Rio + 20 pour les nuls : "Les origines"
Depuis le 13 juin, la conférence des Nations unies sur le développement durable est réunie à Rio de Janeiro, deuxième ville du Brésil. Les représentants et experts des ONG y préparent le Sommet de Rio où, à partir du mercredi 20 juin, une centaine de chefs d'État et de gouvernement seront réunis jusqu'au 22 juin. Avec François Hollande qui représentera la France et participera à l'intégralité de la Conférence internationale. Mais sans Barack Obama ni Angela Merkel, qui semblent avoir mieux à faire ailleurs. Le sommet international "Rio + 20" pourra alors commencer. Rio, Rio... la samba, les favelas, le Christ Rédempteur, le Pain de sucre, Copacabana, le carnaval... oui, oui, mais que vient encore faire le développement durable dans tout ça ? Décryptage en deux volets de l'événement mondain et mondial qui restera le plus couru par les écolos en ce début de XXIème siècle. Aujourd'hui : Rio + 20 pour les nuls : "Les origines".
"Rio oui, mais pourquoi "Rio + 20" ? Encore la novlangue écolo...? "
Mauvaises questions. Il y a de la logique dans tout ça. Cette conférence de l'ONU est baptisée "Rio +20", car elle est destinée, 20 ans après le Sommet de la Terre de Rio (1992) à redonner du souffle aux engagements pris alors au niveau mondial en matière de protection de la planète. Merci donc d'y voir un subtil condensé de "Il faut sauver le soldat Planète", avec Matt Damon dans le rôle de la planète et de "Les trois mousquetaires, 20 ans après", avec François Hollande dans le rôle de d'Artagnan. En guise de souffle à redonner, il en faudra sacrément, vu l'état de dégradation de ladite planète, précisément 20 ans après. Si bien qu'on ne pleurera pas s'il n'en reste pas suffisamment pour souffler les 20 bougies du gâteau d'anniversaire du Sommet de Rio.
Si vous avez raté le début du feuilleton planétaire du développement durable
"Rio + 20" ne sort pas tout nu du chapeau des défenseurs de la planète. Résumé des trois "saisons" précédentes.
1987 : et le développement durable naquit
La prise de conscience de la nécessité qu'il y a à préserver le monde dans lequel nous vivons, en revoyant à la sobriété nos modes de consommation et de croissance, s'est faite dans les années 70, avec la première Conférence internationale de Stockholm (1972), et la publication la même année par le Club de Rome du rapport "Les limites de la croissance". Les chocs pétroliers de 1973 et 1979, les catastrophes industrielles et écologiques de Seveso et de l'Amoco Cadiz (1978) enfoncent le clou des constats qui dérangent : il y a urgence à trouver une solution gobale à tous nos désordres écologiques locaux. En 1987, la Norvégienne Gro Harlem Brundtland (photo ci-dessus) propose dans son rapport "Notre avenir à tous", la réponse qui fait date et reste encore la seule à l'ordre du jour : développement oui, mais "durable". Celle qui est devenue depuis la "grand-mère du développement durable", pose les fondements d'un "développement qui réponde aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leur propres besoins". Sur le papier, c'est simple, beau et clair.
Années 1990 : les feux de l'amour
Durant les années 1990, les feux de l'amour brûlent vraiment pour la planète. En 1992, le Sommet de la Terre de Rio marque les esprits en consacrant la notion de développement durable et en provoquant une réelle prise de conscience internationale sur la dégradation des ressources naturelles et le caractère insoutenable du modèle de croissance mondiale. Ce sommet met en place deux processus de négociations internationaux, l'un, bien connu aujourd'hui, sur le réchauffement climatique, et l'autre sur la biodiversité. Une sorte de « guide du développement durable » permettant de concilier croissance et préservation de l'environnement - l'agenda 21 - est aussi élaboré. Décliné pour la cullture et la diversité culturelle en 2008, il sera adopté partout et notamment en France, jusque dans les plus petites collectivités locales. Quelle commune n'a pas aujourd'hui "son" agenda 21 ?
S'ensuit le protocole de Kyoto (1997), entré en vigueur en 2005, qui acte la nécessité de diviser par 4 les émissions de CO2 des pays développés, pour une division par deux des émissions mondiales de gaz à effet de serre, pour lutter contre le réchauffement climatique. Ce traité contraignant doit prendre fin cette année, en 2012 : un des objectifs environnementaux onusien est justement de lui donner un prolongement.
L'angoisse des années 2000
Sommet de Copenhague 2009 : signez l'Ultimatum Climatique
L'amour pour la planète s'est-il enfui à l'aube du XXIème siècle ? Les années 2000 sont moins glorieuses pour le développement durable. Le Sommet sur le climat de Johannesburg (2002) s'ouvre aux pays du Sud mais reste peu productif en terme d'engagements précis et révèle surtout la tentation isolationniste américaine et l'égoïsme européen. La série noire s'achève avec l'échec de la Conférence internationale sur le climat de Copenhague (2009), en dépit d'une mobilisation citoyenne mondiale sans précédent. Les "accords" de Copenhague consacrent en réalité le blocage du texte du renouvellement de mesures contraignantes pour les Etats en matière d'émission de gaz à effet de serre, tout en rappelant "la reconnaissance de l'objectif de limitation de la hausse de la température globale à 2°C" et en engageant la création d'un Fonds vert. Tout ça ne mange pas de pain : question température, on en est déjà à une projection d'élévation de + 3°C, si tous les engagements de Kyoto se trouvaient par bonheur enfin respectés. Ce qui est loin d'être le cas. Quant au fameux Fonds verts, lui manquent encore les sous pour fonctionner. Mais les petits-enfants Brundtland reprennent confiance ! Cancun (2010), vitalise et précise le contenu des accords de Copenhague, tandis que Durban (2011) montre les volontés respectives de l'Europe, de la Chine et des grands pays émetteurs de CO2 à trouver un accord contraignant pour le climat d'ici à 2015, ainsi que pour le mécanisme de gouvernance du fameux Fonds vert. L'Europe s'engage à poursuivre pour cinq ans ans le protocole de Kyoto et la Chine infléchit sa position, pour ne pas se couper du G 77.
Alors, captivantes ces trois premières saisons, non ? Certes, on n'est pas dans une sitcom latino gavée de bimbos siliconées dansant la samba sur la plage de Copacabana. Mais reconnaissez qu'il y a du suspense... A demain, pour la présentation de "La saison 2012 " de Rio + 20, la suite forcément inédite de votre grand feuilleton planétaire favori : "Rio, développement durable, mon amour" !
►EN SAVOIR PLUS
- Une belle infographie présentant l'historique du développement durable : cliquer ICI
- Sommet de la terre de Rio (1992) : cliquer ICI
- Le rapport Brundtland (1987) : cliquer ICI
- Qu'est-ce que le développement durable ? cliquer ICI
- Le protocole de Kyoto (1997) : cliquer ICI
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