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  • "Ours, mythes et réalités" : une exposition exceptionnelle s'ouvre à Toulouse

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    Naturalisée au Muséum d'histoire naturelle, l'ourse Cannelle est la star de l'exposition consacrée à l'ours qui s'ouvre à Toulouse le 11 octobre 2013 Photo AFP

    Le Muséum d'histoire naturelle de Toulouse accueille à partir de ce vendredi 11 octobre une exposition exceptionnelle consacrée à l'ours : "Ours, mythes et réalités".
     
    Intérêt national
     
    Le prestigieux label du ministère de la Culture « Exposition d'intérêt national » vient d'être délivré au Muséum toulousain pour cet événement qui veut faire la part du mythe universel et de la réalité concernant un animal, jouet fétiche pour les enfants du monde entier, pourtant souvent diabolisé. Le public pourra notamment découvrir l'ourse Cannelle, naturalisée après avoir été tuée par un chasseur il y a neuf ans.
     
     

    L'ours, "cultissime"

    Au Moyen-Âge, les autorités religieuses encourageaient la chasse à l'ours pour mettre fin aux survivances du culte de l'ours chez les Celtes et les Germains. C'est ainsi que le plantigrade se retrouve retranché dans les massifs montagneux. Bien plus tard, au début du XXème siècle, l'ours devient un jouet en peluche, en Allemagne, en 1903. Gros succès commercial immédiat pour "nounours" qui franchit l'Atlantique et devient Teddy Bear aux Etats-Unis. En 1907, il s'en vend plus d'un million dans le monde. On en trouve aujourd'hui de toutes les formes, de toutes les couleurs et de toutes les matières.

    "Bonne nuit, les petits !"

    Jouet et objet de collection, l'ours est devenu le cadeau universel de naissance par excellence. Personnage de contes et de livres pour enfants, de "Boucle d'or et les trois ours" à "Winnie l'ourson", il hante aussi les films d'animation, comme le célèbre Balou, dans "Mowgli et le livre de la Jungle" de Walt Disney. "Nounours" est même le héros d'un des tout premiers feuilletons télévisés pour enfants diffusés en France dans les années 1960 : "Bonne nuit, les petits"... Bref, l'ours est partout. Rassurant et inquiétant en même temps, il forge notre inconscient et peuple notre imaginaire. Il est tout à la fois "l'autre", le symbole d'une nature forte, sauvage et imprévisible, et une part de nous-mêmes.

     

    ours blanc.jpgEspèce menacée
     
    Les ours sont chassés depuis la préhistoire pour leur viande et leur fourrure. C'est à l'époque moderne que l'animal mythique devient une espèce menacée, comme bien d'autres. Partout dans le monde, les populations ursines sont victimes de pressions humaines, comme celles des éleveurs dans les Pyrénées, de l'empiètement de l'homme sur son habitat naturel, de l'artificialisation et de la fragmentation des forêts, du réchauffement climatique et du commerce illicite. Selon l'UICN, six espèces d'ours sont considérées comme vulnérables ou menacées d'extinction, comme l'ours blanc polaire. S'il n'est pas classé parmi les espèces menacées au plan mondial, l’ours brun, l’ursidé le plus répandu, est menacé de disparition dans le sud de l’Europe, en France, et dans le sud et le centre de l’Asie. Le braconnage et le commerce international des populations les plus menacées sont interdits, mais se pratiquent toujours. 
     
    L'irrationalité des peurs pyrénéennes
     
    Sans les lâchers d’ours de 1996-97 et 2006, l'ours aurait disparu des Pyrénées françaises... Dans une agriculture de montagne fragilisée, qui vit sous la perfusion des aides européennes,  il a cristallisé les peurs et les oppositions au moment de la réintroduction de l'ourse slovène Ziva en 1996. Bergers et chasseurs font front commun contre la bête jugée responsable des attaques de troupeaux. La déraison et l'exaspération atteindront leur point culminant en 2004 quand un chasseur abattra Cannelle, la dernière ourse de souche pyrénéenne pure. Aujourd'hui, Cannellito (son fils), Hvala, Pyros, Pollen, Néré et tous les autres ours présents dans les Pyrénées, perpétuent l’espèce dans ces montagnes qui sont aussi les leurs et qui comptent actuellement environ 25 ours.
     
    ours visite.jpgChouchou des Français et des Pyrénéens
     
    Pourtant, depuis 1992, cinq études d'opinion et plusieurs consultations du public ont été réalisées sur l'acceptation sociale de la présence de l'ours dans les Pyrénées : toutes se sont révélées favorables au plantigrade. Qu'elles aient été menées à l'échelle nationale : 88 % d'opinions favorables en 2003 (IFOP), ou dans les Pyrénées : 77 % dans les Pyrénées-Atlantiques en 2003 et 84 % dans les Pyrénées centrales en 2005. Dans les Pyrénées, professionnels et commerçants pyrénéens interrogés sur la présence de l'ours et la valorisation du territoire et leur activité sont tout aussi formels : 58,7 % d'entre eux considèrent que l'image de l'ours devrait être utilisée pour le développement touristique des Pyrénées. Les anti-ours sont en réalité très minoritaires, en dépit de leur lobbyisme actif et parfois violent.
     
    ours main homme.jpgL'expo de la réconciliation ?
     
