Aller au travail à vélo, c'est bon pour la planète, pour la santé... et pour la sécu !
Les salariés qui vont travailler à vélo peuvent bénéficier d'une indemnisation à l'instar de ceux qui se déplacent en voiture. A condition que leur entreprise soit volontaire. Photo "Ma Planète"
Un rapport remis ce mercredi 20 décembre à la ministre des transports, Elisabeth Borne, propose de rendre obligatoire l’indemnisation des salariés qui viennent au travail à vélo. Leurs bonnes habitudes de déplacement au quotidien sont en effet profitables à la Sécurité Sociale. En meilleure santé que leurs collègues, les cyclistes poseraient moins d'arrêts maladies et verraient leur risque de cancer divisé par deux.
L'IKV, indemnité vélo non obligatoire
Peu de gens s'en rappellent, mais il existe déjà une prime pour les salariés qui prennent leur vélo pour aller au boulot. Son petit nom : IKV, pour indemnité kilométrique vélo. Le hic, c'est qu'elle n'est pas obligatoire. Créée par la loi de transition énergétique d'août 2015, elle n'est versée que si l'employeur le décide. Autant dire presque jamais. Pour l'instant, dans l'Hexagone, seules 85 entreprises (dont RTE, Décathlon, le Crédit coopératif ou encore la communauté d’agglomération de La Rochelle) proposent cette possibilité de remboursement à leurs salariés. A titre de comparaison, en Belgique, 83% des actifs travaillent dans une structure offrant ce dispositif.
Une mesure gagnant-gagnant
Rendre obligatoire l’indemnité vélo ? Usagers, entreprises et pouvoirs publics, tout le monde aurait à y gagner, argumente le rapport. La mesure pourrait déjà faire économiser jusqu'à 21 millions d'euros par an à la Sécurité Sociale. Ces indemnisations permettraient de doubler la pratique cycliste d'ici cinq ans, avec 1,4 million d'employés à vélo en 2022, contre 700 000 aujourd'hui. La marge de progrès est grande: plus de 70% des déplacements domicile-travail de moins de 5 km sont faits en voiture, selon l’Insee. Indemniser le salarié qui vient en vélo, c'est encourager cette pratique avec des résultats déjà constatés : dans les entreprises qui l'ont déjà mis en place, l'indemnité kilométrique a permis de doubler la pratique en moins d'un an, soit de passer de 3% à 6% de part modale, souligne le texte du rapport, qui met en avant des bénéfices «nombreux».
15% d'arrêt maladie en moins
Matthieu Orphelin député La République en Marche, co-auteur du rapport avec le Club des territoires cyclables, la Fabrique écologique, la Fondation pour la nature et l’Homme et la Fédération des usagers de la bicyclette, l'assure : selon deux études, dont une menée aux Pays-Bas où ce type d'indemnité existe depuis 1995, les salariés cyclistes présentent 15% d'arrêts maladie de moins que les salariés non cyclistes. Du côté des entreprises, la mesure leur coûterait entre 7 et 23 euros par an et par salarié. Pour une indemnité vélo évaluée entre 20 et 35 euros par mois, on perd une soixantaine d'euros de cotisations sociales, mais on économise le double en coûts de santé. Et l'impact est bénéfique pour l'activité de l'entreprise.
Moins de pollution de l'air, moins de bruit et moins d'accidents
La pratique du vélo génère en outre moins de pollution de l'air, moins de bruit et moins d'accidents. Et ça aussi, ça fait faire des économies à la Sécurité Sociale et à l'Etat. Ce dernier économiserait ainsi près de 37 millions d'euros en matière de gestion des impacts de la voiture, comme la construction de murs anti-bruit, ont calculé les auteurs, sur la base d’un rapport de l’université technique de Dresde. Sans parler du gain environnemental, à l'heure où la lutte contre le réchauffement climatique est l'un des objectifs numéro 1 du pays.
Deux ans et demi après son instauration en France, l'indemnité vélo n'a pas vraiment décollé. Mathieu Orphelin, qui suggère de la rendre obligatoire en moins de quatre ans, estime que cette généralisation pourrait trouver sa place dans la loi sur les mobilités attendue au 1er trimestre 2018. A suivre.
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