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MaPlaneteA - Page 703

  • Pollution à l'amiante : la bombe à retardement financière des HLM

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    En France, sept logements HLM sur dix contiennent de l'amiante. Photo archives AFP

    Sept logements HLM sur dix contiennent de l’amiante, un matériau hautement cancérigène. Une situation qui, si elle n'est heureusement pas toujours problématique pour la santé des locataires, l'est pour les ouvriers chargés d'effectuer les travaux, et représente une bombe à retardement financière pour les bailleurs sociaux, contraints de mettre leurs bâtiments aux normes.

    amiante travailleur.jpgLa réglementation concernant l'amiante renforcée

    Une réforme de la réglementation concernant ce matériau hautement cancérigène doit progressivement entrer en vigueur d’ici le 1er juillet 2015. Elle a fait bondir le coût d’assainissement des bâtiments concernés, car elle divise par dix le seuil d’exposition autorisée pour les ouvriers et impose aux entreprises des obligations de formation et de protection renforcée (calfeutrage des chantiers, port de masques et vêtements de protection…) lors de travaux susceptibles de libérer des fibres d’amiante. Et ce, que l’amiante soit à l’état friable – très dangereuse, car susceptible de se déliter sous l’effet de chocs, de vibrations ou de mouvement d’air – ou non friable – a priori sans danger, tant qu’elle est emprisonnée dans des matériaux. Le champ des travaux concernés s’en trouve considérablement élargi, car on estime qu’un logement sur deux en contient en France.

    danger amiante.jpg70% du parc HLM concernés

    Dans le parc HLM, l’amiante au sein des matériaux de construction "serait présente dans tous les logements construits avant 1997 (date de son interdiction, ndlr)", indiquait à l'AFP, le 14 novembre dernier, Christophe Boucaux, en charge des questions énergétiques et du développement durable à l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui regroupe 760 organismes HLM. Une situation qui concerne à peu près 70% du parc HLM français et impose, selon lui, "d’avoir des dispositifs adaptés lorsqu’on engage des travaux de rénovation ou de démolition, y compris des travaux d’entretien courant, comme le percement d’une cloison ou l’enlèvement d’anciennes peintures". Les enjeux financiers sont donc colossaux pour tous les organismes HLM.

    Le coût des travaux de désamiantage en hausse de plus de 50%

    Compte tenu des surcoûts induits et de la nécessité de reloger les habitants temporairement, la découverte d’amiante a entraîné ces derniers mois, pour les bailleurs sociaux, l’abandon d’une opération de travaux sur quatre. C'est ce qu'indique une étude de l’USH menée de décembre 2012 à février 2013, qui a révélé que le coût des travaux de désamiantage avait bondi en moyenne de plus de 50% depuis la nouvelle réglementation de mai 2012. La facture, qui n'a toutefois pas fait encore l'objet d'une évaluation officielle, s’élèverait, pour les bailleurs sociaux, à quelque 21 milliards d’euros pour trois millions de logements.

    Vers un accompagnement par les pouvoirs publics

    A l’heure où les organismes HLM se sont vu fixer par le gouvernement et la ministre du Logement, Cécile Duflot, l’objectif de construire 150.000 logements par an et d’en réhabiliter 100.000 autres, il s’agit là, en tout cas, d’une véritable bombe à retardement financière. Pour tenter de la désamorcer,  le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) doit estimer, dans un rapport en fin d’année, le coût du désamiantage sur les chantiers du bâtiment et les modalités selon lesquelles les pouvoirs publics pourraient accompagner la mise en œuvre de la nouvelle réglementation, par les maîtres d’ouvrage et les particuliers.

    amiante fibres.jpg"Moins on est exposé, mieux on se porte"

    De son côté, le site Riskassur vient de le rappeller,  l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail (l'Anses) a proposé, en 2009, de diviser la limite autorisée par dix, en affichant le principe "Moins on est exposé, mieux on se porte". En effet, l'amiante étant un cancérogène sans seuil, il n'existe aucune limite en dessous de laquelle respirer cette fibre ne présente aucun risque. Actuellement, la règlementation, qui remonte à 1974, a été définie à partir de la mesure du fonds de pollution de l'air en Ile-de-France et fixe pour la population générale le taux d'empoussièrement maximum à 5 fibres d'amiante par litre d'air dans les bâtiments. Or, l'Anses estime que la population ne devrait pas être exposée à plus de 0,5 fibre par litre. Quant aux professionnels en contact direct avec l'amiante, notamment sur les chantiers de rénovation, l'agence préconise de remplacer, la norme française actuelle de 100 fibres par litre d'air en une heure, par celle en vigueur en Suisse, en Allemagne et aux Pays Bas, qui est de dix fibres par litre d'air sur huit heures.