    L'ours représente la part  d’animalité dans laquelle l’Homme  se reconnaît, mais qu’il cherche à exorciser : il est donc question  d’histoires d’ours mais aussi de l’histoire commune entre l’homme et l’ours qui renvoie à celle de l'homme, face à lui-même. L'initiative du Muséum devrait être ainsi une bonne opportunité pour dépasser les polémiques stériles pro et anti-ours, en s'arrêtant pour une fois sur des questions de fond. Selon les mots de sa conceptrice, l'exposition est l'occasion de "s’interroger sur nous-mêmes et sur ce qu’on veut pour nos enfants demain…": un monde où l'on survit sans la nature, ou un monde où l'on vit avec la nature.
     
    "Celui que l’on ne peut exclure sans nous renier nous - mêmes"
     
    Laissons le dernier mot à l'association Pays de l'ours-Adet, qui lutte depuis des années pour la préservation de l'ours et que cette exposition émeut et réjouit tout à la fois :  "Si proche mais si différent, à la fois familier et sauvage, voisin sympathique mais incontrôlable, l’ours, c’est l’autre, celui que l’on ne peut exclure sans nous renier nous - mêmes".
     
     
    PRATIQUE

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    • Découvrez la chronologie interactive de l'histoire de la préservation de l'ours dans les Pyrénées en cliquant ICI
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    • Les articles de "Ma Planète" sur les ours : cliquer ICI
  • Pyrénées :pourquoi la guerre de l'ours est rallumée

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    Dans les Pyrénées françaises, l'ours fâche toujours. Photo archives AFP

    Depuis la réintroduction en 1996 de l'ours dans les Pyrénées, côté français, bergers et défenseurs du plantigrade, animal protégé, n'ont jamais vraiment enterré la hache de guerre. La saison d'estive 2013 qui s'achève ce lundi 30 septembre, marque pourtant une résurgence insolite de la polémique et un durcissement dans les affrontements entre les pro et les anti. Les accusations violentes et les noms d'oiseau pleuvent. Mais que se passe-t-il donc dans le massif pyrénéen ? Décryptage.

    L'affaire du dérochement de Pouilh

    Pouilh, Ariège, 9 septembre : sur une estive, une trentaine de brebis affolées dérochent (chutent dans le vide) d'une falaise. Pour le berger qui découvre le cadavres au petit jour, traumatisé on s'en doute, c'est clair : c'est la faute de l'ours qui a effrayé le troupeau.  L'Addip-Aspap (l'Association pour le Développement Durable de l’Identité des Pyrénées, opposée à l'implantation des grands prédateurs) évoque aussitôt des "agneaux lacérés par les oursons qui suivaient la mère". Pour les pro-ours qui défendent le plantigrade protégé c'est loin d'être aussi sûr. L'expertise menée sur place par les agents de l'ONCFS le 11 septembre, perturbée par les opposants à l'ours, ne parvient pas à prouver que les ours étaient à l'origine de l'accident où une trentaine de brebis a chuté dans une ravine. Ce qui  fait dire à la Préfète de l'Ariège des anti-ours qui ont troublé l'expertise, qu'ils sont  'vulgaires et irrationnels". Sympa.

    ours adet.jpgAction "Vigie Ours"

    Un mois auparavant, fin juillet, dans le Courserans, les anti-ours avaient organisé une battue destinée à montrer qu'ils sont prêts à tuer l'animal protégé, délit passible de sept ans de prison. La riposte des pro-ours arrive le 17 septembre : l'association de protection de l’ours Ferus lance une action « Vigie Ours » dans les Pyrénées. Elle appelle "les utilisateurs de la montagne" à traquer tout indice qui pourrait faire penser à "une action de braconnage" contre l’animal : pots de miel remplis de verres pilés, agitation inquiétante sur un secteur, présence inexpliquée de cadavres qui pourraient être empoisonnés…

