Energie et pollution : quand la Chine s'éveille, elle sort du charbon
Asphyxiée par la pollution, la Chine réduit drastiquement sa production de charbon et l'énergie produite par ses centrales thermiques. Photo AFP
Tenue par ses engagements contre la pollution de l'air et confrontée à la surproduction énergétique, la Chine ferme une partie de ses mines de charbon.
En 2006, Pékin ajoutait 100 gigawatts de capacité supplémentaire dans son parc électrique, soit l'équivalent de la capacité toute entière du Royaume-Uni. Sur ces 100 gigawatts, 80 devaient être générés grâce au charbon et les mines augmentaient leur production pour être au rendez-vous et fournir le combustible nécessaire aux centrales thermiques. Ces dernières augmentant d'autant la pollution générée dans l'atmosphère.
La Chine veut réduire de 9% ses capacités totales de charbon
Dix ans plus tard, touchée par le ralentissement économique et rattrapée par le réchauffement climatique, la Chine prend un nouveau cap. Sans tergiverser ni couper la poire en deux en promettant une chose et son contraire, l'empire du milieu a annoncé un moratoire sur la construction de nouvelles centrales thermiques au charbon dans treize provinces, jusqu'à fin 2017. Idem pour les mines : l'Etat a mis un moratoire sur l'ouverture de nouvelles mines jusqu'en 2019, avant de promettre la fermeture d'un millier de mines existantes courant 2016. Objectif : supprimer 9% des capacités totales chinoises de charbon, dont l'exploitation énergétique a des conséquences dramatiques sur la pollution de l'air dans les mégalopoles du pays. Si la Chine compte encore 10.000 mines de charbon, il y en avait 25.000 auparavant.
Priorité aux énergies propres et renouvelables
Depuis 2011, le pays fait en effet monter la part des énergies renouvelables, hydroélectrique, éolien, solaire, et dans une moindre mesure, celle du nucléaire, dans son mix énergétique, au détriment du charbon. Les énergies propres pèsent désormais pour 12% dans la production totale de l'énergie chinoise, contre 64% pour le charbon. Engagée dans "une guerre contre la pollution", selon la formule de son Premier ministre chinois, la Chine chouchoute les énergies renouvelables. Et elle y met le paquet.
Et le G7 qui soutient financièrement le charbon ?
Un exemple que devrait suivre le G7, auquel la Chine n'appartient pas. Si Pékin reste le premier producteur et premier consommateur mondial de charbon, les pays du G7, qui se sont réunis au Japon les 26 et 27 mai dernier, ont soutenu financièrement l’industrie du charbon dans le monde à hauteur de 42 milliards de dollars d’aides publiques internationales entre 2007 et 2015 dont 2,5 milliards uniquement en 2015. C’est le résultat d’une étude menée par le WWF, le Natural Resources Defense Council et Oil Change International qui appellent les pays du G7 qui ne l’ont pas encore fait, en particulier le Japon et l’Allemagne, à prendre, lors de ce sommet, l’engagement de cesser leur soutien public au charbon à l’étranger.
Les émissions de gaz à effet de serre financées par les grands pays industrialisés représentent 100 millions de tonnes de C02 par an
Alors que 175 pays ont signé le 22 avril l’Accord de Paris et réaffirmé leur volonté de maintenir le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C, cette étude a révélé que les émissions de gaz à effet de serre générées par les différentes utilisations du charbon financées par les pays du G7, s’élèvent à 100 millions de tonnes de CO2 par an. Cela équivaut, pour une seule année, à 20% des émissions émises par la France en 2013. En termes de production électrique, ce sont plus de 85 GW qui ont été produits par les centrales à charbon ainsi financées, soit l’équivalent de la production électrique du Royaume-Uni en 2014.
Le Japon en tête
Avec plus de 22 milliards de dollars, le Japon est le pays qui a le plus contribué au financement du charbon à l’étranger entre 2007 et 2015. Arrivent ensuite l’Allemagne avec 9 milliards de dollars, les États-Unis avec environ 5 milliards de dollars, la France avec 2,5 milliards de dollars, l’Italie avec 2 milliards de dollars, le Royaume-Uni avec 1 milliard de dollars et le Canada avec moins de 1 milliard de dollars.
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