    2014, année de l'amiante en France ?

    A l'heure où une nouvelle source de pollution à l'amiante vient d'être détectée dans la tour Montparnasse à Paris, dont le désamiantage a commencé en 2006, c'est une évidence : que ce soit pour les HLM, ou pas, on est bien loin d'en avoir fini avec l'amiante... Le 13 décembre, le Figaro révélait ainsi qu'il devrait y avoir bientôt un premier procès pénal de l'amiante en France, qui viserait essentiellement la société Eternit, responsable présumée de 1.500 morts.  Les autorités judiciaires auraient décidé de passer à la vitesse supérieure pour qu'un premier procès pénal de l'amiante puisse se tenir en France 2015.  Mais il n'y a pas qu'Eternit: l'amiante a fait des dizaines de milliers de victimes dont l'indemnisation sera à revoir, une fois la responsabilité des employeurs clarifiée, ce qui suppose d'autres procès à venir.

    En 1996, une étude de l'Inserm estimait que 100.000 personnes mourraient en France d'ici à 2025, pour avoir été exposé dans les usines de transformation, mais surtout à l'extérieur, aux poussières d'amiante.  Le scandale de l'amiante, interdite en 1997, a été révélé au milieu des années 1990.

    Cathy Lafon

    REPERES

    • L’amiante est un « cancérogène sans seuil », c’est-à-dire qu’il n’existe aucune limite en dessous de laquelle respirer cette fibre réputée pour ses qualités isolantes exceptionnelles ne présente aucun risque.
    • Selon l'Organisation mondiale du travail,  ce minéral est responsable de 100.000 décès chaque année dans le monde.
    • En France, l’amiante est jugée responsable de 10 à 20% des cancers du poumon et pourrait provoquer 100.000 décès d’ici à 2025, selon les autorités sanitaires.
    • Interdite depuis 1997, la fibre produit des effets sur la santé 10 à 40 ans après l’exposition. Elle est la deuxième cause de maladies professionnelles et coûte plus de 900 millions d’euros par an d’indemnisations à l’Assurance maladie.

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  • "Déchets radioactifs : cent mille ans sous nos pieds ?" Ce soir, le débat est sur Public Sénat

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    Dans le sous-sol de Bure (Meuse), 80 000 m3 de déchets radioactifs doivent être stockés dans 15 km2 de galeries. Photo AFP

    ledocu logo.jpgCreusé dans la glaise meusienne, le laboratoire de recherches de l’ANDRA est le prélude du futur site de stockage de déchets radioactifs à vie longue (cent mille ans) qui accueillera sans doute ses premiers "colis" radioactifs en 2025.

     

    hennequin.jpegSon installation à Bure, village de 90 habitants entre Meuse et Haute-Marne, anime depuis près de vingt ans une guerre entre les opposants et l’ANDRA, promoteur du site.  "Déchets radioactifs : cent mille ans sous nos pieds ?", un documentaire de Dominique Hennequin, produit par Nomades TV, redonne les éléments du débat sur la chaîne Public Sénat, ce soir, à 22h30.

    La manne nucléaire fait débat

    Pour accueillir le centre industriel de stockage géologique des déchets radioactifs (Cigéo) de Bure,  deux départements bénéficient chacun de 30 millions d'euros d’aides annuelles, qui financent les routes du département mais aussi les salles des fêtes, la rénovation des églises et… les entreprises privées du département. Développement économique pour les uns, achat des consciences pour les autres au vu des dangers potentiels d'un tel site :  la manne nucléaire fait débat.

    Quelle fiabilité pour le stockage des déchets radioactif à vie longue ?

    Le projet de stockage de déchets radioactifs à haute activité et vie longue est-il fiable ? Oui pour les ingénieurs de l’ANDRA, qui s’emploient à le démontrer. Non pour des scientifiques indépendants et les écologistes qui pointent les lacunes et les dangers de ce projet unique au monde. L'exemple des fuites de saumures radioactives du site d'enfouissement de déchets nucléaires de Asse (Allemagne) ou le scandale du site de déchets toxiques de Stocamine de Wittelsheim (France) doivent-ils nous faire craindre le pire? Et comment assurer la sécurité de ces sites pendant cent mille ans ? Au contraire, l’enfouissement est-elle la meilleure des solutions pour ces déchets dont, à vrai dire, on ne sait que faire ?

