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stéphane lhomme

  • Voitures électriques : pas de label "écolo" pour les Bluecub bordelais

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    La Bluecub à l'assaut des rues de Bordeaux. Photo archives Sud Ouest/ Quentin Salinier

    La Bluecub, voiture électrique en libre service du groupe Bolloré peut certes être qualifiée de "véhicule propre" mais pas de "voiture écologique". C’est en substance ce qu'a affirmé, le 2 avril, le Jury de déontologie publicitaire (JDP).  Ce coup de tonnerre dans le ciel bleu du développement durable à la bordelaise n'avait rien d'un poisson d'avril.

    blue cub inaug.jpgL’Observatoire du nucléaire , sous l'impulsion du  girondin Stéphane Lhomme, avait saisi le JDP, pour non conformité aux règles déontologiques de la publicité, concernant la communication faite autour du service d’autopartage bordelais Bluecub, lancé le 10 janvier dernier à Bordeaux (photo ci-contre). Ses publicités vantaient en effet les mérites "écologiques" de la citadine électrique produite par Bolloré. Le JDP lui a donné raison  et la copie publicitaire de la Bluecub devra être revue et corrigée.

    "Un service écologique", selon Bluecub

    L’annonceur, la société Bluecub, confirme que, sur le site internet www.bluecub.eu, le service d’auto partage de véhicules électriques développé à Bordeaux est décrit comme un service écologique. Il fait valoir que le mot écologique vient de "écologisme" qui signifie selon le dictionnaire Larousse : "Position dominée par le souci de protéger la nature et l’homme lui-même contre les pollutions, altérations et destructions diverses issues de l’activité des sociétés industrielles.". A son sens, permettre aux habitants de la communauté urbaine de Bordeaux de circuler en voitures électriques, et non avec leurs véhicules thermiques, est un geste écologique dès lors, notamment, qu’aucun dioxyde de carbone n’est émis au roulage.

    bluecub.jpg"Ecologique" : une mention à manipuler avec précaution

    Que nenni, rétorque le JDP, instance liée à lAutorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), qui a donc mis à l’index le site internet de la Bluecub, lequel présentait la voiture comme "Ecologique", en précisant: « 0 bruit, 0 odeur, 0 émissions de CO2″. Le jury estime que ces éléments "ne permettent pas" à eux seuls, de qualifier le service d’ "écologique". Au final, le jury a demandé que la diffusion de cette publicité ne soit pas renouvelée en précisant : " Dans le cas où il serait impossible de justifier des formulations globales (ex : écologique, vert, éthique, responsable, préserver, équitable, durable,…), la publicité doit les relativiser en utilisant des formulations telles que " contribue à"."

    Non, non, non et non, le nucléaire n'est pas écologique...

    Pour le gendarme de la déontologie publicitaire, si "l’utilisation des véhicules électriques" apparaît certes comme étant "moins polluante que celle de véhicules conventionnels",  elle "l’est davantage que d’autres modes de transport compte tenu notamment des sources d’énergie nécessaires à leur fonctionnement." Quant on sait que 75 % de l’électricité produite en France provient du nucléaire, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité laisse ainsi entendre à demi-mots qu’un véhicule électrique fonctionnant à l’énergie nucléaire ne peut raisonnablement être qualifié d’écologique. Le JDP enfonce le clou : "Dans ces conditions, la publicité de la société Bluecub méconnaît le point 6/3 de la Recommandation « Développement durable » de l’ARPP."

    Mitsubishi_i-MiEV.jpgUn pavé dans la mare verte de l'automobile électrique

    Au-delà des services de voitures électriques en libre service implantés par Bolloré dans de nombreuses grandes villes en France, la décision du JDP est un vrai pavé dans la mare de l'industrie automobile  électrique, qui n'est pas "écologique", mais"contribue" à diminuer la pollution atmosphérique. Renault, Citroën, Opel, Nissan et Mitsubishi : autant de constructeurs qui ont déjà dû revoir leur communication autour de leurs voitures électriques ou à prolongateur d’autonomie, après l'action de l’Observatoire du nucléaire auprès du Jury de déontologie publicitaire.     C'est ainsi que la I-Miev de Mitsubichi (photo ci-dessus) n'a plus le droit d'être présentée comme "la plus avancée des "éco-voitures"… citadine 100 % écologique…", mais peut se prévaloir du terme de "citadine éco-citoyenne". Ce qui n'est pas si mal, en terme de développement durable.

    lhomme.jpgPas de "vertitude" à 100% pour l'automobile

    Comme Stéphane Lhomme, responsable de l'Observatoire du nucléaire, le souligne, un véhicule motorisé, électrique ou non, n’est jamais entièrement "propre, vert ou écologique". Il peut l'être plus ou moins, et tant mieux s'il l'est moins, mais il reste, par définition, un objet polluant, du fait des matières première et de l'énergie utilisées pour concevoir ses pièces, puis de l'énergie utilisée pour le faire rouler, et enfin, de l'épineuse question de la gestion des déchets que constituent leurs pièces en fin de vie, comme les pneus, ou, pour les véhicules électriques, les batteries en fin de vie. Un point de vue confirmé par une étude de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe), publiée en novembre 2013, qui conclue qu'un véhicule électrique n'est pas forcément plus vertueux pour le climat qu’une voiture à moteur thermique. Au bout de quelques milliers de kilomètres, il peut le devenir. Ou pas. Tout dépend l’origine de l’électricité qu’il utilise : le véhicule électrique a un impact bien moindre sur l’environnement, à condition que l’électricité utilisée provienne d’énergies renouvelables.

    A l'heure où, par effet de mode, l'argument écolo et vert est devenu une vraie vache à lait dans tous les segments de la consommation quotidienne, la tentation du "greenwashing" est grande dans le marketing publicitaire. La décision du JDP, intervenue par une heureuse coïncidence, à l'occasion de la Semaine du développement durable, tend à remettre les choses à leur juste niveau, du moins pour le secteur de l'industrie automobile.

    Cathy Lafon

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