du phare de Cordouan", où l'érosion côtière atteint par endroit des volumes dramatiques. Enfin, l’Apsem et le Collectif estuaire pour tous qui réclament un moratoire sur les extractions de granulats, un dossier sur lequel elle se battent depuis de nombreuses années, s’inquiètent de la perte de prérogatives des parcs naturels marins suite à la création de l’Agence Française de la biodiversité, qui les "déposséderaient, écrivent-elles, de leur pouvoir de rendre des avis conformes pour toute opération qui serait envisagée dans leur espace de compétences et en particulier, celles très sensibles des prélèvements de granulats".
En raison de la multiplication des projets immobiliers et des grands travaux publics, le sable est en effet devenu une ressource mondialement convoitée qu'il faut préserver, sauf à mettre en danger le littoral et son patrimoine. "La proximité de zones habitées denses entre la Pointe de Bonne Anse et Royan sur la rive droite de l'estuaire et dans le Médoc de la Pointe de La Négade à Soulac, où un immeuble construit dans les années 70 a dû être évacué en 2014, devrait à notre sens inciter les pouvoirs publics à une très grande vigilance", soulignent les deux associations, évoquant le cas emblématique du Signal, ce bâtiment construit en bord de mer il y a plus de quarante ans, menacé aujourd'hui d'effondrement par le recul du trait de côte.
En attendant l'arbitrage de Nicolas Hulot, dont elles saluent au passage l'engagement pour l'écologie et la qualité de ses combats pour la protection de l'environnement, les associations approuvent "la sagesse et la prudence" dont le gouvernement a su faire preuve, selon elles, en rejetant un projet d'extraction au lieu-dit "Le Matelier", face à la commune Des Mathes-La Palmyre, en Charente-Maritime.
Dans ce dossier écologique de la préservation du littoral, ultra-sensible comme dans tant d'autres, la balle est une fois de plus dans le camp de Nicolas Hulot.
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