Ours : un premier pas vers un Plan de conservation dans les Pyrénées
Pour les associations de défense de l'ours brun des Pyrénées, c'est une bonne nouvelle. A la question posée ce vendredi à Toulouse "Etes-vous pour ou contre le lâcher d'une ourse femelle en Béarn ?, le vote du Comité de Massif des Pyrénées qui rassemble les acteurs de la chaîne des Pyrénées, s'est traduit par une égalité entre les partisans et les opposants de cette réintroduction, sur le score de 15 à 15. Les deux élus des Pyrénénes-Atlantiques représentant la Nouvelle Aquitaine ont voté contre.
Pour les associations de la coordination CAP Ours qui défendent la présence du plantigrade dans les Pyrénées et s la pérennisation de sa population, les anti-ours n'ayant pas emporté ce vote, son résultat joue en faveur d'un renforcement minimum du noyau occidental de la population ursine des Pyrénées, dans le cadre du volet Ours brun fixé par la Stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité.
"Un pas déterminant vers le lâcher d'une femelle en Béarn"
Ce premier pas significatif selon elles pour la pérennisation du plantigrade dans le massif franco-espagnol traduit aussi aux yeux des associations écologistes" une forte évolution des mentalités des élus en faveur de l’acceptation de l’ours sur le terrain". "Après six ans d’attente et de tergiversations pour répondre à la commande du Ministère de l’Environnement passée en 2010, cet avis est un pas déterminant vers le lâcher d’une femelle en Béarn afin d’éviter l’extinction du noyau historique de présence de l’ours", se réjouit ainsi Alain Reynes au nom de CAP Ours.
Bémols
On l'a compris, l'affaire n'est pas encore tout-à-fait dans le sac. Par ailleurs, autre bémol, biologique celui-là : l’approbation du renforcement d’une femelle en Béarn, pour être efficace, devra, selon les associations, être suivi par d’autres afin d’atteindre une population viable d’ours bruns dans le massif pyrénéen. Pour les pro-ours, il est nécessaire que le Comité de Massif des Pyrénées se prononce en faveur du scénario proposé par le groupe de travail réuni à cet effet au cours du printemps 2014 : "renforcer les deux noyaux pyrénéens de la population, conformément aux conclusions de l’expertise scientifique réalisée par le Muséum National d’Histoire naturelle en 2013".
"L'acceptation sociale de l'ours en Béarn est là"
Mais pour les défenseurs des ursidés, il y a désormais plus que de l'espoir. "Pour le Fonds d'intervention écopastoral (FIEP) c'est un premier pas vers le renforcement en Béarn et la relance d'une dynamique de vie. L'acceptation sociale de l'ours en Béarn est là", indique Jérôme Ouilhon, au nom du FiEP. "Après des années d’immobilisme sur la question de l'ours, l'avis du Comité permet maintenant au gouvernement de passer aux actes", analyse pour sa part Alain Reynes, qui souligne que l'avis du Comité de massif n'étant que consultatif, c'est au ministère de l'Ecologie qu'il appartient en dernier ressort, de prendre la décision finale.
La balle est dans le camp du gouvernement
En clair, à Ségolène Royal de prendre ses responsabilités en adoptant enfin un Plan de conservation et de restauration de la population d’ours bruns dans les Pyrénées, pour prévoir des renforcements, pérenniser les mesures d’accompagnement en matière de pastoralisme, amplifier la sensibilisation du public et développer la promotion du tourisme et de produits locaux. Le tout, grâce à l’image de l’ours.
Inutile de préciser que les quelque 200 militants anti-ours, rassemblés ce vendredi à Toulouse devant la préfecture où se tenait la réunion, sous la bannière "Les Pyrénées ne sont pas la frontière sauvage", ne sont pas vraiment sur la même longueur d'onde. Signe des temps ? Force est de reconnaître que leur dernière opération de lobbying auprès de l'Etat et de la Région pour obtenir un vote contre toute nouvelle réintroduction d'une ourse dans les Pyrénées a échoué. La biodiversité et la pérennisation du retour de la faune sauvage en France, elles, ont marqué un point.
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