    Dispositif de protection de l'Etat boycotté

    C'est aux alentours du Courserans où vivent vingt des vingt-deux ours recensés dans les Pyrénées que les  attaques sont les plus nombreuses : 73 % des prédations de brebis imputées au plantigrade sur la chaîne cette année ont été recensées dans les dix mêmes estives. Paradoxalement, seule une minorité d'entre elles ont adopté le "dispositif de protection" proposé par l'Etat : des chiens patous et des enclos pour regrouper le troupeau avant la nuit. Explication : les éleveurs ne croient pas à son efficacité, et jugent le procédé "inadapté au relief ariégeois et contraire à la pratique du pastoralisme". Dont acte.

    alain reynes.jpgLes dégâts d'ours en baisse de 36%

    Si le Courserans concentre l'essentiel des dégâts d'ours, les bilans officiels des prédations des plantigrades connaissent cependant une baisse significative. En 2013, sur les huit premiers mois de l'année, ils s'annoncent même parmi les plus bas depuis 15 ans.  La baisse est de 36% : le nombre de d'animaux d'élevage tué par les ours est passé de 180 en 2012 à 116 en 2013, alors que le nombre d'ours a très légèrement augmenté. Chutes, maladies, foudres, prédation... : "il meurt environ 25 000 brebis par an dans les Pyrénées, dont seulement 250 à cause l'ours", précise Alain Reynes, le directeur de Pays de l'ours-Adet.  

    "Une affaire de gros sous"

    Alors, pourquoi soudain tant de bruit et surtout, pourquoi tant de haine ? Si les morts de bétail imputées à l'ours sont indemnisées par l'Etat (176 euros la brebis), les éleveurs sont particulièrement remontés en cette fin de saison contre l'animal qu'ils accusent de saccager leur travail et de les atteindre aussi durablement leur moral, alors que les dégâts d'ours sont en diminution. Alain Reynes, qui reconnaît l'impact psychologique pour les éleveurs que représente la perte de leurs animaux, le relativise toutefois. Pour lui c'est clair comme de l'eau de roche : le fond de l'histoire serait une affaire de gros sous. Le défenseur des ours veut y voir une stratégie et relève qu'à la fin de l'année 2013 s'achève le Plan de soutien à l'économie de montagne, mis en place en 2007 : "S'en prendre à l'ours, est le meilleur moyen trouvé par les éleveurs pour attirer les regards sur le malaise de la profession et pour réclamer davantage d'aides, notamment à travers le Plan de soutien à l'économie de montagne mis en place en 2007. Celui-ci expire à la fin de l'année. Ce n'est pas un hasard si la tension monte autour de l'ours à proximité des négociations. Et le système ne fonctionne qu'à une seule condition : râler. "

    ours,animal protégé,polemique,prédationIndemnisées "au bénéfice du doute"

    Et râler, ça marche, si l'on en croit le dénouement de l'affaire du dérochement de Pouilh qui tendrait à donner raison à Alain Reynes. Le 24 septembre dernier, la décision tombe : les brebis victimes du dérochement en Ariège le 9 septembre, seront indemnisées « au bénéfice du doute ». Une décision qui "n'est même pas passée en commission d’indemnisation, alors que de source officielle aucun élément sur le terrain n’a permis de mettre en cause l’ours", commentent les défenseurs des ours. L’Association des Chambres d’Agriculture des Pyrénées (ACAP) se dit "préoccupée" et considère dans la "Dépêche du midi" que "ces évènements  interrogent clairement, la continuité de l’activité de l’élevage sur les territoires concernés ».  Pour les pro-ours, l'ACAP récupère en réalité la tension créée par l’Addip-Aspap pour négocier un plan d’aide à l’agriculture pyrénéenne de plusieurs dizaines de millions d’euros, dont plusieurs millions leur reviendront pour « l’animer »...

    ours,animal protégé,polemique,prédationDes sous !

    En clair, les pro-ours accusent les structures anti-ours d'instrumentaliser les dégâts d’ours, "alors qu'ils représentent moins de 1% des pertes de brebis dans les Pyrénées, mais elles n’hésitent pas à les inventer quand il en manque pour négocier les budgets voulus, comme cela a été le cas de manière flagrante pour le dérochement de Pouilh." Bon, ça,c'est fait. De leur côté, les anti-ours dénoncent les  dizaines de milliers d’euros octroyés aux associations environnementales par l'Etat. Dans un communiqué du 26 septembre, les pro-ours répondent en accusant les anti de négocier discrètement plusieurs millions pour "animer  un programme de plusieurs dizaines de millions d’euros, sur des fonds publics, bien entendu"....  A quoi l’ACAP réplique le 29 septembre que "ce n’est pas elle qui touche les millions d’euros « d’animation » intégrés dans les programmes d’aide à l’agriculture pyrénéenne". Oui, ce sont bien des structures "d’animation pastorale" , mais partenaires de l’ACAP, précise à son tour Pays-de-l'ours Adet. Et toc.

