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Economie - Page 222

  • "Déchets radioactifs : cent mille ans sous nos pieds ?" Ce soir, le débat est sur Public Sénat

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    Dans le sous-sol de Bure (Meuse), 80 000 m3 de déchets radioactifs doivent être stockés dans 15 km2 de galeries. Photo AFP

    ledocu logo.jpgCreusé dans la glaise meusienne, le laboratoire de recherches de l’ANDRA est le prélude du futur site de stockage de déchets radioactifs à vie longue (cent mille ans) qui accueillera sans doute ses premiers "colis" radioactifs en 2025.

     

    hennequin.jpegSon installation à Bure, village de 90 habitants entre Meuse et Haute-Marne, anime depuis près de vingt ans une guerre entre les opposants et l’ANDRA, promoteur du site.  "Déchets radioactifs : cent mille ans sous nos pieds ?", un documentaire de Dominique Hennequin, produit par Nomades TV, redonne les éléments du débat sur la chaîne Public Sénat, ce soir, à 22h30.

    La manne nucléaire fait débat

    Pour accueillir le centre industriel de stockage géologique des déchets radioactifs (Cigéo) de Bure,  deux départements bénéficient chacun de 30 millions d'euros d’aides annuelles, qui financent les routes du département mais aussi les salles des fêtes, la rénovation des églises et… les entreprises privées du département. Développement économique pour les uns, achat des consciences pour les autres au vu des dangers potentiels d'un tel site :  la manne nucléaire fait débat.

    Quelle fiabilité pour le stockage des déchets radioactif à vie longue ?

    Le projet de stockage de déchets radioactifs à haute activité et vie longue est-il fiable ? Oui pour les ingénieurs de l’ANDRA, qui s’emploient à le démontrer. Non pour des scientifiques indépendants et les écologistes qui pointent les lacunes et les dangers de ce projet unique au monde. L'exemple des fuites de saumures radioactives du site d'enfouissement de déchets nucléaires de Asse (Allemagne) ou le scandale du site de déchets toxiques de Stocamine de Wittelsheim (France) doivent-ils nous faire craindre le pire? Et comment assurer la sécurité de ces sites pendant cent mille ans ? Au contraire, l’enfouissement est-elle la meilleure des solutions pour ces déchets dont, à vrai dire, on ne sait que faire ?

    Du "débat public" à une "conférence de citoyens"

    Le "débat public"  sur le projet d'enfouissement de Bure  a officiellement été lancé cette année. Pas vraiment démocratique, selon les opposants, il a tourné court. Le Réseau Sortir du nucléaire a même appelé au boycott du débat. Pour redonner un semblant de démocratie participative à une consultation qui a tourné court et a été remplacée par de simples séances de questions-réponses sur Internet, une vingtaine de représentants de la société civile vont prendre part, de mi-décembre à mi-février 2014, à une "conférence de citoyens". La tenue de cette conférence a été décidée en juillet, par la Commission nationale du débat public (CNDP).

    Pour le site de stockage, la décision finale est prévue après le vote d’une loi en 2015.

    Cathy Lafon

    • "Déchets radioactifs : cent mille ans sous nos pieds ?" Sur Public Sénat, lundi 16 décembre à 22h30. Durée : 52 minutes. Suivi d’un débat animé par Benoît Duquesne. Rediffusion :  samedi 21/12/2013 à 22h00,  dimanche 22/12/2013 à 18h00, lundi 23/12/2013 à 17h15. 

    A ECOUTER

  • "Fort McMoney" : le web jeu-documentaire écolo destiné à changer le monde

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    Des sans abris, dans le jeu-documentaire d'Arte "Fort McMoney". Photo ARTE

    Exploitation du pétrole au Canada, exploitation des gaz de schistes en France et en Europe, exploitation des énergies fossiles de l'Arctique... Les polémiques sont vives. Que faut-il faire ? Provoquer des crises écologiques pour éviter une crise économique et énergétique majeure, ou l'inverse ? Et si on lançait l'enquête soi-même ? Et si on jouait à changer le monde ? Avec "Fort McMoney", Arte a lancé la partie,  le 25 novembre dernier.

