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abeilles - Page 5

  • Mortalité estivale des abeilles : la France est le pays le plus touché en Europe

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    Abeille butinant des fleurs. Photo archives Sud Ouest / Xavier Léoty

    Le déclin des abeilles, pollinisatrices indispensables à la biodiversité et à l'agriculture, est un phénomène mondialement connu depuis le milieu des années 1990 et qui porte préjudice à la survie des végétaux. Pour la première fois, une étude européenne évalue plus précisément la disparition des petites ouvrières de la pollinisation et produit une cartographie inédite : le nord de l'Europe est plus touché que le sud, et la France se distingue comme le pays où la mortalité est, de loin, la plus élevée au cours de la saison apicole.

    pesticides,abeilles,apiculture,étude,mortalité,europe,france"Epilobee"

    L'étude "Epilobee", présentée à Bruxelles le 7 avril, est une première scientifique. Menée dans dix-sept pays membres de l'Union européenne, elle y compare l'état de santé des ruchers grâce à l'utilisation de "critères harmonisés" pour mesurer le taux de mortalité des abeilles domestiques. L'enquête est d'envergure. Coordonnée par le laboratoire de l'Anses à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), laboratoire européen de référence pour la santé des abeilles, elle se base sur les observations de 1.350 inspecteurs, qui ont visité à trois reprises (automne 2012, printemps 2013, été 2013) quelque 31.800 colonies d'abeilles dans 3.300 ruchers.

    Mortalité en hiver : le nord est le plus touché

    Pour la mortalité en hiver, période où les abeilles meurent le plus, le nord apparaît le plus touché, avec des taux qui dépassent régulièrement les 20% : 33,6% en Belgique, 28,8% au Royaume Uni, 28,7% en Suède et plus de 23% en Estonie et en Finlande. Au sud de l'Europe, la situation semble moins grave, avec un  taux de mortalité qui reste "normal", soit en-deçà de 10%, dans plusieurs pays comme en Italie (5,3%), la Grèce (6,6%) ou encore l'Espagne (9,5%). La France (14,1%), comme l'Allemagne (13,6%) ou la Pologne (14,8%) se situent à un niveau intermédiaire. Un clivage nord-sud qui s'explique en partie par le climat, mais pas seulement, selon l'Anses.

    pesticides,abeilles,apiculture,étude,mortalité,europe,franceSurmortalité des abeilles françaises en saison apicole

    Lors de la saison de production de miel, entre le printemps et l'été, l'étude met en évidence une mortalité des abeilles globalement moins importante qu'en hiver. Avec l'exception notoire de la France, où le taux atteint 13,6%, ce qui en fait le seul des 27 pays étudiés avec une mortalité supérieure à 10% à cette période-clé. Par ailleurs, les apiculteurs sont les premiers à le déplorer, la production de miel a diminué en France de moitié entre 1995 et 2013 malgré un nombre de ruches similaire.

    Et les pesticides ?

    Pour cerner les causes de mortalité, l'étude s'est intéressée à la présence ou non d'agents pathogènes (bactéries, virus, acariens), en notant sans surprise la présence des deux plus importants que sont Varroa, un acarien, et le Nosema, un champignon. Mais, très étrangement, elle ne porte pas sur les pesticides, soupçonnés pourtant de contribuer grandement aux déclins des pollinisateurs. Pas une seule fois le mot n'apparaît dans les 30 pages du rapport et aucune mesure de pesticide na été effectuée dans les ruches analysées. Pourquoi cette absence ? Les pesticides n'ont pas été écartés du champ de l'étude pour des raisons "politiques", mais "techniques", plusieurs laboratoires européens associés aux travaux n'ayant pas forcément les capacités de mener ces analyses, justifie l'Anses. Une limite de taille aux résultats de l'enquête, qui ne manque pas de susciter des commentaires critiques de la part d'une partie de la communauté scientifique.