    Du "débat public" à une "conférence de citoyens"

    Le "débat public"  sur le projet d'enfouissement de Bure  a officiellement été lancé cette année. Pas vraiment démocratique, selon les opposants, il a tourné court. Le Réseau Sortir du nucléaire a même appelé au boycott du débat. Pour redonner un semblant de démocratie participative à une consultation qui a tourné court et a été remplacée par de simples séances de questions-réponses sur Internet, une vingtaine de représentants de la société civile vont prendre part, de mi-décembre à mi-février 2014, à une "conférence de citoyens". La tenue de cette conférence a été décidée en juillet, par la Commission nationale du débat public (CNDP).

    Pour le site de stockage, la décision finale est prévue après le vote d’une loi en 2015.

    Cathy Lafon

    • "Déchets radioactifs : cent mille ans sous nos pieds ?" Sur Public Sénat, lundi 16 décembre à 22h30. Durée : 52 minutes. Suivi d’un débat animé par Benoît Duquesne. Rediffusion :  samedi 21/12/2013 à 22h00,  dimanche 22/12/2013 à 18h00, lundi 23/12/2013 à 17h15. 

    A ECOUTER

  • Gironde : la tortue cistude, une espèce animale en danger

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    Des tortues cistudes dans une zone humide. Photo Parc régional des Landes de Gascogne

    Il n'y a pas que les ours polaires, les loups, les ours ou les poissons des grands fonds qui soient menacés d'extinction sur la planète. Certaines espèces, particulièrement (trop) paisibles sont aussi en déclin, et elles vivent même parfois tout près de chez nous, comme la tortue cistude, en Gironde.

    cistude_nid predate.JPGLes faits

    En octobre dernier, un site de ponte majeur des tortues cistudes d’Europe, à la limite de la réserve naturelle des Marais de Bruges en Gironde, a été détruit par des bulldozers (ci-contre, un nid de ponte prédaté). Le terrain en question qui appartenait à la CUB (communauté urbaine de Bordeaux) a été vendu à l’entreprise de transports Ducros située à proximité et qui souhaitait s’étendre. L'entreprise qui réalisait les travaux a envoyé ses bulldozers, alors que c'était justement la période de ponte des tortues. La faute à qui ? A tout le monde et à personne. Ce qu'il y a de sûr, c'est que, vu la proximité avec la réserve naturelle, la CUB aurait dû indiquer à l'acheteur de façon plus claire la présence d’une espèce protégée et imposer un cahier des charges plus sévère, établi conjointement avec la Sepanso.

    catherine greze.jpgLes écolos sur le pont

    Une tortue, ça ne fait pas de bruit, ça ne peut pas s'enfuir en vitesse pour éviter le danger et ça n'est pas non plus vraiment agressif : trois raisons pour avoir l'ardente obligation de les défendre, lorsqu'elles sont menacées. Les écologistes, c'est leur boulot, se sont donc émus de la situation et Catherine Grèze, députée européenne du Sud-Ouest, a décidé de saisir la Commission européenne.

    cistude femelle marquee.JPGPourquoi tant de bruit pour des tortues ?

    La tortue cistude, une petite tortue d'eau douce des marais, discrète et farouche, dite aussi tortue de Brenne, est une espèce aux populations peu abondantes. On la chance d'en trouver en Aquitaine, sur le territoire du Parc régional des Landes de Gascogne. Et donc dans le marais de Bruges.  "La cistude est la seule tortue aquatique continentale et la seule espèce autochtone en France métropolitaine. Sa population connaît aujourd’hui un déclin très rapide, c’est pourquoi l’Europe a décidé de la protéger en la classant parmi les espèces communautaires.", argumente l'eurodéputée. La France a donc "comme responsabilité d’éviter toute détérioration de cette espèce et de ses habitats", ajoute-t-elle.

    "On marche sur la tête"

    Le paradoxe, c'est quand même que le site de ponte détruit, se situe près d'une réserve naturelle, celle des Marais de Bruges, où le plan de renforcement de l’espèce vient juste de s’achever... Des sommes considérables ont d'ailleurs été investies pour sauver la tortue cistude.  Ce qui fait dire à Catherine Grèze: "Aujourd’hui, tous ces efforts sont anéantis par quelques coups de bulldozers. On marche sur la tête !"

    Sur ce point, on ne saurait lui donner tort. 

    Cathy Lafon

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