Electricité : comment Hulot veut mettre un coup d'accélérateur aux énergies renouvelables
Nicolas Hulot veut simplifier les procédures de l'éolien en mer. Ici, le parc éolien de Belwind en mer du Nord, à une cinquantaine de kilomètres des côtes belges, en décembre 2010. Photo archives AFP
Ca bouge dans le secteur des énergies vertes de l'Hexagone. Nicolas Hulot s’est rendu ce lundi 8 janvier dans la Sarthe pour visiter un site éolien et une centrale photovoltaïque. A cette occasion, le ministre de la Transition écologique et solidaire a précisé comment le pays allait accélérer le déploiement des énergies renouvelables électriques, en application du Plan climat et conformément aux objectifs fixés par la loi de transition énergétique et par la stratégie nationale bas carbone : simplification, développement de la production et innovation sont les trois grands axes d'une politique qui affiche ses ambitions. Revue de détail.
1. Poursuivre la simplification de l'éolien
« Pour répondre aux objectifs fixés dans le Plan climat d’augmentation de la capacité des énergies renouvelables, nous allons renforcer et dynamiser ce cadre avec la révision de la PPE d’ici fin 2018 et avec un ensemble de mesures prévues pour accélérer la transition écologique », Nicolas Hulot, 8 janvier 2018
Depuis le 20 octobre 2017, un groupe de travail présidé par Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de l'Ecologie s’est penché avec toutes les parties prenantes sur les leviers à activer pour accélérer le développement de l’éolien : aspects procéduraux, leviers financiers, planification... "Ses conclusions seront présentées le 18 janvier 2018", a rappelé Nicolas Hulot, en confirmant que des groupes similaires seront mis en place sur la méthanisation et le solaire. Dans le cadre du projet de loi pour une société de confiance, Nicolas Hulot a dores et déjà proposé des simplifications majeures sur l’éolien en mer.
Dont, notamment, la création de la notion de « permis enveloppe » permettant la délivrance au lauréat d’un appel d’offres éolien en mer d’autorisations pouvant ensuite évoluer afin de pouvoir intégrer a posteriori, et dans des limites définies, des modifications du projet d’installation et de son raccordement. Mais aussi un débat public plus en amont pour garantir une concertation plus efficace, et un cadre nouveau pour le raccordement, afin d’anticiper sa réalisation et de limiter le risque de retard de sa mise à disposition, aujourd’hui un risque majeur pour le financement des projets de parcs éoliens en mer.
2. Développer la production photovoltaïque
Le photovoltaïque est l’une des énergies renouvelables électriques les plus compétitives. A ce titre, il doit prendre une place de plus en plus grande dans le mix électrique tricolore. Des objectifs ambitieux ont été fixés à l’horizon 2023 pour cette filière : entre 18,2 et 20,2 GW de puissance installée. Pour mémoire, la puissance raccordée du parc solaire photovoltaïque atteignait 7,7 GW au 30 septembre 2017.
Pour répondre à cette ambition, l'Etat veut mettre en oeuvre plusieurs mesures fortes en faveur du développement de la filière solaire. Certaines avaient déjà annoncées en décembre dernier par Nicolas Hulot en marge du "One Planet Summit", avec l’augmentation du volume des appels d’offres solaires, qui passeront de 1,5 GW à 2,5 GW par an. L’augmentation des volumes prendra effet progressivement en 2018, dès les prochaines périodes des appels d’offres, qui auront lieu en mars, pour les installations sur bâtiment, et en juin, pour les centrales au sol. La quatrième période de l’appel d’offres pour les installations sur bâtiments, dont la clôture aura lieu le 9 mars prochain, portera ainsi sur 200 MW.
Par ailleurs, le ministre a profité de sa visite dans la Sarthe pour communiquer les résultats de la troisième période de l’appel d’offres pour des installations photovoltaïques sur bâtiment. Sur les 283 nouveaux lauréats désignés pour un volume de 150 MW, 36 concernent la Nouvelle-Aquitaine, pour 21,8 MW (1). La baisse des prix proposés par les lauréats de cet appel d’offres se poursuit : le prix moyen proposé à la troisième période de candidature est de 85 €/MWh, en baisse de 9 % par rapport à la période précédente.
Développement de l’autoconsommation
Parallèlement, le développement de l’autoconsommation s’est également accéléré. On comptait environ 6 000 projets en autoconsommation sur le seul premier semestre 2017, contre 8 000 déclarés en 2016. Plusieurs mesures prises pour faciliter le développement des solutions de production d’énergie renouvelable décentralisée expliquent cet envol. Un système de soutien a été mis en place avec un arrêté tarifaire pour les plus petites installations et un appel d’offres pour les plus grandes, complété d'un appel d’offres lancé en 2017 pour 50 MW de projets en autoconsommation tous les quatre mois pendant trois ans, à destination des consommateurs des secteurs industriels, tertiaires et agricoles. Les résultats de la première tranche de l’appel d’offres ont été annoncés en décembre 2017 avec 145 projets en autoconsommation et des coûts en forte baisse.
3. Promouvoir l’innovation
Troisième pilier du développement des énergies vertes : l'innovation. Nicolas Hulot a confirmé que "les efforts de recherche et de développement dans toutes les filières d’excellence des énergies renouvelables, seront soutenus grâce notamment au Programme des investissements d’avenir (PIA)".
Le gouvernement a lancé en décembre 2017 un « Concours d’innovation » (2) via BPI France et l’ADEME. Dédié aux projets innovants portés par les PME, ce concours s’inscrit dans le Grand plan d'investissement de 57 milliards d'euros annoncé par le gouvernement dès le 4 juillet 2017, avec notamment pour priorités la neutralité carbone et la compétitivité par l’innovation. Enfin, un appel à projets pour des démonstrateurs dans le domaine des énergies renouvelables sera également lancé par l’ADEME au premier trimestre 2018. Il s’agit là de projets plus importants, pour les dernières étapes de mise au point pré-commerciale des nouvelles technologies avant la mise sur le marché.
(1) 283 nouveaux projets d’installations photovoltaïques sur bâtiment. Lancé en 2016 pour un volume total de 1 450 MW, l’appel d’offres pour installations solaires sur bâtiment comporte 9 périodes de candidature de 150 MW chacune, réparties sur trois ans, et repose sur le nouveau dispositif de soutien, le complément de rémunération. La baisse des prix proposés par les lauréats de cet appel d’offres se poursuit : le prix moyen proposé à la troisième période de candidature est de 85 €/MWh, en baisse de 9 % par rapport à la période précédente. Le prix moyen des projets de grande puissance (500 kWc – 8 MWc) est de 80,8 €/MWh, contre 88,4 €/MWh à la tranche précédente attribuée en septembre 2017. Parmi ces lauréats, près de 40 % se sont engagés à avoir recours à l’investissement participatif et verront leur prime majorée de 3 €/MWh. Retrouvez la liste des candidats retenus sur le site Internet du Ministère de la transition écologique et solidaire en cliquant ICI.
(2) Le site Internet "Appel à projets du Concours d'innovation" : cliquer ICI
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