    La France est le premier pays européen pour sa consommation de phytosanitaires

    L'étude, financée à hauteur de plus de 3 millions d'euros par la Commission européenne, doit être reconduite cette année. L'Anses indique travailler à une "harmonisation" des techniques de dosage des pesticides pour mieux prendre en compte ce sujet. Il faudra bien en passer par là : en France, où la mortalité estivale est plus élevée qu'ailleurs en Europe, les résultats semblent exclure la responsabilité unique des pathogènes naturels. Or, l'Hexagone est le troisième pays plus gros consommateur de pesticides au monde, derrière les Etats-Unis et l'Inde, et le premier en Europe. On se rappelle que la consommation de produits phytosanitaires y a augmenté de 2,6 % entre 2008 et 2010.  Et ce, alors que le plan dit "Ecophyto" de réduction des pesticides prévoyait une réduction de 50 % de l'usage des produits phytosanitaires d'ici à 2018... A contrario, d'autres pays interdisent l'usage des pesticides, comme l'Italie ou l'Allemagne pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles et la Slovénie pour toutes les plantes.

    On se rappelle aussi qu'au moment où les apiculteurs accusaient une chute de production de miel en 2013et  bataillaient pour obtenir le durcissement des restrictions des pesticides afin de stopper la mortalité des abeilles, le 15 janvier dernier,le Parlement européen rejetait, une résolution rendant obligatoire l’étiquetage du pollen OGM contenu dans le miel. Finalement, l'absence du critère des pesticides dans l'enquête européenne n'est peut-être pas si étrange que cela.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • L'étude Epilobee sur le site du Parlement européen (en anglais) : cliquer ICI
    • La présentation des résultats d'Epilobee sur le site de l'Anses : cliquer ICI

    LES ABEILLES EN CHIFFRES

    • 13 millions de colonies manquantes au sein de l'Union européenne pour polliniser les cultures selon une étude publiée en janvier. Le continent ne disposerait que des deux tiers de colonies d'abeilles nécessaires à une pollinisation optimale.
    • 70% C'est la proportion des plantes sauvages ou cultivées en France qui dépendent de la pollinisation assurée par les abeilles et les pollinisateurs sauvages (bourdons, abeilles sauvages...)

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  • Les jours de la seule culture OGM en plein champ en France sont-ils comptés ?

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    La reconduction d'une expérimentation d’OGM sur des peupliers à l’étude en France Photo AFP

    La France va-t-elle mettre fin à sa seule expérimentation en plein champ de culture OGM ? L'Inra veut prolonger dans le Loiret son expérimentation sur des peupliers, possibles futurs biocarburants, mais une partie du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) a déjà rendu un avis défavorable. Quant aux écolos, ils bataillent contre la reconduction.
     
    La consultation du public sur le site vie-publique.fr sur cette expérmentation s'achève aujourd'hui. Dans les deux semaines qui viennent Delphine Batho, la ministre  de l'Ecologie rendra son avis et Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture décidera alors du renouvellement de l'autorisation. Ou pas.
     
    L'Inra : chaud bouillant

    Comme de juste, l'Institut de la recherche agronomique (Inra) demande l'extension pour cinq ans d'une autorisation donnée en 2007,  afin "d'étudier l'effet de la modification de la biosynthèse des lignines sur les propriétés du bois".  L'ambition est notamment d'évaluer les propriétés du bois ainsi modifié pour la production de biocarburant de 2e génération. Cet essai, qui porte sur plus de 1.000 arbres et a démarré en 1995, se déroule à Saint-Cyr en Val.

    ogm,conflit,polémique,inra,expérimentation,arbre,peuplier,apiculuture,abeillesLe HCB souffle le chaud et le froid

    Saisi par le ministère de l'Agriculture, le HCB - instance créée en 2009 pour éclairer les décisions des politiques sur les nouvelles technologies- a rendu un double avis divergent le 15 avril, qui oppose sa filière  scientifique à la filière éthique.  Pour son comité scientifique, l'expérimentation "ne présente pas de risques identifiables pour la santé humaine ou animale ou pour l'environnement". En revanche, la majorité des membres du Comité économique, éthique et social (CEES) a estimé que la recherche "ne devrait pas être reconduite". Le CEES craint notamment que la production de bioéthanol à partir de peupliers n'entre "en concurrence avec des surfaces agricoles et des cultures alimentaires, et pose la question, trop rarement évoquée en la matière, du bilan carbone global d'un tel biocarburant.

