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Nature - Page 423

  • Abeilles et pesticides : l'Europe s'inquiète enfin

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    Coup dur pour l'industrie des pesticides, mais vraie bonne nouvelle pour les petites ouvrières de la pollinisation, nos amies les abeilles, et pour les apiculteurs et les défenseurs de l'environnement : la Commission européenne pourrait proposer d'interdire l'utilisation de certains pesticides après les conclusions "inquiétantes" rendues aujourd'hui par l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur leur impact létal pour les abeilles.

    L'Europe va écrire aux fabricants des pesticides incriminés

    "L'EFSA a rendu mercredi des conclusions inquiétantes sur l'impact de trois types de produits sur le nectar et le pollen", a expliqué Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire européen en charge de la Santé et des Consommateurs. Une lettre va être adressée "cette semaine" aux groupes Bayer et Syngenta, qui produisent les pesticides comportant les trois néonicotinoïdes incriminés (clothianidine, imidaclopride et thiamethoxam), notamment le Cruiser OSR, pour leur demander de réagir à ce rapport, a annoncé Frédéric Vincent, précisant que les deux groupes avaient "jusqu'au 25 janvier pour répondre".

    Des Etats européens, dont la France, ont déjà interdit, totalement ou pour partie, l'usage de ces pesticides

    pesticides,abeilles,efsa,europe,apiculture,commission européenneCertains Etats membres n'ont pas attendu l'avis de l'EFSA et ont déjà pris des mesures au plan national. En France, le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a ainsi retiré le 29 juillet 2012, l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser OSR utilisé en traitement de semence pour le colza. Reste son usage pour le maïs qui, bien que contesté, n'a pas été à ce stade définitivement banni.  L'Italie et l'Allemagne interdisent l'usage des pesticides incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles, et la Slovénie pour toutes les plantes.

    Un impact létal avéré sur les abeilles

    La Commission européenne souhaite arrêter une ligne de conduite au niveau de l'UE, pour aller si nécessaire vers une interdiction des produits incriminés. Au fil des ans, les études scientifiques ont permis d'établir que les pesticides dits "systémiques" ou "néonicotinoïdes" ont bien un impact létal sur les abeilles, qu'ils désorientent, au point que certaines ne savent plus revenir à leurs ruches. En une quinzaine d'années, leur mortalité est passée de 5 à 30%.

    L'Europe prendra "les mesures qui s'imposent"

    Les apiculteurs, qui ont déjà obtenu le retrait du Régent et du Gaucho (Bayer), vont se réjouir des conclusions de l'EFSA. En revanche, comme on peut s'y attendre, c'est la soupe à la grimace pour les fabricants qui insistent de leur côté sur l'impact économique de la suppression de leurs pesticides. Quant à la Commission européenne, elle continue son travail politique et a décidé d'inscrire le sujet à l'ordre du jour de la réunion du comité permanent de l'UE en charge de ces questions prévue le 31 janvier. "La Commission, avec les Etats membres, prendra les mesures qui s'imposent", a conclu le porte-parole.

    Décidément, la planète qui pleure souvent, a quelques raisons de sourire en ce début 2013...

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    Les conclusions de l'EFSA sur son site : cliquer ICI

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  • Fil vert. Landes : EDF abandonne le projet de stockage de gaz souterrain

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    Le dimanche 22 janvier 2012, plus de 700 personnes avaient bravé le froid et la pluie pour participer à Messanges (40) à l'une des manifestations organisée par le collectif contre le projet d'EDF, de stocker du gaz dans des cavités salines en Chalosse et la création d'un saumoduc censé acheminer la saumure dans la mer. Photo archives Jean-Marc Flipo

    EDF renonce à son projet de stockage souterrain de gaz naturel en Chalosse : c'est une info "Sud Ouest", révélée le 13 janvier, qui en a surpris plus d'un et qui réjouit les écolos de la région. Dans les Landes, l'année 2013 commence bien pour la planète !

    Henri Emmanuelli, le président du Conseil général des Landes a annoncé dimanche l'abandon du projet de saumoduc et donc de stockage de gaz dans le sud du département. Baptisé Salins des Landes, ce projet devait permettre à EDF de stocker 600 millions de m³ de gaz et avait besoin pour nettoyer le sel des cavités d'être relié à l'océan. L'investissement devait être 650 millions d'euros. Quant au coût du risque environnemental, il était jugé beaucoup trop élevé par les riverains et les écologistes locaux, pour pouvoir justifier le projet.

