Développement durable : dans l'Hexagone, les villes s'engagent mais elles ont besoin de plus de moyens
Les investissements consentis par les villes concernent surtout sur la rénovation thermique des équipements publics. L'Etat envisage de consacrer un milliard d'euros supplémentaires, soit 1,8 milliard d'euros au total, aux travaux nécessaires, en priorité dans les bâtiments scolaires. ici, l'Université de Bordeaux. Photo AFP
Le Congrès des maires de France s'achève ce vendredi, une semaine après la clôture de la COP23 sur le climat, à Bonn. C'est l'occasion idéale pour faire le point sur l'investissement des communes françaises dans la ville et le développement durables. Pour en savoir plus sur le sujet, Eurovia (filiale du groupe Vinci) et Le Moniteur ont eu la bonne idée de conduire une enquête du 13 septembre au 9 octobre, auprès des élus locaux des mairies, de leurs directeurs administratifs et agents territoriaux. Edifiant... Si les collectivités locales placent au coeur de leurs préoccupations le développement durable, les résultats de l'étude montrent qu'il y a encore beaucoup à faire pour leur donner vraiment les moyens de mettre en oeuvre leurs ambitions vertes, afin de relever au niveau local les grands défis planétaire du réchauffement climatique. Explications.
Plus de 88% des acteurs concernés par le développement durable…
Sur l’ensemble des personnes interrogées, plus de 88% des 221 répondants accordent une note supérieure à 5, sur une échelle de 1 à 10, à l’intérêt que porte leur collectivité pour la notion de développement durable dans ses choix d’investissements ou d’entretien d’infrastructures. Economies d'énergie, réduction des émissions de CO2, lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l'air, développement des transports alternatifs à la voiture, du tri et du recyclage des déchets... C'est la bonne nouvelle : les villes sont sur tous les fronts.
Sans surprise, leur préoccupation prioritaire, c'est la volonté de réduire leur facture énergétique (84.9%). En première ligne face à des citoyens de plus en plus informés et en attente de solutions de mieux vivre, 69,7% des sondés estiment que la commune et l’intercommunalité sont les échelons les plus pertinents pour mener des initiatives écologiques. Plus surprenant, ce n'est pas parce qu'une ville est plus grosse, qu'elle dispose de plus de connaissances en termes de consommation d’énergie. Ainsi 84,1% des communes de moins de 10 000 possèdent une bonne maîtrise du sujet contre 77,7% pour les villes de plus de 10 000 habitants. En revanche, l’écart s’inverse et se creuse sur la mise en place d’infrastructures ou d’aménagements urbains. Ainsi, près de 40% des communes de moins de 10 000 habitants n’ont pas développé de projets favorisant les énergies renouvelables sur leur territoire, contre 16,7% des agglomérations plus importantes. Faute de moyens, mais pas seulement.
… mais se disent insatisfaits de leur niveau d’investissements
De fait, concernant les investissements verts, un marché à deux vitesses s’esquisse. Pour l’ensemble des répondants, la plupart de ces investissements verts ont été engagés au cours des cinq dernières années et 53,2% observent une stabilité depuis deux ans, après l'effet "boosteur" COP21, qui s'est fait ressentir à partir de la fin 2015 pour 40% des communes de plus de 10 000 habitants.
Ces signes de stabilité – voire d’accroissement - ne satisfont pas pour autant les personnes interrogées. Ils sont 65,7% à juger ces investissements insuffisants. Des investissements consentis surtout sur la rénovation thermique des équipements publics (73,4%), les traitements des déchets (54,7%), les énergies renouvelables (56,1%), le renouvellement des réseaux d’eau (43,9%), les éco-quartiers (30,9%), l’utilisation de matériaux recyclés (37,5%) et enfin, les transports doux décarbonnés (23,7%).
Autant de chantiers qui devraient toujours être d’actualité dans les cinq prochaines années, d’après les projections de l’ensemble des collectivités interrogées, même si 18,1% d'entre elles admettent également ne pas savoir quels seront les projets concernés...
La marge de progrès reste encore importante, notamment du côté des communes de plus petite taille qui comptent moins de 10 000 habitants. Ainsi, en terme d'équipements, 20,4% d'entre elles ne disposent ni de capteurs de présence pour l’éclairage des bâtiments publics, ni de système de régulation de chauffage des bâtiment public, de solution de récupération des eaux de pluie, de système de régulation d’éclairage des routes ou encore de panneaux solaires... Sans surprise, 73,3% des villes de cette catégorie estiment leurs investissements encore insuffisants.
… et en attente de leviers, financiers mais pas seulement
En cause, le manque de moyens financiers, pour 67% d'entre elles. Mais elles mettent aussi au banc des accusés des prix trop élevés (49,3%) ainsi qu’une méconnaissance des aides dans la mise en place des projets (29,4%). Elles sont en attente légitimement de subventions pour 70 % d'entre elles, mais aussi d'une simplification des normes (50,2%).
Côté éthique, social et bonnes pratiques vertes, les communes ont beaucoup progressé depuis ces dix dernières années. Elles se disent aujourd'hui très majoritairement attentives au volet croissance verte dans le choix des prestataires répondant à leurs appels d’offres (73,3%) et à la notion d’économies circulaires sur les chantiers mis en œuvre (62%).
Pour traiter leurs problématiques de développement durable, les collectivités locales ont besoin d'expertise. Elles misent toutes sur différents partenaires : en premier lieu l'État (29,7%), les entreprises privées (26,7%) et la recherche universitaire (18,6%). Les villes de plus de 10 000 habitants ont la chance de pouvoir s'appuyer également sur leur tissu de start-up (8,3%) pour compléter leur stratégie.
Ce vendredi, le gouvernement qui envisage même d'instaurer un "bonus-malus" écologique sur les logements, a dévoilé de nouvelles mesures pour améliorer la performance énergétique des bâtiments, en consacrant 1,8 milliard d'euros pour le parc de l'Etat. Ces mesures suffiront-elles à combler les attentes concrètes des communes pour la rénovation thermique des équipements publics ? A suivre.
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