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Une plage en Gironde au mois de décembre 2012. Photo archives Ma Planète
Un jour, selon les scientifiques, les océans auront disparu de la surface du globe. Adieu, la planète bleue ! Pas de panique pour organiser vos vacances d'été, ce n'est pas vraiment demain la veille.
Une étude française
Selon une étude française publiée par la revue "Nature" le 12 décembre, l'augmentation progressive et très lente de la luminosité du Soleil conduira inexorablement à l'évaporation des océans et à la disparition de l'eau sur Terre dans près d'un milliard d'années. La bonne nouvelle, c'est que le modèle scientifique imaginé par une équipe du Laboratoire de météorologie dynamique (CNRS, UPMC, ENS, Ecole polytechnique) repousse des estimations antérieures «de plusieurs centaines de millions d'années», souligne le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Le réchauffement climatique n'est pas responsable
Comme toujours, on cherche des responsables. Cette évolution prédite du climat terrestre à l'échelle des temps géologiques n'a pas de lien avec le réchauffement climatique causé par l'homme. C'est l'augmentation du rayonnement solaire qui est en cause. La luminosité du Soleil devrait aller croissant au cours des prochaines de centaines de millions d'années. Les températures terrestres devraient ainsi augmenter jusqu'à atteindre en surface les 70°C... Inutile de le préciser, le réchauffement climatique que nous connaissons aujourd'hui, à côté de ce qui attend la planète, c'est peanuts.
Dans un tel scénario, l'emballement de l'effet de serre est garanti et les eaux que contiennent les océans finiraient par bouillir, avant de s'évaporer. Pas sûr, toutefois, que l'espèce humaine soit encore sur Terre ce jour-là pour pouvoir le déplorer.
Des tortues cistudes dans une zone humide. Photo Parc régional des Landes de Gascogne
Il n'y a pas que les ours polaires, les loups, les ours ou les poissons des grands fonds qui soient menacés d'extinction sur la planète. Certaines espèces, particulièrement (trop) paisibles sont aussi en déclin, et elles vivent même parfois tout près de chez nous, comme latortue cistude, en Gironde.
Les faits
En octobre dernier, un site de ponte majeur des tortues cistudes d’Europe, à la limite de la réserve naturelle des Marais de Bruges en Gironde, a été détruit par des bulldozers (ci-contre, un nid de ponte prédaté). Le terrain en question qui appartenait à la CUB (communauté urbaine de Bordeaux) a été vendu à l’entreprise de transports Ducros située à proximité et qui souhaitait s’étendre. L'entreprise qui réalisait les travaux a envoyé ses bulldozers, alors que c'était justement la période de ponte des tortues. La faute à qui ? A tout le monde et à personne. Ce qu'il y a de sûr, c'est que, vu la proximité avec la réserve naturelle, la CUB aurait dû indiquer à l'acheteur de façon plus claire la présence d’une espèce protégée et imposer un cahier des charges plus sévère, établi conjointement avec la Sepanso.
Les écolos sur le pont
Une tortue, ça ne fait pas de bruit, ça ne peut pas s'enfuir en vitesse pour éviter le danger et ça n'est pas non plus vraiment agressif : trois raisons pour avoir l'ardente obligation de les défendre, lorsqu'elles sont menacées. Les écologistes, c'est leur boulot, se sont donc émus de la situation et Catherine Grèze, députée européenne du Sud-Ouest, a décidé de saisir la Commission européenne.
Pourquoi tant de bruit pour des tortues ?
La tortue cistude, une petite tortue d'eau douce des marais, discrète et farouche, dite aussi tortue de Brenne, est une espèce aux populations peu abondantes. On la chance d'en trouver en Aquitaine, sur le territoire du Parc régional des Landes de Gascogne. Et donc dans le marais de Bruges. "La cistude est la seule tortue aquatique continentale et la seule espèce autochtone en France métropolitaine. Sa population connaît aujourd’hui un déclin très rapide, c’est pourquoi l’Europe a décidé de la protéger en la classant parmi les espèces communautaires.", argumente l'eurodéputée. La France a donc "comme responsabilité d’éviter toute détérioration de cette espèce et de ses habitats", ajoute-t-elle.
"On marche sur la tête"
Le paradoxe, c'est quand même que le site de ponte détruit, se situe près d'une réserve naturelle, celle des Marais de Bruges, où le plan de renforcement de l’espèce vient juste de s’achever... Des sommes considérables ont d'ailleurs été investies pour sauver la tortue cistude. Ce qui fait dire à Catherine Grèze: "Aujourd’hui, tous ces efforts sont anéantis par quelques coups de bulldozers. On marche sur la tête !"
Des sans abris, dans le jeu-documentaire d'Arte "Fort McMoney". Photo ARTE
Exploitation du pétrole au Canada, exploitation des gaz de schistes en France et en Europe, exploitation des énergies fossiles de l'Arctique... Les polémiques sont vives. Que faut-il faire ? Provoquer des crises écologiques pour éviter une crise économique et énergétique majeure, ou l'inverse ? Et si on lançait l'enquête soi-même ? Et si on jouait à changer le monde ? Avec "Fort McMoney", Arte a lancé la partie, le 25 novembre dernier.
Une première du genre sur le web
Entre web-documentaire et jeu vidéo,"Fort McMoney", est une révolution dans le monde du web-doc. Imaginé par un Français, le journaliste, créateur et réalisateur David Dufresne, installé à Montréal depuis deux ans, le jeu-documentaire gratuit propose aux internautes de participer aux débats et de faire valoir leurs arguments sur une question précise: celle de l’exploitation pétrolière au Canada et de ses conséquences environnementales et sociales. En menant une véritable enquête journalistique, avec ses errements, ses bugs et ses trouvailles, dans un jeu qui se déroule en trois parties, de quatre semaines chacune.