    « Comme je m'y étais engagé,  a expliqué Henri Emmanuelli à "Sud Ouest", je suis resté extrêmement vigilant sur ce projet de stockage souterrain de gaz naturel en cavités salines dans le secteur de Pouillon. Je n'étais pas favorable au rejet de la saumure sur la côte sud des Landes, qui était incompatible avec l'image touristique de notre département. Les études, dont nous avons toujours souhaité qu'elles aillent à leur terme, ont démontré que la rentabilité de ce projet était très aléatoire et son intérêt économique pas assez convaincant. Faute de solutions alternatives, j'ai obtenu du PDG d'EDF, Henri Proglio, que le projet soit arrêté. Ce dont je tiens à le remercier ». 

    "Le devoir de préserver ce qu'il reste de notre nature"

    L'association Riverains stockage gaz de Mimbaste et la Sepanso-Landes font état de leur soulagement et se réjouissent de cette décision. Le collectif Stockage-gaz Landes des opposants au projet, des Amis de la Terre des Landes aux associations locales d'habitants, qui s'alarmaient de voir mettre en péril la sécurité des citoyens et l’intégrité du patrimoine naturel landais, laisse aussi éclater sa satisfaction sur son site internet. Sans vouloir entrer dans une éventuelle querelle de "la paternité" de cette "victoire" sur EDF. Mais en réaffirmant sa motivation première : "Nous avons le devoir de veiller à préserver tout ce qu’il reste de notre nature, parce qu’elle est bien sûr au coeur de notre tissu économique, mais surtout parce qu’elle reste le trésor commun qui donne un sens à la vie landaise."

    Dont acte.

    Cathy Lafon

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  • Arctique : "Le passage du Nord-Ouest, révélateur du changement climatique ?"

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    Le 21 septembre, l'équipage de Coriolis 14 franchit le détroit de Bering.

    Vous vous rappelez de Coriolis 14 ? C'est l'expédition bordelaise conduite par Daniel Boulogne, partie à la voile de La Rochelle, le 21 juin dernier, faire la preuve du réchauffement climatique et le tour du monde par les deux pôles, en empruntant le passage du Nord-Ouest au pôle Nord.

    Après trois mois de mer, le voilier de plaisance franchissait le détroit de Béring dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 septembre, à 17H04, heure locale, montrant qu'on peut aujourd'hui faire le tour du monde en simple voilier par les pôles. Le 29 septembre, Ma Planète s'en faisait l'écho, suscitant de nombreux commentaires d'internautes. Certains admirent l'exloit, mais d'autres contestent le réchauffement climatique et le fait que le passage du Nord-Ouest en soit bien le révélateur. Alors, qui dit vrai ?

    voilier,expédition scientifique,fonte glace,banquise,arctique,coriolis 14,réchauffement climatiqueMa Planète a fait sa petite enquête... 

    Le passage du Nord-Ouest est le passage maritime nord qui relie l'océan Atlantique à l'océan Pacifique en passant entre les îles arctiques du grand Nord Canadien. Il s'avère que cette traversée, mythique pour de nombreux marins et uniquement franchissable durant le court été arctique, atttire de plus en plus de plaisanciers,  précisément grâce au réchauffement climatique qui la rend plus facile depuis deux ou trois ans. Mais pas exempte de risques.Selon Frédéric Lasserre, professeur au département Géographie de l'université de Laval, au Québec : "L'ouverture est très variable d'une année sur l'autre. Depuis 2009-2010, ce sont les chenaux du nord qui s'ouvrent plus longtemps, comme le détroit de McClure". Jusque dans les années 1980, il était quasiment impossible de s'aventurer dans cette région en bateau à voile, à cause des glaces dérivantes, ou alors il fallait prendre le risque de devoir hiverner pendant plusieurs années. Mais aujourd'hui, il y a beaucoup moins de glace et plusieurs chenaux sont empruntables pendant quelques jours ou quelques semaines, en été. En 2009, une vingtaine de voiliers, dont celui du célèbre navigateur Philippe Poupon, acccompagné de sa famille, réussissent ainsi la traversée nordique. A bord de "Fleur australe," Poupon veut mettre son expérience au service de la protection de la planète et décide d'emprunter cette route, qu'il décrit alors comme pionnière pour  un bateau de plaisance classique. En 2012, ils sont aussi une vingtaine de bateaux à avoir emprunté ce passage, dont Coriolis, qui est le 88ème à avoir effectué cette traversée depuis 1906. Et c'est bien le réchauffement climatique qui rend possible ces expéditions à la voile qui sont toujours autant de petits exploits, tant la météo reste dangereuse et difficilement prévisible dans cette région du globe.