    ogm,conflit,polémique,inra,expérimentation,arbre,peuplier,apiculuture,abeillesLes écolos:  ultra froids

    On s'en doute aussi, dès qu'il s'agit d'OGM, les écolos sont très méfiants. Les Amis de la Terre, la Confédération paysanne, la Fédération nationale agriculture biologique, Greenpeace et l'Union nationale des apiculteurs français (Unaf), membres du CEES, ont appelé dès l'ouverture de la consultation publique leurs concitoyens "à renforcer cette position contre l'extension de l'expérimentation". Pour les association environnementales, "Les sommes engagées dans la recherche publique aujourd'hui ne peuvent se détourner à ce point-là de l'intérêt public qui est d'assurer l'autonomie et la souveraineté alimentaire des populations". La prolongation de la culture des peupliers OGM inquiète également les apiculteurs. Ces arbres sont en effet une source importante de propolis, résine végétale utilisée par les abeilles.

    Arrêter l'expérimentation : un frein à la biomasse ?

    De son côté, l'Association française des biotechnologies végétales (AFBV), pro-OGM, a estimé que l'arrêt de cette expérimentation "serait pénalisant pour la recherche de voies innovantes nécessaires pour développer en France une énergie renouvelable à partir de la biomasse". L'argument semble peu convainquant, car le développement de la biomasse dépend surtout d'une volonté politique et industrielle, comme en témoignent un pays comme la Finlande où ce type d'énergie renouvelable est très développé sans cultures OGM. En 2004, les anti-OGM y ont déraciné ou abattu les 400 bouleaux génétiquement modifiés, situés sur l’unique site d’étude consacré aux arbres génétiquement modifiés, à Punkaharju. Et les arbres des forêts françaises n'ont pas non plus attendu les OGM pour pousser...

    Plus qu'un symbole

    Il s'agit du seul essai à fin scientifique en plein champ en France, depuis la destruction de 70 pieds de vignes à Colmar par des militants anti-OGM en août 2010. Depuis 2008, il n'y a plus de culture d'OGM en plein champ à des fins commerciales. Pour les écologistes, comme pour les scientifiques pro-OGM, l'enjeu de la décision gouvernementale n'est pas mince et dépasse le stade du simple symbole.

    Cathy Lafon

    • L'autorisation de 2007 de l'Inra pour expérimenter des peupliers OGM dans le Loiret : cliquer ICI
    • Le site de la consultation publique : cliquer ICI
    • Contacts ONG : 

    Pour Les Amis de la Terre : Patrick de Kochko - 06 17 06 62 60. Pour La Confédération Paysanne : Guy Kastler - 06 03 94 57 21. Pour la Fédération Nationale Agriculture Biologique : Daniel Evain - 06 84 06 64 38. Pour Greenpeace : Cédric Gervet - 06 13 07 04 29. Pour l’UNAF : Jean-Marie Sirvins - 06 89 37 06 12

  • Cinéma. "Des abeilles et des hommes" : pourquoi les abeilles meurent

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    Photo extraite du film "Des abeilles et des hommes". DR

    "Des abeilles et des hommes", un documentaire animalier réalisé par Markus Imhooh et raconté par l'acteur français Charles  Berling, sort dans les salles de cinéma mercredi 20 février.  Le réalisateur suisse s'intéresse dans ce film à un désastre écologique en cours : il cherche à comprendre pourquoi les abeilles meurent. Pour ce faire, le cinéaste a parcouru le monde, filmant les abeilles et les hommes qui les élèvent. 