Le réalisateur est connu pour avoir déjà signé, il y a quatre ans, le très innovant web-documentaire "Prison valley" sur l’industrie pénitentiaire aux Etats-Unis, pour lequel il a décroché un prestigieux prix World Press en 2011. Avec "Prison valley", David Dufresne a créé une nouvelle forme d'écriture audiovisuelle, plus circulaire et expérimentale dans une histoire où, grâce à une navigation personnalisée, l'internaute-spectateur est immergé et impliqué afin de devenir co-auteur lui-même de la narration. Le récepteur n'est plus passif, mais mène sa propre enquête, à son rythme.
On est bien d'accord, la question environnementale forme un sujet tout aussi grave que celui de la prison, avec des répercussions politiques et sociales, essentielles pour l'humanité. Par ailleurs, sauver la planète n'est pas un jeu. Mais, pour David Dufresne, la Terre peut avoir aussi besoin de l’interactivité d’un jeu interplanétaire, pour qu’on rappelle l’urgence à laquelle elle est soumise à l'heure du changement climatique et de la surexploitation de ses ressources. Tels sont le sujet et l'objet de son nouveau projet numérique, "Fort McMoney", où il tente d’aller encore plus loin qu'avec un simple webdoc. Avec pour défi: "toujours faire en sorte que le jeu soit au service du documentaire " et non l’inverse, en y juxtaposant l’exploitation des sables bitumineux pour la production de pétrole nécessaire à l'une des principales économies mondiales, et l’impératif environnemental.
Les lieux et le contexte du jeu
Communauté de la province de l’Alberta (ouest du Canada) à un peu plus de 400 km au nord d’Edmonton, Fort McMurray, surnommée "FortMcMoney" dans le documentaire, respire le pétrole et contribue pour 7% du volume total de gaz à effet du Canada. Le pétrole y est extrait des sables bitumineux dont les écologistes dénoncent une exploitation aux effets dévastateurs pour l’environnement (photo ci-contre). Début octobre, vingt et un prix Nobel, dont l'archevêque sud-africain Desmond Tutu, ont jugé"l’impact désastreux sur les changements climatiques" de ces pétroles non conventionnels et ont appelé l'Union européenne à légiférer contre eux. A l’inverse, le Canada met en avant l'autonomie énergétique que ces pétroles lui procurent.
"L'industrie, le social et l'environnemental"
Une fois entré dans ce jeu documentaire, l'internaute explore trois facettes de cette région hors du commun, "l’industrie, le social et l’environnemental", explique David Dufresne. Pour cela, à l'instar d'un journaliste qui mène sa propre enquête et veut se forger une opinion, le joueur pose ses propres questions à tous les acteurs clés de ce documentaire : les patrons des compagnies pétrolières, le maire de la ville, les tenanciers de bars, les travailleurs parqués dans des baraquements sommaires ou divers lobbyistes. Au total, ce sont des centaines de combinaisons qui ont été imaginées par les concepteurs du jeu.
"La ville de Fort McMurray évolue en fonction de l'interactivité"
Comme dans un jeu vidéo, le joueur progresse et va franchir des étapes. L'originalité est qu'on joue à "Fort McMoney" en réseau. Ainsi, tous les dimanches soirs, en fonction du vote des participants, la ville de Fort McMurray, reproduite virtuellement, va bouger, l’environnement du documentaire sera modifié en fonction de la majorité et ceci pendant chacune des trois parties.
"Prenez-vous en main ! "
Avec "Fort McMoney", David Dufresne veut dire aux spectateurs : "prenez-vous en mains !". Dans le monde de l'écologie comme dans celui d'internet, l'idée fera date. Plutôt que de livrer aux téléspectateurs un documentaire figé et orienté, le jeu "Fort McMoney" laisse chacun se forger sa propre opinion sur les avantages ou les inconvénients d’une exploitation pétrolière hors du commun, dans une région rude, au riche patrimoine environnemental, le nord Canadien. Mais la question soulevée par le jeu, avec lequel on vérifie avant tout que chaque être humain est co-auteur du destin de la planète, peut s'appliquer à quantité d'autres enjeux écologiques de même nature, partout dans le monde...
"Que fait-on du pétrole et que fera-t-on quand il n’y aura plus de pétrole? ", interroge en résumé David Dufresne.
Pour le savoir, à vous de jouer ! Il suffit de cliquer ICI
Jouer à « Fort McMoney : pour accéder au webdoc-jeu, décliné en anglais, français et allemand afin d'offrir un accès très large à travers le monde, les joueurs se connectent indifféremment avec leur compte Facebook ou Twitter ou simplement par leur identifiant de courrier électronique.
Le cycle de chaque partie en temps réel est de quatre semaines. La première partie débutera le 25 novembre 2013, la deuxième le 20 janvier 2014 et la troisième le 24 février 2014.
Sur les sites internet de grands médias. Outre la chaine franco-allemande Arte, "Fort McMoney" est accessible depuis les sites de grands médias qui consacrent déjà régulièrement une couverture à la problématique des sables bitumineux: la télévision publique Radio-Canada et les grands quotidiens, le Süddeutsche Zeitung, le Globe and Mail, Le Monde , ou l'hebdomadaire Télérama.
►EN CHIFFRES
La réalisation du jeu a nécessité 2 ans d'enquête, 50 interviews, 60 jours de tournage pour un budget de 870.000 dollars(620.000 euros). L’essentiel du financement est assuré par l’ONF (Office national du film du Canada) et par la télévision franco-allemande Arte.