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  • Rio + 20 pour les nuls : "Rio, les enjeux de la saison 2012"

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     Le Christ de Rio éclairé en vert pour l'ouverture de la conférence de l'ONU, le 14 juin 2012 - AFP

    Bienvenue à Rio + 20 !

    Le grand jour, pour la planète, c'est aujourd'hui. Maintenant qu'on a bien présent à l'esprit le résumé des épisodes précédents de notre série planétaire, rebaptisée pour plus de cohérence "Rio, je t'aime... moi non plus", l'objectif de Rio +20 devient simple comme bonjour (toujours sur le papier, bien évidemment). Il s'agit, en l'espace de trois petits jours, de constituer une nouvelle feuille de route du développement durable pour l'ensemble des pays de la planète jusqu'en 2030 ! En prenant en compte l'ensemble des problématiques environnementales (sécurité alimentaire, accès à l'eau, énergie, agriculture durable, biodiversité...), ainsi que la question d'une gouvernance mondiale de l'environnement. Quant aux écologistes de tout poil, ils voient bel et bien en Rio +20 non pas une nième conférence internationale, mais une étape déterminante pour sauver l'humanité. C'est dire l'importance pour notre avenir commun de ce qui va se passer à compter d'aujourd'hui au Brésil... Ou pas.

    Les deux enjeux majeurs de Rio + 20

    sommet,organisation internationale,onu,rio + 20Allons à l'essentiel : au menu de ce Sommet de la Terre, deux questions vont être particulièrement débattues. Il s'agit d'abord de définir une vision commune de "l'économie verte", associant développement, lutte contre la pauvreté et respect de l'environnement. Plus de 50.000 personnes sont ainsi attendues dans les rues de Rio aujourd'hui, pour une marche sur le thème de "l'économie verte", qui n'a pas la même signification pour tout le monde. Et ensuite de mettre en place une gouvernance mondiale du développement durable et de l'environnement. En intégrant la société civile et en actant la création d'une Organisation mondiale de l'environnement, bâtie sur le modèle de l'OMC. François Hollande, accompagné de sa ministre de l'Ecologie Nicole Bricq et de son ministre délégué chargé du Développement, Pascal Canfin, devrait ainsi défendre à Rio le point de vue d'une "agence de l'ONU spécialisée sur l'environnement".

    Mais que peut-on attendre de Rio + 20 ?

    Le bilan du Sommet de la Terre de Rio 1992 a de quoi laisser amers les écolos. Au lieu d'être divisées par 4, comme le protocole de Kyoto l'a défini, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de + 45 % dans le monde depuis 1992 : leur concentration est passée de 360 parties par million (ppm) à 400 ppm. Un bond de 16 %... Ca calme. D'autant qu'en 2012, la source d'énergie qui a le plus progressé en volume est encore la plus émettrice de gaz à effet de serre : le charbon qui alimente encore 30 % des besoins énergétiques de la planète. Mais Rio a lancé un processus irréversible en faveur de la préservation de la planète. Et vingt ans, finalement, c'est long et c'est terriblement court à la fois, si l'on considère le nombre de siècles qu'il a fallu au monde pour créer l'ONU, ou à la France pour donner le jour à la Déclaration de l'Homme et des citoyens. Si Paris ne s'est pas faite en un jour, comment pourrait-il en être autrement pour la mise en place d'une véritable organisation dédiée à la protection de la Terre et de notre environnement, quand l'enjeu concerne tous les pays du monde, les pauvres comme les riches ? D'acord, il ya urgence. Et certes, les pessimistes experts en verres à moitié vide, relèveront le manque d'ambition politique des Etats, le repli sur soi des Etats-Unis, ou encore l'égoïsme des pays européens et celui de la Chine, tout en agitant le noir drapeau de Copenhague 2009. Facile.

    Pourquoi ne pas voir enfin la vie en vert ?

    sommet,organisation internationale,onu,rio + 20Mais les optimistes, ceux qui s'y collent tous les jours et qui, pour certains, ont la chance d'être présents à Rio, parlent de la possibilité pour cette nouvelle "saison" d'un scénario heureux. Une sorte de version "happy end" du film catastrophe "Le Jour d'après", où chacun tirerait son épingle du jeu avant la catastrophe, où les financements seraient obtenus pour sauvegarder notre planète, basés sur de nouvelles taxes internationales pour abonder un fonds environnemental et établir la bioconditionnalité, en supprimant par la même occasion les subventions néfastes à l'environnement. C'est le cas du sénateur écolo de Loire-Atlantique Ronan Dantec, porte-drapeau des optimistes et porte-parole climat du réseau mondial de collectivités locales CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis). Il participe à Rio aux négociations onusiennes en tant que membre de la délégation du Sénat et nous a confié le 30 mai à Bordeaux qu'"un deal global entre les Etats pourrait aboutir, liant régulations environnementales et régulation financière." Trop optimiste ?

