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Sciences : ces nuages qui disparaissent avec le réchauffement climatique

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Les stratocumulus réfléchissent 30 à 60 % des rayons solaires dans l'espace. Photo AFP

Certains chercheurs ont vraiment la tête dans les nuages. Mais c'est toujours pour la bonne cause. Même si le résultat de leurs études est parfois plutôt inquiétant. Dans une étude publiée en février dernier dans la revue "Géoscience", des scientifiques de la Nasa tirent la sonnette d'alarme : certains nuages de basse altitude (entre 0,5 et 2,5 km), censés nous protéger de la chaleur, sont justement menacés par le réchauffement climatique. Une première.

Les stratocumulus, c'est d'eux dont il s'agit, couvrent environ 20% de la surface des océans dans les zones tempérées du globe. Constitués de gouttelettes d'eau, ils refroidissent l'atmosphère en réfléchissant les rayons du soleil, en les renvoyant pour 30 à 60 % d'entre eux dans l'espace. C'est ce qu'on appelle "l'effet parasol". Le hic, c''est que cette précieuse couche protectrice pourraient disparaître en raison du triplement de concentration de CO2 dans l'atmosphère. Avec pour conséquence un renforcement du phénomène du réchauffement.

D'ici 2104 ?

Quels effets nos émissions de CO2 produisent-elles sur ces nuages ? Pour le savoir, les chercheurs ont réalisé des simulations durant lesquelles ces nuages, confrontés à un taux de particules fines de 1 200 ppm (parties par millions, l'unité qui mesure la concentration de dioxyde de carbone) deviennent instables et se décomposent. Un taux de concentration dans l'atmosphère qu'atteindra la planète demain, en 2104,"si le monde continue à utiliser autant d'énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz...)", alerte l'étude. Elle est actuellement de 410 ppm. Pour d'autres chercheurs, comme François-Marie Bréon, chercheur en climatologie et directeur adjoint du laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE), c'est après-après-demain, soit d'ici 300 ans qu'on arrivera à une telle concentration. A condition, toutefois, que nous levions le pied sur le carbone au lieu d'accélérer. Ce qui n'est pas encore acquis.

Fonte des pôles

Quoiqu'il en soit, la disparition des stratoculumulus serait dramatique : la hausse de 8°C des température qu'elle entraînerait viendrait s'ajouter brutalement à la hausse du mercure issue des émissions de gaz à effet de serre produits par les activités humaines. Renforçant les phénomènes bien connus déjà en cours, comme la fonte des glace et des banquises polaires, qui auraient de plus en plus de mal à joueur leur rôle de  climatiseurs naturels de la planète, et qui accroîtraient la montée des océans de plusieurs dizaines de mètres. Un sacré recul du trait de côte, difficile à imaginer et encore plus à anticiper pour s'y adapter.

Certes, ce n'est pas la première fois que notre planète pourrait faire face à ce phénomène. Déjà à l'époque du Paléocène et de l'Éocène, il y a environ 50 millions d’années, les températures mondiales ont soudainement augmenté jusqu’à 23 °C. Un pic de réchauffement qui avait été également provoqué par la perte de cette fameuse couche de nuages. L’Arctique n’avait alors pas de glaciers et n'abritait pas des ours polaires... Mais surtout, l'espèce humaine, apparue sur Terre en AFrique de l'Est il y a seulement 2,5 millions d'années, n'existait pas encore.

"Nos résultats montrent qu'il existe des seuils de changements climatique dangereux dont nous n'avions pas conscience jusqu'alors", alerte en conclusion dans un communiqué Tapio Schneider, chercheur au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa à Pasadena, en Californie, et principal auteur de l'étude. Et ça, ce n'est pas rassurant du tout.

Cathy Lafon

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