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Diesel, autoroutes, lutte contre la pollution de l'air : le gouvernement sort du bois

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Le diesel est désormais plus cher que l'essence. Photo AFP

Emmanuel Macron semble en être désormais convaincu : la crise climatique et écologique est là et la France doit impérativement relever le défi. Et de toute urgence. Dans son allocution télévisée de ce mardi soir, rebondissant sur les inondations hors normes et la catastrophe climatique qui frappent l'Aude, le président a endossé le costume vert de Hulot pour le marteler, avertissant que le gouvernement prendrait des mesure fortes en ce sens, dans les jours et les mois qui viennent.

Si elles visent à préserver le climat et à lutter contre la pollution, ces dernières seront parfois perçues comme "punitives" et, à coup sûr, ne plairont pas à tout le monde. On s'en doute aussi, elles se heurteront à différents lobbys puissants dans le pays (automobilistes, énergie conventionnelle, BTP...). Pour le gouvernement, le grand enjeu politique sera d'en faire percevoir aux citoyens leur bénéfice pour l'intérêt général et celui de la planète... qui rejoignent aussi l'intérêt particulier de chaque Terrien. L'actualité de ces jours-ci nous en donnent un avant-goût. 

Le diesel plus cher que l'essence

Ca ne fait peut-être pas plaisir aux propriétaires de véhicule diesel, mais c'est une bonne nouvelle pour la planète... Et notre santé. C'est historique, le diesel est désormais plus cher que l'essence. Dans 21% des stations-services du pays et jusqu'à 60% par endroits en Ile-de-France, le prix du carburant émetteurs de particules fines, et pointé du doigt car ultra-polluant et dangereux pour la santé,  dépasse celui du sans-plomb 95. Du jamais vu ! La raison en est le rééquilibrage fiscal entamé en 2015, avant l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée, aiguillonné par Nicolas Hulot destiné à faire converger le prix des deux carburants d'ici à la fin du quinquennat. Objectif : "de-dieliser" le parc automobile tricolore pour accompagner et financer la transition énergétique et écologique, en incitant les automobilistes à opter pour des véhicules plus propres (électriques, hybrides, essence). 

Fiscalité verte

L'adaptation à la hausse des taxes écologiques sera au centre des débats du projet de loi de finances pour 2019. La trajectoire de la taxe carbone à l'horizon 2022 (près de 15 milliards d'euros en plus sur le quinquennat) ne sera pas remise en cause.  La question qui se pose est celle des outils pour aider les consommateurs et les acteurs économiques à absorber ce changement rapide et à se convertir à des technologies plus économes en énergies, afin d'accélérer la transition énergétique.

Péages urbains

Faudra-t-il payer pour accéder au centre-ville en voiture, à Bordeaux et dans les grandes villes de France ? Le gouvernement étudie la possibilité de mettre en place des péages urbains, dans les communes de plus de 100 000 habitants, ainsi que l’a confirmé ce jeudi sur BFMTV le ministre de la Transition écologique, François de Rugy. Objectif : lutter contre la pollution de l'air et le réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et de CO2 dues au transport automobile. Ce sont les élus locaux qui décideront en toute transparence, de mettre ou non en place ce système, a précisé ce jeudi le ministre de la Transition écologique. 

Combien ça pourrait coûter à l’automobiliste ?

« Deux euros et demi par véhicule par jour dans une ville de plus de 100 000 habitants, c’est le plafond qui sera sans doute débattu », a ajouté François de Rugy. La taxe pourrait monter à « 5 euros dans les villes de plus de 500 000 habitants et 10 euros maximum pour les poids lourds », dit-il. Dans son rapport, la sénatrice Keller recommande par ailleurs la gratuité la nuit, les week-ends et les jours fériés.

Plusieurs grandes villes européennes comme Milan, Londres ou Stockholm ont déjà mis en place des péages urbains. A Londres, si un automobiliste veut accéder à l’hypercentre londonien entre 7 heures et 18 heures du lundi au vendredi, il doit s’acquitter d’un tarif fixe de 11,50 livres, soit 13 euros et cela quel que soit le nombre de ses allers-retours entre la zone et son extérieur. Week-ends, jours fériés, soirs et nuits sont gratuits. A Stockholm, c’est un autre système : chaque passage de 6h30 à 18h30 du lundi au vendredi est payant mais est plafonné à 10 couronnes par jour soit 11 euros. Le tarif varie aussi en fonction des horaires, pour inciter à prendre sa voiture pendant les heures creuses. Chaque mois, la facture est envoyée au contribuable.

Vers des zones à faible émission

Si les gouvernements tardent parfois à agir, les villes européennes bataillent, parfois depuis fort longtemps, entre péages, vignettes, malus, journées sans voiture et créations de zones de faibles émissions pour chasser les moteurs diesel et se remettre dans les clous en ce qui concerne la qualité de l'air et le risque que font peser sur la santé publique les émissions toxiques des vieux diesels. En France, sous le coup d'une amende de Bruxelles pour la mauvaise qualité de son air avec cinq autres pays européens, après Paris, quatorze autres métropoles s’apprêtent aussi à mettre en place une ZFE (zone à faible émission). Autant de mesures attendues depuis... 2007 et le Grenelle de l'environnement. Et sans cesse différées par les différents gouvernement de droite comme de gauche qui se sont succédé.

"Des solutions alternatives routières et ferroviaires"

Autre nouvelle choc au pays du tout-automobile  : la ministre des transports, Elisabeth Borne, a confirmé ce jeudi 18 octobre l’abandon du projet d’autoroute A45 entre Lyon et Saint-Etienne. Dans une interview au quotidien régional Le Progrès, la ministre veut privilégier  « des solutions alternatives routières et ferroviaires ». Autrement dit, une mobilité moins énergivore et pour le train, bas-carbone. Ce projet de longue date, dont le financement était pourtant bouclé et dont la mise en œuvre n’attendait plus qu’une signature du gouvernement, était destiné à améliorer le trafic routier très dense entre les deux métropoles. Il n’avait cependant pas été retenu dans le rapport Duron sur les infrastructures du pays au printemps, pas plus que les prolongations des LGV existantes. Si la décision ministérielle réjouit les opposants au projet autoroutier, on se doute que la décision est loin de faire l'unanimité localement : élus et représentants du tissu industriel sont verts de rage.

"Prélèvement de terres agricoles, impact environnemental, absence du grand contournement de Lyon sur lequel l’A45 doit déboucher"

« Si ce projet était simple et consensuel, l’autoroute A45 serait réalisée depuis longtemps. On ne peut pas ignorer le prélèvement de terres agricoles, l’impact environnemental, l’absence du grand contournement de Lyon sur lequel l’A45 doit déboucher », déclare la ministre au journal.« Le conseil d’orientation des infrastructures, qui est une instance indépendante et transpartisane, a recommandé de travailler plutôt sur des solutions alternatives routières et ferroviaires à l’A45. C’est aussi la position du gouvernement », ajoute-t-elle. La ministre avait fait état de cette décision à des parlementaires de la Loire mercredi matin, lors d’une réunion de travail sur le projet de loi d’orientation des mobilités.

Et si ça commençait à vraiment bouger pour la transition écologique ? A suivre...

Cathy Lafon

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