    Les peuples, l'Europe et les villes du monde en verts leaders

    Les partisans du verre à moitié plein détailleront encore que l'Europe, première puissance économique mondiale tous Etats membres confondus, pourrait bien affirmer à Rio un leadership politique et environnemental.

    Et feront valoir que les ONG et la société civile, présentes au Sommet en marge mais en force, avec les représentants mondiaux des collectivités locales, ont aussi des expertises de poids à faire valoir. Le Sommet des peuples réunit ainsi à Rio depuis le 15 juin dernier quelque 18 000 participants chaque jour. C'est un poil plus que les 120 chefs d'Etat et de gouvernement censés représenter les 7 milliards d'êtres humains vivant sur Terre. A l'initiative de quelque 200 organisations écologistes et mouvements sociaux du monde entier, de Via Campesina (mouvement international paysan) aux mouvements indigènes, en passant par les ONG telles que Greenpeace, cette alternative à Rio +20 se veut source de réflexion et  force de proposition, pour faire avancer le monde vers la transition énergétique. Et compte bien faire entendre sa voix. Quant aux grandes villes du monde, qui, comme les plus petites communes de France, ont réussi à mettre en oeuvre leur plan climat et leur agenda 21, pourquoi ne seraient-elles pas en mesure d'aider la planète à élaborer les siens ? 

    "Si tu vas à Rio, n'oublie pas..."

    Voilà. Vous savez tout des deux scénarii possibles de la nouvelle saison du feuilleton de Rio qui pourrait s'avèrer plus interactive que prévu... Il ne nous reste plus qu'à en dévoiler la bande son. Elle coule de source : c'est à tous les habitants de la Terre de la faire. Il nous suffit de reprendre en choeur, à l'intention de François Hollande et des 119 autres "grands" de la planète bleue, le refrain joyeux de Dario Moreno : "Si tu vas à Rio, n'oublie pas... ". Mais en l'adaptant à la longue liste des tristes réalités de la planète : "Si tu vas à Rio, n'oublie pas la faim dans le monde, l'accroissement de la pauvreté, l'épuisement des ressources énergétiques, le dérèglement climatique, la déforestation, l'effondrement des stocks de poissons dans les océans et la perte de la biodiversité... !".

    Avec entrain. Et bien fort, s'il vous plaît.

    Cathy Lafon

    A SAVOIR

    • Déforestation : 13 millions d'hectares de forêts disparaissent chaque année (source FAO). 
    • Artificialisation des sols : en Europe, entre 2000 et 2010, 252 hectares de terre ont été perdus chaque jour (rapport UE, 2011).
    • Finitude de la planète : depuis 1985, les découvertes de pétrole sont inférieures aux consommations (source Negawatt).
    • Biodiversité : l'indice de biodiversité a recullé de 30 % entre 1970 et 2008. 50 millions d'euros, tel est le coût estimé de la perte de la biodiversité terrestre d'ici à 2050.
    • Climat : le scénario optimal de la projection du Giec est une hausse des températures de 1,6°C, celui du laisser aller est de + 6°C. Selon l'OMM, le changement climatique s'est accéléré sur la période 2001-2010, décennie la plus chaude. L'Europe traverse actuellement une période de sécheresse sans précédent, 70 % de l'Espagne est en "sécheresse sévère" (février 2012).
    • Elevation du niveau des mers : 250 millions de personnes pourraient devenir des réfugiés climatiques permanents, avec l'évacuation de grandes zones côtières en Inde, Chine, Pays-Bas...
    • Crise alimentaire : 925 millions de personnes sont  touchées par la faim dans le monde (OMS), dont 7 millions au Sahel.
    • Energie : 25 % de hausse du prix du gaz en France en deux ans, 8 % pour l'électricité. 3,8 millions de foyers français (8 millions de personnes) et entre 50 et 125 millions d'européens sont touchés par la précarité énergétique qui augmente.
    • Océans et ressources halieutiques : 88 % des poissons consommés sont pêchés en surpêche (pêche empêchant le renouvellement des espèces).

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