Biodiversité : grande mobilisation ce week-end contre "la chasse au loup", à Lyon et à Nice
Si le loup est un prédateur, il appartient aussi à une espèce animale "strictement protégée". Photo AFP
Début d'année agité pour les écolos. Samedi dernier, la mobilisation contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes reprenait du poil de la bête. Ce week-end, au tour des pro-loups d'être sur le pont. Alors que 76% des Français estiment que le loup, espèce protégée, a sa place en France (sondage Ifop pour l'Aspas et One Voice de septembre 2013) et que sa population diminue, Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie prépare un arrêté autorisant l'abattage officiel de 6 loups supplémentaires.
C'en est trop pour le collectif des associations contre la chasse au loup, CAP Loup, et l'Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) qui demandent à la ministre de "mettre fin au massacre d’une espèce protégée, illégal au niveau européen", et appellent à manifester dans un grand rassemblement inter-associatif le 16 janvier à Lyon et le 17 janvier à Nice, "contre la chasse aux loups menée par l’État français."
Au moins 41 loups abattus depuis juillet 2015
Les arrêtés ministériels du 30 juin 2015 autorisent l’abattage de 36 loups pour l’année 2015-2016, contre 24 en 2014-2015. Selon Cap Loup, le « plafond » de 36 loups abattus est déjà dépassé, puisqu’au moins 41 loups sont déjà morts depuis juillet dernier : 34 abattus, dont 33 « légalement », et 7 morts encore non élucidées, sans compter le braconnage non décelé. D’après le suivi officiel de Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, publié en mai 2015 , la population de loups a baissé entre 2014 et 2015, et continuera à baisser au rythme des abattages actuellement réalisés.
Arrêté "illégal"...
Si le nouvel arrêté autorisant l'abattage de 6 loups supplémentaires est adopté, les associations assurent qu'elles demanderont son annulation devant le Conseil d’État, comme elles l’ont fait en juin dernier, pour les arrêtés ministériels précédents. Elles estiment en effet que cette "politique de destruction massive" d’une espèce "strictement protégée" est illégale, car elle place la France en infraction avec la Convention de Berne et la Directive européenne Habitats. Elles ont d'ailleurs porté plainte contre le pays, pour ce motif, auprès de la Commission Européenne.
... et "inefficace"
Cap Loup dénonce également l'inefficacité d'une gestion écologique basée sur une "politique de tirs". Selon l'association, si l'abattage des loups met en péril le retour de l’espèce animale en France, il n’est d’aucune efficacité pour la protection du bétail. Force est de reconnaître qu'elle n'a pas tort. En dépit de l'augmentation des quotas d'abattage, les attaques de troupeaux ont en effet augmenté de 4% entre 2014 et 2015, selon le bilan de la DREAL Auvergne-Rhône-Ales publié au 31 décembre 2015. Pour les écologistes, la cause en serait le manque de protection des troupeaux, comme certaines vidéos réalisées en 2015 par l'ASPAS et mises en ligne sur le site de l'association tendent à le révéler.
Avant tout, protéger le bétail
"Sans berger ni protection efficace, les moutons sont livrés à la prédation", soulignent les défenseurs du loup, qui regrette dans un communiqué que "beaucoup trop d’éleveurs ne fassent pas correctement leur boulot". De là à en déduire qu'ils le font exprès pour justifier l'abattage des animaux, il n'y a qu'un pas que ne franchit pas l'ASPAS, qui conclut toutefois que "Des brebis offertes en pâture aux loups, c’est le meilleur moyen de favoriser la prédation… et d’ordonner l’abattage des loups ! Et là, ce sont les loups qui trinquent aussi…".
Pour les associations, la cohabitation entre les loups et les éleveurs ne pourra se faire qu’en incitant réellement ces derniers à protéger leur bétail, pas en massacrant les loups.
Pour clamer le message, ce samedi, à Lyon, il y aura du beau monde dans la manifestation prévue à 14 h, place Bellecour: Paul Watson, le patron de l'ONG Sea Shepherd, Allain Bougrain-Dubourg, patron de la LPO, Fabrice Nicolino, journaliste spécialisé dans l'environnement , collaborateur notamment à "Charlie Hebdo", Yves Pacalet, écrivain et naturaliste... Dimanche, à Nice, c'est à 10 h, place Masséna, que les associations appellent au rassemblement pour défendre le loup.
- Les associations du collectif CAP Loup sont Ferus, ASPAS, SFEPM. Pour accéder au site de CAP Loup : cliquer ICI
►LIRE AUSSI
- "Le retour du sauvage", Pierre Athanaze, Buchet Chastel, 2014, 12 €.
- Les articles de Ma Planète sur les loups : cliquer ICI
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