Bilan 2016 des énergies renouvelables en France : en hausse, surtout pour l'éolien, mais toujours insuffisant
Une éolienne, le 25 novembre 2016, à Steenvoorde, dans le département du Nord dans les Hauts-de-France.
Photo archives AFP
Fin 2016, la France comptait plus de 46 gigawatts de capacités de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables. Bon élève, l'éolien tire notamment son épingle du jeu. Mais le rythme des installations reste insuffisant pour atteindre les objectifs nationaux, a prévenu Frédéric Tuillé, directeur des études d’Observ’ER, lors de la présentation du baromètre 2016 de l’observatoire des énergies renouvelables, le 10 janvier dernier.
2016, "globalement une année positive"
"45,82 GW étaient installés à fin septembre 2016 et si on prolonge les tendances, on arrive à 46,5 GW fin 2016". Frédéric Tuillé
Avec 5% de croissance toutes énergies confondues (éolien, hydraulique, solaire, géothermie, biogaz, etc.), 2016 est "globalement une année positive", marquée par l’adoption de la feuille de route de la transition énergétique française jusqu’à 2023 et une simplification administrative pour les énergies renouvelables, analyse Frédéric Tuillé. Avec un bémol de taille : alors que la France vise entre 71 et 78 GW de capacités installées à l’horizon 2023, "si on se projetait dans la tendance d’aujourd’hui (…) on n’atteindrait pas tout à fait" le bas de cette fourchette, précise-t-il.
Et cela même si l’éolien et le solaire semblent retrouver un rythme plus dynamique de développement, avec une croissance respective de 7,8% et de 7,1% l’an dernier, comme l'indique le baromètre d'Observ'ER, réalisé en partenariat avec la FNCCR, fédération qui regroupe les collectivités en charge des services publics d’énergie, d’eau et d’environnement.
Ca tourne pour l'éolien
Malgré des retards annoncés dans l’éolien en mer (dont certains grands acteurs, comme Areva, se désengagent), avec +45 % d’installations éoliennes raccordées en France en 2016 par rapport à 2015, soit 1 560,5 MW raccordés, 2016 reste une année record pour l'éolien français. Le parc éolien français représentait 12 065,3 MW (12 GW) au 31 décembre 2016. Une performance prometteuse selon les acteurs de la filière et qui conforte le rôle majeur de l’éolien dans le mix électrique français.
Selon Olivier Perot, le président de France Energie Eolienne, les raisons de la forte progression du rythme d’installation sont à chercher du côté d'un contexte politique volontaire et favorable. "Cette dynamique sans précédent" s’explique, selon lui, par "la relative stabilité du cadre réglementaire, depuis le Grenelle 2, par l’application effective de la loi Brottes (la règle des 5 mâts) et la levée de nombreux obstacles tels que les ZDE (zones de développement éolien), et par la visibilité donnée aux acteurs de la filière grâce au mécanisme de soutien en place depuis 2014".
Atteindre les 2 GW supplémentaires par an dès 2017
"Nous saluons le volontarisme des pouvoirs publics pour accélérer le développement de la filière éolienne en France", note Olivier Pérot, en dressant les perspectives d'une dynamique créatrice d'emplois locaux (2000 en 2015), à accentuer pour atteindre les objectifs 2023 de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). "Avec plus de 1,5 GW raccordé en 2016, le développement de la filière éolienne s’inscrit sur la trajectoire des objectifs nationaux en termes de capacités installées à horizon 2018 (15 GW)", détaille-t-il. Ce rythme d’installation devrait se poursuivre, l’introduction de machines de dimensions plus grandes et plus performantes permettant la mise en production de plus de sites, à condition, on s'en doute, que de nouveaux obstacles ne viennent pas ralentir la dynamique...
Pour la transition énergétique du pays, l'enjeu est d'importance : afin de tenir les objectifs 2023 en matière de renouvelables (fourchette haute de 26 GW), le rythme des nouvelles installations éoliennes devrait encore monter d'un cran et atteindre les 2 GW par an dès cette année.
Si le vent se lève pour l'éolien et que le soleil brille pour le solaire, en revanche, d’autres filières, comme les l'hydrolien dans les énergies marines avancent moins vite que prévu, avec le désengagement d'Engie dans l’hydrolien ou encore l’abandon par EDF en 2013 d’un projet de géothermie dans les Caraïbes. L’hydraulique stagne également, malgré le potentiel de la petite hydroélectricité, du fait de la réglementation sur le classement environnemental des cours d’eau, tandis que dans la biomasse, la production de gaz est de plus en plus privilégiée par rapport à la production d’électricité.
Contraints par l'Etat de venir au secours du nucléaire en faillite, les grands acteurs de l'énergie, on le voit, doivent faire des choix, au détriment, semble-t-il, des énergies renouvelables. Contradictoire avec les objectifs dressés par la loi de transition énergétique, cette stratégie n'est pas non plus la meilleure pour préparer l'avenir énergétique de la France en préservant le climat de la planète.
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