     
    Les abeilles, "messagères de l'amour" des plantes

    Markus Imhoof avait pour grand-père un apiculteur dont les 150 ruches pollinisaient les arbres fruitiers desquels il tirait ses confitures. Il lui avait joliment  expliqué que les "plantes, clouées au sol, ne peuvent pas traverser la prairie pour aller enlacer d'autres plantes et avoir des enfants".  "Il leur fallait un messager pour faire l'amour", raconte le réalisateur, aujourd'hui âgé de 71 ans, dans "Des abeilles et des hommes".

    apiculture,abeilles,pesticide,pollinisation,épidémie,documentaire,film,disparition80 % des plantes ont besoin des abeilles pour être fécondées

    Or, les petites messagères de l'amour des plantes, qui leur permettent de donner le jour à d'autres plantes et de porter à terme les légumes et les fruits nourriciers, sont aujourd'hui bien mal en point. Et il y a souci : sans abeille, pas de pollinisation. Maya et ses copines sont le maillon indispensable à l'équilibre de l'écosystème de la planète, à notre agriculture, à notre économie, à notre alimentation. Pour résumer : à la survie de notre propre espèce. 

    Le déclin des abeilles, un désastre écologique

    Le cinéaste suisse lance l'alerte : combien de temps encore à vivre pour l'Apis mellifera (l'abeille à miel), arrivée sur Terre 60 millons d'années avant nos premiers ancêtres ? Selon les régions du monde, entre 50 % à 90 % des abeilles ont disparu en une quinzaine d'années de la surface du globe. L'espèce a totalement disparu de Chine. Cette épidémie, d'une violence et d'une ampleur phénoménale se propage de ruche en ruche, sur toute la planète. L'hécatombe a partout le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité, aucun prédateur visible.

    Des abeilles et des hommes 1.jpgPlus de deux millions de ruches réquisitionnées par la Californie

    En quelques mois, les abeilles se sont ainsi volatilisées aux Etats-Unis où les dernières estimations chiffrent à 1,5 million (sur 2,4 million de ruches au total) le nombre de colonies qui ont disparu dans 27 Etats. En Californie, le jardin de l'Amérique du Nord, la floraison des amandiers devrait débuter prochainement. Le pays produit chaque année environ 80 % de la production mondiale d'amande. Pour assurer la pollinisation de ces arbres fruitiers, les producteurs d'amandes californiens ont dû réquisitionner cette année plus de deux millions de ruches...

    des abeilles et des hommes 2.jpgL'Europe s'inquiète de la surmortalité des abeilles

    Les causes de l'origine du déclin des abeilles mellifères sont multiples : les pesticides et les médicaments employés pour les combattre, les parasites tels que le varroa, les virus, la multiplication des émissions électromagnétiques perturbant les nanoparticules de magnétite présentes dans l'abdomen des abeilles... Il semble qu'une combinaison de tous ces agents détruise les défenses immunitaires des abeilllles. L'Europe et certains de ses Etats membres, dont la France, qui a déjà interdit le Cruiser OSR le 29 juillet 2012, ciblent les pesticides. La Commission européenne pourrait interdire l'utilisation de certains pesticides après les conclusions inquiétantes rendues le 16 janvier dernier par l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur leur impact létal pour les abeilles. Le 25 février prochain, Bruxelles doit voter sur la suspension (ou non) de produits phytosanitaires de la famille des néonocotinoïdes (thiamétoxam, clothianidine, imidaclopride) pour lutter contre la surmortalité des abeilles.

    Markus.jpgS'identifier aux abeilles

    Pour Markus Imhoof (photo ci-contre) la première cause du déclin des abeilles est l'instrumentalisation de la nature par l'homme : "On a l'habitude de penser qu'on doit dominer la nature et c'est à cause de ça que ça va mal", analyse-t-il dans le film. "Il était important pour moi que le public puisse avoir une identification aux abeilles", dit le cinéaste, qui a pris le parti d'introduire sa caméra dans l'intimité d'une ruche pour filmer, au plus près, les petites ouvrières de la pollinisation et leur reine. Un peu comme une société humaine... 

    Einstein a dit...

    Il y a cinquante ans, Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l'homme :"Si l'abeille disparaissait du globe", avait-il prédit, "l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre."  L'histoire que nous raconte Markus Imhoof est bien autant celle des hommes que celle des abeilles.

    PLUS D'INFO

    • "Des abeilles et des hommes" : la fiche. Documentaire.  Date de sortie : 20 février 2013. Réalisé par :Markus IMHOOF. Durée : 1h32. Pays de production : Suisse. Titre original : More Than Hone. Distributeur : Jour2Fête

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