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La Suisse sort du nucléaire et entre dans le 21e siècle énergétique

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La centrale de Leibstadt, au nord de la Suisse, est l'une des cinq centrale nucléaire du pays. Photo archives AFP

On dit que les mauvaises nouvelles n'arrivent jamais seules. Il en va de même pour les bonnes. Après la nomination dans l'Hexagone la semaine dernière, de Nicolas Hulot comme ministre d'Etat de la Transition écologique, énergétique et citoyenne, notre voisine la Suisse a envoyé à son tour ce dimanche un signal fort pour l'environnement et la planète. Plus de 58,2 % des électeurs de la Confédération ont accepté ce dimanche 21 mai, par référendum, la nouvelle loi sur l'énergie qui entérine la fermeture progressive des quatre centrales nucléaires en fonctionnement (Mühleberg, Beznau 2, Gösgen et Leibstadt), au fur et à mesure de leur obsolescence, en interdisant la construction de nouveaux réacteurs, en soutenant les énergies vertes et en réduisant la consommation énergétique. Un résultat qui, pour la Suisse, signifie de fait, la sortie à moyen terme de l'atome.

Multiplier par 4 les énergies renouvelables d'ici à 2035

La loi helvétique cherche à promouvoir et à financer par le biais de subventions les énergies renouvelables comme l'hydraulique, le solaire, la géothermie et la biomasse. L'objectif est d'en quadrupler la contribution à la production de l'électricité nationale, ce qu'on appelle le "mix énergétique", en 18 ans. Elle vise en outre à mettre progressivement à l'arrêt les cinq réacteurs nucléaires que compte le pays, dès 2019. Ils fournissent aujourd'hui 35 % de la production d'électricité du pays, contre moins de 5 % pour le solaire et l'éolien. Autant dire que la décision était loin d'être facile à prendre et que la Suisse se fixe des objectifs ambitieux.

"Un jour historique"

"La Suisse va entrer dans le 21e siècle énergétique, ce sera un signal fort.../... Pour tous les écologistes, qu'ils soient politisés ou non, c'est un jour historique dans le pays". En Suisse, la députée des Verts Adèle Thorens Goumaz n'y est pas allée par quatre chemin en se félicitant, sur la télévision publique RTS, du résultat du référendum sur la sortie du nucléaire. On la comprend : vu de France (et sûrement d'ailleurs aussi), pour les écologistes, la victoire est énorme.

Un long processus démocratique

Ce vote ne tombe pas du ciel. Il résulte d'un long processus engagé après l'accident nucléaire de Fukushima au Japon, provoqué par un gigantesque tsunami en mars 2011. Quelques semaines après la catastrophe, la Suisse avait décidé de sortir du nucléaire, mais il a fallu attendre six ans pour que la loi, adoptée par le Parlement en septembre 2016, soit finalement entérinée par le peuple. Car sortir du nucléaire et fermer un parc électronucléaire, cela ne se décrète pas d'un claquement de doigts, contrairement à ce que certains candidats à la présidentielle l'ont laissé croire...  Au passage, la Suisse se livre-là à un bel exercice de processus démocratique sur lequel la France serait bien inspirée de prendre modèle. Notamment sur le nucléaire, un sujet ultra-sensible qui n'a jamais fait l'objet d'aucune consultation citoyenne dans l'Hexagone.

Première étape : la réduction de la consommation énergétique

Après Fukushima, la Suisse avait décidé de sortir du nucléaire vers 2034, tout en indiquant que cette date restait théorique. Les autorités avaient précisé que les centrales devraient vraisemblablement être débranchées après environ 50 ans, voire 60 ans, d'exploitation. Depuis cette décision, le gouvernement suisse a travaillé à l'élaboration de la stratégie énergétique, dont la mise en oeuvre est prévue par étapes d'ici 2050. Le premier volet de cette stratégie, que les Suisses ont accepté dimanche 21 mai 2017 et qui entrera en vigueur l'an prochain, vise notamment à réduire la consommation d'énergie. Elle fixe entre autres des valeurs indicatives de consommation énergétique moyenne par personne et par année : à savoir, par rapport au niveau de l'an 2000, une réduction de 16% d'ici à 2020 et de 43% d'ici à 2035.

Soutenir l'économie et l'emploi

Seul le premier parti de Suisse, le parti populiste de l'UDC (Union démocratique du centre), combattait la nouvelle loi. D'après l'UDC, la transformation de l'ensemble du système énergétique inscrite dans la nouvelle loi va coûter quelque 200 milliards de francs suisses (183 milliards d'euros) jusqu'en 2050. Pour un ménage de quatre personnes, cela représente, selon ce même parti, 3 200 francs suisses (2 900 euros) par an de frais et d'impôts supplémentaires. "Payer 3 200 francs de plus ... pour une douche froide ?" ironisait ainsi l'UDC dans ses affiches électorales que l'on pouvait voir dans les rues et gares de la Confédération.

 Le gouvernement estime de son côté qu'un ménage de quatre personnes ayant une consommation électrique moyenne devra payer 40 francs suisses (36,5 euros) par an de plus qu'aujourd'hui.  Autant dire presque rien. Il souligne par ailleurs que ce surcoût pourra être compensé par une meilleure efficacité énergétique, avec par exemple une réduction des frais de chauffage. Il considère aussi que le développement des énergies renouvelables permettra de soutenir l'économie et l'emploi en Suisse. Pour mémoire, en France, d'ici à 2050, la transition énergétique pourrait créer 1 million d'emplois, dont la moitié dans le secteur des énergies renouvelables et du démantèlement des centrales nucléaires.

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Les grands objectifs de la loi française de transition énergétique pour la croissance verte. Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % entre 1990 et 2030 et diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050 (facteur 4). Réduire la consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à la référence 2012 en visant un objectif intermédiaire de 20 % en 2030. Réduire la consommation énergétique primaire d’énergies fossiles de 30 % en 2030 par rapport à la référence 2012. Porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2020 et à 32 % de la consommation finale brute d’énergie en 2030. Porter la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025, contre 75% en 2016.
  • Selon les résultats définitifs de la chancellerie fédérale, la participation au référendum suisse s'est élevée 42,3%, un chiffre dans la moyenne des deux dernières années dans un pays où les électeurs sont appelés à voter trois à quatre fois par an sur une multitude de sujets.

►LIRE AUSSI

  • Les articles de Ma Planète sur le nucléaire : cliquer ICI
  • Les articles de Ma Planète sur la loi de transition énergétique : cliquer ICI

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