    ... et Coriolis14 apporte ses précisions

    En ce début d'année, Coriolis est loin d'avoir fini son tour du monde "climatique" par les deux pôles, et le voilier navigue actuellement au large de l'Equateur et du Pérou (Amérique du Sud). C'est l'occasion pour Ma Planète d'envoyer ses voeux écolos du nouvel an à ces Bordelais du bout du monde, en publiant leur réponse, rédigée par Arnaud Pruvost, coordinateur scientifique de l'expédition.

    Cathy Lafon


     Passage du Nord-Ouest, révélateur du changement climatique ?

    Vidéo réalisée par Coriolis 14, postée de Nuuk, 1er novembre 2012

    Pour faire simple, le passage du Nord-Ouest est la voie maritime qui permet de passer de l’Atlantique Nord au Pacifique Nord via le Groenland, les iles Canadiennes, l’Alaska et enfin le détroit de Béring. C’est aussi le passage emprunté par l’expédition Coriolis pour effectuer son tour du monde par les deux pôles.

    Rares sont les navires à avoir réussi cette traversée

    voilier,expédition scientifique,fonte glace,banquise,arctique,coriolis 14,réchauffement climatiqueCe passage du Nord-Ouest (PNO) (image ci-contre) est pourtant une des voies navigables les plus difficiles puisqu’il est partiellement recouvert de glace l’hiver et aujourd’hui libre de glace quelques semaines à la fin de l’été.  D’ailleurs rares sont les navires à avoir réussi cette traversée.

    voilier,expédition scientifique,coriolis 14,réchauffement climatiqueSi Vitus BERING (ci-contre) a découvert et franchi au 18ème siècle le détroit qui depuis porte son nom, le premier navigateur à avoir réussi le passage du Nord- Ouest que l’Histoire a retenu n’est autre que Roald AMUNDSEN en 1906, il y a 106 ans seulement. Il lui aura fallu tout de même 3 années (en comptant les hivernages) pour réussir cet exploit.

    Le premier français et le 6ème de l’Histoire à l’avoir franchi est JANUZ KIRIEK, entre 1982 et 1988. Ce chercheur d’origine polonaise étudie le climat à Nome où notre expédition a pu le rencontrer. Il n’y a eu que quatre navires à avoir réussi cet exploit en 82 ans, preuve s’il en est de la difficulté.

    Enfin en 1999, le dernier bateau du 20ème siècle à avoir franchi ce passage constitue alors le treizième passage.  7 bateaux en 11 ans : le passage est plus accessible.

    Quatre facteurs ont permis l’accessibilité du PNO aux navires de plaisance (les passages commerciaux ne sont pas pris en compte, leurs routes étant ouvertes par des brises glaces nucléaires): le GPS qui permet un géolocalisation précise ; la distribution des cartes des glaces, jadis réservées aux militaires ; l'OPEN PORT : le téléphone et l’accès à Internet à bord ; les balises de détresse.

    C’est ainsi qu’entre 2000 et 2012 il y a eu 75 autres navires à franchir le PNO. Le Coriolis est  donc le 88ème à emprunter ce passage depuis Amundsen.

    Comme l’atteste cet historique, cette route est de plus en plus praticable pour les petites embarcations. Cela démontre en partie une fonte des glaces (corroborée par les mesures de la banquise) toujours plus importante puisque l’expédition Coriolis est le premier bateau en coque plastique, certes solide, mais de fabrication commerciale, sans renfort particulier,  à avoir emprunté le passage du Prince de Galles et le premier à débarquer au village de SARTH HARBOUR.  L’ouverture de nouvelles voies maritimes est donc une preuve et une conséquence de plus du changement climatique.

    Ces références proviennent du centre d’observation Amundsen de NOME (Alaska).

    Arnaud PRUVOST, coordinateur scientifique de l’Expédition Coriolis, pour Daniel BOULOGNE, responsable de l’expédition.