Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Télévision. Préparez-vous au grand frisson : ce soir, Arte met le cap sur l'Antarctique

antarctique,banquise,océan austral,télévision,documentaire,arte,réchauffement climatique,manchot empereur,poissons

Rencontre entre la colonie de manchot Empereur, et le photographe-plongeur naturaliste Laurent Ballesta, sur la base française de Dumont d'Urville, Antarctique. Photo Arte

Deux ans après "La Marche de l'Empereur", Oscar du meilleur documentaire en 2006, Luc Jacquet est revenu en Antarctique avec son ONG Wild-Touch, sur la base française de Dumont d'Urville, accompagné de l'équipe de scientifiques de Christophe Barbraud, directeur de recherche au CNRS, à Chizé( La Rochelle). Avec eux, deux photographes naturalistes au talent artistique hors norme : Vincent Munier et Laurent Ballesta, le plongeur de l'extrême.

Résultat : deux documentaires exceptionnels, "Antarctica, sur les traces de l'Empereur"  et "Les secrets des glaces", aux images inédites, à déguster ce soir sur Arte, à partir de 20h50. Les deux films, réalisés par Jérôme Bouvier et Marianne Kramer, constituent une véritable enquête sur l'impact du réchauffement climatique sur un monde désormais fragilisé, qui témoigne aussi de l'incroyable vitalité de la faune polaire qui peuple le pôle Sud.

Le réchauffement climatique : la menace plane sur le paradis blanc

Vaste continent gelé d'environ 13 millions de km2, l'Antarctique, protégée de la chasse et de la pêche par un traité international, n'est plus un paradis blanc qui échapperait aux aléas du réchauffement climatique et aux conséquences néfastes des activités humaines. Les signes inquiétants sur l'état de la biodiversité et le cycle de la glace se multiplient aujourd'hui, révélateurs des menaces qui pèsent sur un écosystème à part, relié pourtant au reste de la planète via des courants atmosphériques et marins. Le hic, c'est que le pôle Sud, comme le pôle, Nord, joue le rôle de climatiseur de la planète...

Une explosion de vie

antarctique,banquise,océan austral,télévision,documentaire,arte,réchauffement climatique,manchot empereur,poissonsQue se passe-t-il exactement sur ce continent encore mystérieux ? Au début du printemps austral, par -15°C, cet univers de glace aux conditions de vie extrême, que nous imaginons quasiment vide et désertique, à l'exception des manchots et des phoques, ces espèces emblématiques que nous connaissons (ou croyons connaître), est en réalité le théâtre d'une incroyable explosion de vie. L'Antarctique abrite une biodiversité intense, sur et sous la glace, dans les profondeurs marines, mais aussi dans les airs. En témoignent les images incroyables capturées sous l'eau par Laurent Ballesta, qui signe par la même occasion un véritable exploit physique et technique. Et celles, sur terre, saisies par l'objectif de Vincent Munier, qui s'attache à suivre, avec une infinie patience, la vie de l'une des 36 colonies de manchots Empereurs existantes sur la planète.

Quelles stratégies d'adaptation les manchots, Empereurs et Adélie, les phoques de Weddell, les pétrels, les poissions des glaces et ces minuscules créatures que sont les nématodes, rotifères et tardigrades ont-ils développées, au cours des millénaires, pour maintenir la vie à l'extrême sud de la planète ? Comment ces espèces peuvent-elles survivre dans ce milieu hostile? Comment se repèrent-elles, dans la blancheur de leur univers ?

Les surprises du manchot Empereur

Avec sa drôle de silhouette humaine, le manchot Empereur est, peut-être, l'espèce australe la plus étonnante et la plus attachante. Il est le seul être animal vivant à se reproduire dans les conditions extrêmes de l'hiver antarctique où les températures peuvent descendre jusqu'à -35°C. Son corps ovoïde aux ailes tronquées, qui limite au maximum la prise d'air, est recouvert du plumage le plus dense de toute l'avifaune.

