Energies renouvelables : un boom insuffisant pour limiter le réchauffement climatique
Le parc photovoltaïque du Bétout, en Gironde, inauguré le 10 avril 2015. Photo archives Sud Ouest
"La transition énergétique" est bien amorcée, mais "elle ne se produit pas suffisamment vite pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris". Telle est la conclusion de l'édition 2017 du "Rapport sur le statut mondial des énergies renouvelables", publié mercredi par le réseau international d’experts sur les énergies renouvelables REN21, réunissant gouvernements, scientifiques, ONG...
Si les énergies vertes qui assurent un quart de la production électrique mondiale ont encore battu des records en 2016, leur rythme de développement reste trop lent pour limiter le réchauffement climatique sous les 2°C fatidiques, avec des investissements globalement en baisse et des secteurs à la traine, pointent les experts.
Les raisons d'y croire...
L’an dernier, 161 gigawatts de nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable (éolien, solaire, géothermie, etc.) ont été installées dans le monde, soit un niveau record. Le solaire et l’éolien deviennent dans certains pays « l’option la moins coûteuse », par rapport aux énergies fossiles ou au nucléaire, se réjouit le rapport. Leur capacité mondiale de production a a grimpé de près de 9% par rapport à 2015 pour atteindre 2017 gigawatts.
En tête, le soleil et le vent
Le solaire photovoltaïque qui compte pour environ 47% de ces nouvelles installations, tire son épingle du jeu. Il est suivi par l'éolien (34% au total) et l'hydroélectricité (15,5%). Autre bonne nouvelle, les coûts de production de l'électricité produite par le soleil et le vent "baissent rapidement", en raison entre autres d'innovations et d'amélioration technologique, tandis que le réseau électrique gagne en flexibilité grâce à des outils qui ne cessent de se perfectionner (réseaux de distribution interconnectés, stockage, systèmes pour équilibrer l'offre et la demande afin d'éviter de saturer les réseaux...).
... celles de s'inquiéter
Les investissements, en baisse de 23% par rapport à 2015, notamment dans les pays émergents, continuent de se concentrer dans l’éolien et le solaire photovoltaïque, alors que "toutes les technologies d’énergies renouvelables ont besoin d’être déployées pour maintenir le réchauffement climatique bien en deçà des 2°C par rapport à l'ère préindustrielle", notent les experts. Malgré l’expansion des véhicules électriques, dopés par la baisse du coût des batteries, le secteur des transports "n’est pas encore considéré comme une priorité" explique également le rapport, en particulier dans le transport aérien et maritime. Egalement à la traine, la production de froid et de chaleur renouvelables par rapport au solaire ou à l’éolien. Autre inquiétude, les subventions aux énergies fossiles sont toujours plus de quatre fois supérieures à celles accordées aux énergies renouvelables, pointe le rapport qui préconise aussi de laisser les ressources fossiles sous la terre.
"Course contre la montre"
Le fait qu'il faille recourir aux énergies fossiles et au nucléaire pour compenser l'absence de vent ou de soleil n'est qu'un "mythe", affirme le rapport : les énergies renouvelables ont définitivement fait leur preuve de leur efficacité. Mais il faut aller désormais beaucoup plus vite et plus loin. "Le monde est dans une course contre la montre", pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, rappelle Christine Lins, secrétaire exécutive de REN21. Cela passe, selon elle, par "une sortie du charbon et une accélération des investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique".
Fin 2016, les énergies vertes représentaient 24,5% de la production mondiale d’électricité et 19,3% de la consommation finale d’énergie. Pour la troisième année consécutive, les émissions de CO2 liées au secteur de l’énergie sont restées stables, dans un monde en croissance économique de 3%.
Cathy Lafon avec l'AFP
►PLUS D'INFO
- Pour consulter le rapport REN21 sur le statut mondial des énergies renouvelables 2016 : cliquer ICI
►LIRE AUSSI
- Les articles de Ma planète sur les énergies renouvelables: cliquer ICI