Fonte de la banquise et ses conséquences pour la planète : les scientifiques poussent un cri d'alarme alors que la 17e Conférence des Nations Unies sur le climat s'ouvre ce lundi à Durban (Afrique du Sud). L'Europe sera très touchée...
Dans un contexte tendu, après l'échec de la conférence sur le climat de Copenhague (novembre 2009) et le bilan insatisfaisant de celle de Cancun en 2010, retour sur le cri d'alarme lancé en septembre dernier par les océanographes et glaciologues, concernant la fonte estivale de la banquise et ses conséquences pour la planète.
1) Pas de vacances pour le changement climatique en 2011...
S’il a fait froid et beaucoup plu en juillet en France, bien plus haut dans le Grand Nord, la fonte estivale de la banquise arctique a battu cet été des records qui n’étaient attendus que dans 30 ans, selon les projections du dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), en 2007. Océanographes et glaciologues le confirment dans deux nouvelles études publiées en septembre par l'université de Brême (Allemagne) et le Centre national d'étude de la neige et de la glace (NSIDC) [site en anglais ] : la glace de mer de l’hémisphère nord , à la fin de l’été, est désormais au plus proche de son minimum annuel et ne s’étend plus que sur environ 4,3 millions de Km.
2) La situation en 2016 : un été arctique sans glace ?
Ce spectaculaire retrait a déjà atteint il y a quatre ans, en 2007, où, pour les glaciologues, l’Arctique est entré dans un nouveau régime climatique, et probablement la planète avec lui : sur les 32 années de collecte de données satellitaires, les cinq records de fonte ont eu lieu ces cinq dernières années. L’été 2011 remet une nouvelle fois les pendules de la planète à l’heure : si la tendance actuelle se poursuit, c’est désormais dans environ cinq ans, dès 2016 (entre 2013 et 2019), que l’océan Arctique pourrait être libre de glace à la fin de l’été. D’autres experts, moins pessimistes, tablent sur un été sans glace entre 2020 et 2050. Bien sûr, la banquise devrait toujours se reformer en hiver, mais sa disparition en été aura pour corollaires l’accroissement du réchauffement des eaux de l’océan arctique et la fonte des glaciers du Groenland, deux paramètres de l’élévation du niveau marin, et du renforcement du changement climatique global en cours.
3) Ce qui va se passer en Europe
- Une érosion de 15 % des côtes européennes ces 25 dernières années.
Selon le Journal de l’environnement, un troisième rapport, qui vient d’être rendu par le programme européen CLAMER (Climate Change and European Marine Ecosystem Research), montre à son tour que la fonte des glaces arctiques a provoqué des changements sans précédents et beaucoup plus rapides qu’attendu, sur les mers et océans de l’Europe, depuis 1986. Les experts des 17 instituts océanographiques de 10 pays européens, réunis à Bruxelles le 15 septembre dernier, ont ainsi établi que la combinaison de la hausse du niveau de la mer et de vents plus puissants a contribué à l'érosion de 15% des côtes européennes. Phénomène douloureusement observé sur le littoral atlantique de notre région, avec le recul du trait de côte que Sud Ouest suit à la loupe depuis plusieurs années.
- Gros coup de chaud en vue pour les mers d’Europe.
Sur cette même période, les eaux des mers européennes se sont réchauffé environ dix fois plus vite que le taux moyen observé pour le XXe siècle, et ce, à mesure de la fonte de la glace de l’Arctique. En Europe, la hausse des températures à la surface des eaux a été trois à six fois plus forte que la moyenne mondiale. Quant aux modélisations du CLAMER, elles excèdent là aussi largement le rapport du GIEC de 2007 : pour le réchauffement des océans, les dernières simulations suggèrent qu’un réchauffement de 1,5 °C à 5° c est attendu dans le golfe de Gascogne à la fin du XXIème siècle. Enfin, si la hausse du niveau de la mer reste très difficile à prévoir, elle est aussi revue à la hausse : elle pourrait atteindre 0,6 m à 1,9 m le long de certaines côtes européennes en 2100.
- La balle est dans le camp de la communauté internationale.
Décidément, comme en 2010, l’actualité 2011 du changement climatique pulvérise littéralement les projections émises par le GIEC en 2007. Très attendu par la communauté scientifique, le prochain rapport du GIEC, dont la publication est prévue pour 2014, est déjà sur le feu. D’ici là, tous les voyants rouges du climat ne devraient pas cesser de clignoter furieusement. Le temps semble s’accélérer et, selon les scientifiques, c’est après-demain, sinon demain, que notre système climatique pourrait connaître des bouleversements majeurs, accompagnés d’une hausse importante du niveau marin. La communauté internationale va-t-elle rompre à Durban avec l’attitude de renoncement qu’elle semble avoir adoptée pour la question climatique depuis l’échec de Copenhague ? C’est à souhaiter. Les scientifiques ne cachent plus leur inquiétude : oui, il y a bien le feu à la banquise.
Cathy Lafon