    L'ours, vraie vache à lait ?

    Ambiance, ambiance... Alors, paranos les pro-ours? Machiavéliques les anti? Les Pyrénées françaises, c'est pire que chez les Atrides! Et si l'on en croit les pro, pour les anti, le plantigrade tant décrié serait surtout une vraie vache à lait...  Ah, oui, au fait : et l'ours dans tout ça ? 

    Cathy Lafon

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  • Pyrénées: une action « Vigie Ours » pour dissuader les braconniers

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    Une association de protection de l’ours a lancé une action « Vigie Ours » dans les Pyrénées. Photo archives AFP 

    La guerre des anti contre les pro-ours est ravivée. L'association de protection de l’ours Ferus a lancé, mercredi 17 septembre, une action « Vigie Ours » dans les Pyrénées, en appelant les utilisateurs de la montagne à traquer tout indice qui pourrait faire penser à « une action de braconnage » contre l’animal.

    Une radicalisation contre les ours qui inquiète les associations

    Dans un communiqué, Ferus a lancé « un appel à tous les utilisateurs de la montagne sur les secteurs susceptibles d’être fréquentés par les ours » pour qu’ils signalent tout indice pouvant « faire penser à une action de braconnage »: pots de miel remplis de verres pilés, agitation inquiétante sur un secteur, présence inexpliquée de cadavres qui pourraient être empoisonnés… « On note depuis plusieurs semaines une radicalisation de l’opposition à l’ours », assure la vice-présidente de l’association Ferus basée en Haute-Garonne, Sabine Matraire.

    ours,pyrénées,conflit,polémique,braconnage,élevagePhilippe Martin, le ministre de l'Ecologie sur le grill

    « Jusqu’à présent, les anti-ours posaient des ultimatums aux préfectures et au ministère de l’Ecologie, en disant: "si vous ne faites rien, on s’occupera des ours". Mais maintenant, ils annoncent publiquement qu’ils vont passer à l’acte et tuer des ours! » « C’est peut-être du bluff – on l’espère – mais cette radicalisation nous inquiète et nous regrettons qu’il n’y ait aucune réaction du ministère de l’Ecologie », a-t-elle ajouté. L'association Pays de l'ours se demande de son côté s'il "y a encore en France un Ministre pour défendre l’Écologie", alors que depuis des mois, "les opposants à l’ours dans les Pyrénées multiplient les actions et propos violents et illégaux, sans la moindre réaction de l’État".

    Les dégâts d'ours en forte baisse

    De leur côté, les anti-ours se disent exaspérés par les attaques dont ils sont victimes. Les bilans officiels des dégâts d'ours connaissent cependant une baisse significative. En 2013, sur les huit premiers mois de l'année, ils s'annoncent même parmi les plus bas depuis 15 ans.  La baisse est de 36% : le nombre de d'animaux d'élevage tué par les ours est passé de 180 en 2012 à 116 en 2013, alors que le nombre d'ours a très légèrement augmenté. En Espagne, le nombre d'attaque a également chuté de 50 attaques l'an dernier à 12 cette année.

    L'affaire du dérochement de Pouilh

    Cette baisse incite les défenseurs du plantigrade à dénoncer les communications "alarmistes" selon eux,  des éleveurs et élus anti-ours, en parlant de "tentatives de manipulation des médias et de l'opinion". Dernière polémique en date, l'affaire du dérochement de Pouilh,l'Addip-Aspap (l'Association pour le Développement Durable de l’Identité des Pyrénées, opposée à l'implantation des grands prédateurs) a évoqué des "agneaux lacérés par les oursons qui suivaient la mère". L'expertise menée sur place par les agents de l'ONCFS le 11 septembre, n'a pas pu prouver que les ours étaient à l'origine de l'accident où une trentaine de brebis a chuté dans une ravine. 

     
    La cohabitation s'organise

    L'association Pays de l'Ours-Adet se réjouit au contraire de "la cohabitation qui s'organise," grâce aux moyens débloqués par l'Europe, l'Etat et les collectivités pour financer la modernisation de la profession et les moyens de protection des troupeaux.  Le pastoralisme et le tourisme ont tout à y gagner.

    L’ours ne subsiste plus en France que dans les Pyrénées, où il est menacé d’extinction. En 2012, les plantigrades étaient au moins 22 côté français ou espagnol.

    Cathy Lafon

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