Journée mondiale de l'eau. Eau et pesticides : amis pour la vie ?
Le 22 mars est la Journée mondiale de l'eau. Il ne nous échappe pas qu'elle tombe en pleine Semaine d'alternatives aux pesticides...
Le hasard ferait bien les choses, si nous n'étions avertis de la délicate question de la présence dans nos nappes phréatiques de résidus phythosanitaires... Il ne s'agit nullement de joindre l'utile à l'agréable, mais de constater que de l'eau aux pesticides, il n'y a vraiment qu'un pas.
Et là, pas de bonne nouvelle pour nous remonter le moral ... Ou si bonne nouvelle il y a, elle n'est qu'apparente. En 2010, le nombre de Français contraints de subir des coupures d'eau en raison d'un taux de pesticides trop élevé s'est effondré. De 34 300 personnes en 2009, on serait passé à 8 939 en 2010. Cela ne saurait mieux tomber, au moment où la France est sérieusement épinglée par Bruxelles, pour la qualité de ses eaux, surchargées en nitrates...
Des doses en pesticides en quantité cinq fois supérieures
La France serait-elle plus vertueuse, quand il s'agit de réduire la présence des pesticides dans ses eaux, et donc dans son agriculture ? Raté. Il s'agit juste d'un jeu d'écriture, légal au demeurant, de la Direction générale de la santé. C'est ce qu'a découvert François Veillerette, de l'ONG Générations futures. Grâce à une discrète directive du ministère de la Santé, en date du 9 décembre 2010, désormais l'eau du robinet peut contenir des doses de pesticides en quantité cinq fois supérieures ! "Pour répondre aux exigences dans la lutte contre la pollution de l’eau, soit on met tout en œuvre pour réduire la présence des substances nocives, soit on préfère remonter les taux et prétendre à une amélioration de la situation. C’est un peu comme si on changeait les degrés sur un thermomètre pour faire croire qu’il fait moins chaud.", commente François Veillerette, sur le site internet OWNI.
Un drôle de cocktail
"Mais c'est pas bon, tout ça !" Pas de panique, internautes de peu de foi : il faut "relativiser". Ce sont des résidus chimiques qui restent très faibles, selon les experts du ministère de l'Agriculture. Ouf, on a eu chaud. Sauf qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'ils se cumulent avec ceux, nettement plus importants, admis dans les fruits et légumes. Dont l'addition des doses admissibles n'a jamais non plus véritablement été prise en compte. Cette remarque frappée au coin du bon sens, constitue d'ailleurs un des thèmes privilégiés de Veillerette et de bon nombre de scientifiques spécialisés dans la question des résidus chimiques présents dans notre alimentation. Comme nous suivons les consignes des "cinq fruits et légumes par jour" : pesticides au petit-déj, pesticides aux repas, bien arrosés d'eau pour faire descendre le tout... Sacré cocktail final pour la santé !
Pollueurs-pas payeurs
Une telle "prescription" ne va pas non plus dans le sens du principe "pollueur-payeur", auquel échappe largement déjà l'agriculture française sur l'eau, comme le souligne un rapport du Conseil d'Etat de juin 2010 : "L'eau et son droit". "L'agriculture bénéficie d'une situation historiquement dérogatoire ; elle occasionne des pollutions très importantes, qui contrarient les efforts nationaux d'amélioration de la qualité de l'eau et valent à la France des poursuites et des condamnations répétées par les autorités communautaires", souligne la vénérable institution. Toujours selon le Conseil d'Etat, "les agriculteurs ont en outre été dispensés, de fait, du paiement des redevances de dépollution normalement dues aux agences de l'eau, tout en bénéficiant de leurs aides". Pourtant, et c'est toujours le Conseil d'Etat qui parle, l'agriculture est à l'origine de de 60 % de la pollution par les phosphates, de 70 % de celle par les pesticides et de 75% de celle par les nitrates. Les Français eux paient la double facture : avec leur porte-monnaie, pour les coûts liés à la dépollution, et éventuellement, avec leur santé.
Je sais pas vous, mais moi, je vais me remettre un petit coup de ce délicieux vin bio, comment s'appelle-t-il déjà... ?
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