 La tortue

Ses plumes, duveteuses à l'intérieur et ultra-serrées les unes contre les autres (jusqu'à 15 plumes par cm2) lui tricotent quatre couches superposées isolantes à l'extérieur au froid et imperméable à l'eau. Quand il gonfle ses plumes, il supprime toute perte de chaleur, pour une protection maximale, au coeur de l'hiver. Autre stratégie mise au point par le manchot Empereur pour résister au froid infernal, la colonie fait la tortue. Les oiseaux, sans cesse en mouvement, se remplacent les uns les autres, pour exposer à tour de rôle leur dos au vent. A l'intérieur de la tortue, la température peut monter jusqu'à plus de +35°C ! Encore plus étonnant. L'oiseau va chercher sa nourriture et celle de ces petits dans l'eau, à pied, pour gagner l'eau libre, au large de la banquise. Il avale et stocke les poissons, sans les digérer, puis marche durant une vingtaine de kilomètres pour rejoindre son camp de base et nourrir sa progéniture, en régurgitant les poissons dans son bec.

Le timing ultra-serré des manchots

Le mécanisme de la survie des manchots est réglé au jour et au degré près. Il suffit d'un printemps anormalement doux et pluvieux pour que les bébés meurent de froid, leur plumage n'ayant pas eu le temps d'épaissir suffisamment et de devenir étanche à l'eau. Ou que les eaux douces relâchées dans l'océan par la  banquise, après avoir fondu en quantité anormale, gèlent de nouveau en s'étendant encore plus et sur une épaisseur plus importante, éloignant d'autant l'eau libre de la colonie, pour que les parents manchots se voient contraints de se dandiner à pied sur 80 km afin d'aller chercher et rapporter leur nourriture à leurs poussins, pour que ces derniers meurent de faim, épuisés, en les attendant. En 2014, le réchauffement climatique a ainsi anéanti la reproduction entière d'une colonie de manchots Adélie.

Des poissons anti-gel

Sous la banquise, il en va de même pour les mammifères, plantes et insectes qui s'épanouissent avec les quelques 120 espèces différentes de poissons qui peuplent les eaux glaciales de l'Antarctique. Leur organisme est muni d'un antigel, une protéine qui abaisse à -2°C leur point de congélation, quand l'océan austral gèle à -1,9°C. leur sang, plus fluide, gèle moins facilement. Inutile de dire que ces animaux ne sont pas adaptés à la hausse des températures de l'eau que le réchauffement climatique provoque. Dans une eau à +6°C, ils meurent... Si le changement,  trop rapide, se déroule sur une centaine d'années, ces poissons qui ont mis des millénaires à mettre au point leur mécanisme de survie, n'auront pas le temps d'évoluer et mourront tous.

Sentinelles du climat

antarctique,banquise,océan austral,télévision,documentaire,arte,réchauffement climatique,manchot empereur,poissonsAujourd'hui, ce n'est plus une question mais une certitude : en Antarctique, la température de l'eau se réchauffe et le cycle de la banquise se transforme. Véritables sentinelles des glaces, au coeur de la mécanique australe, toutes ces espèces jouent le rôle de bio-indicateur de ce territoire hors norme, mais aussi du réchauffement climatique et de Terre. Sauront-elles faire face au changement en cours ? Mieux les connaître se révèle essentiel pour mieux les protéger, mais aussi pour mieux comprendre l'évolution de la planète toute entière. Et pourquoi, pas, pour décider la communauté internationale à prendre enfin toutes les mesures qui s'imposent pour stabiliser le réchauffement climatique en dessous des 2°C. Car tel est le seuil fatidique défini par les scientifiques, au-delà duquel, selon eux, notre monde deviendra, sinon inhabitable, du moins largement plus inhospitalier que celui que nous connaissons, pour les différentes espèces êtres vivants qu'il abrite. Parmi lesquelles, nous, les hommes.

antarctique,banquise,océan austral,télévision,documentaire,arte,réchauffement climatique,manchot empereur,poissons►A VOIR : Soirée spéciale Antarctique, samedi 17 janvier 2017. "Antarctica, sur les traces de l'Empereur", 20h50  et "Les secrets des glaces", 22h20. Les deux films réalisés par Jérôme Bouvier et Marianne Kramer sont diffusés sur Arte. A voir en replay pendant 2 mois sur Arte Futur.

Cathy Lafon

►LIRE AUSSI

Les commentaires sont fermés.