    Une première du genre sur le web

    Entre web-documentaire et jeu vidéo, "Fort McMoney", est une révolution dans le monde du web-doc.  Imaginé par un Français, le journaliste, créateur et réalisateur David Dufresne, installé à Montréal depuis deux ans, le jeu-documentaire gratuit propose aux internautes de participer aux débats et de faire valoir leurs arguments sur une question précise: celle de l’exploitation pétrolière au Canada et de ses conséquences environnementales et sociales. En menant une véritable enquête journalistique, avec ses errements, ses bugs et ses trouvailles, dans un jeu qui se déroule en trois parties, de quatre semaines chacune.

    Fort McMoney - (Bande-annonce)

    jeu,webdocumentaire,webdoc,arteUn webdoc : "Prison valley"

    Le réalisateur est connu pour avoir déjà signé, il y a quatre ans, le très innovant web-documentaire  "Prison valley" sur l’industrie pénitentiaire aux Etats-Unis, pour lequel il a décroché un prestigieux prix World Press en 2011. Avec "Prison valley", David Dufresne a créé une nouvelle forme d'écriture audiovisuelle, plus circulaire et expérimentale dans une histoire où, grâce à une navigation personnalisée, l'internaute-spectateur est immergé et impliqué afin de devenir co-auteur lui-même de la narration. Le récepteur n'est plus passif, mais mène sa propre enquête, à son rythme.


    Prison.Valley.Lindustrie de la prison par danteenfer

    jeu,webdocumentaire,webdoc,artePourquoi le jeu webdoc "Fort McMoney" ?

    On est bien d'accord, la question environnementale forme un sujet tout aussi grave que celui de la prison, avec des répercussions politiques et sociales, essentielles pour l'humanité. Par ailleurs, sauver la planète n'est pas un jeu. Mais, pour David Dufresne, la Terre peut avoir aussi besoin de l’interactivité d’un jeu interplanétaire, pour qu’on rappelle l’urgence à laquelle elle est soumise à l'heure du changement climatique et de la surexploitation de ses ressources. Tels sont le sujet et l'objet de son nouveau projet numérique, "Fort McMoney", où il tente d’aller encore plus loin qu'avec un simple webdoc. Avec pour défi:  "toujours faire en sorte que le jeu soit au service du documentaire " et non l’inverse, en y juxtaposant l’exploitation des sables bitumineux pour la production de pétrole nécessaire à l'une des principales économies mondiales, et l’impératif environnemental.

    jeu,webdocumentaire,webdoc,arteLes lieux et le contexte du jeu

    Communauté de la province de l’Alberta (ouest du Canada) à un peu plus de 400 km au nord d’Edmonton, Fort McMurray, surnommée "FortMcMoney" dans le documentaire, respire le pétrole et contribue pour 7% du volume total de gaz à effet du Canada. Le pétrole y est extrait des sables bitumineux dont les écologistes dénoncent une exploitation aux effets dévastateurs pour l’environnement (photo ci-contre). Début octobre, vingt et un prix Nobel, dont l'archevêque sud-africain Desmond Tutu, ont jugé "l’impact désastreux sur les changements climatiques" de ces pétroles non conventionnels et ont appelé l'Union européenne à légiférer contre eux. A l’inverse, le Canada met en avant l'autonomie énergétique que ces pétroles lui procurent.

    "L'industrie, le social et l'environnemental"

    Une fois entré dans ce jeu documentaire, l'internaute explore trois facettes de cette région hors du commun, "l’industrie, le social et l’environnemental", explique David Dufresne. Pour cela, à l'instar d'un journaliste qui mène sa propre enquête et veut se forger une opinion, le joueur pose ses propres questions à tous les acteurs clés de ce documentaire : les patrons des compagnies pétrolières, le maire de la ville, les tenanciers de bars, les travailleurs parqués dans des baraquements sommaires ou divers lobbyistes. Au total, ce sont des centaines de combinaisons qui ont été imaginées par les concepteurs du jeu.

    jeu,webdocumentaire,webdoc,arte"La ville de Fort McMurray évolue en fonction de l'interactivité"

    Comme dans un jeu vidéo, le joueur progresse et va franchir des étapes.  L'originalité est qu'on joue à "Fort McMoney" en réseau. Ainsi, tous les dimanches soirs, en fonction du vote des participants, la ville de Fort McMurray, reproduite virtuellement, va bouger, l’environnement du documentaire sera modifié en fonction de la majorité et ceci pendant chacune des trois parties. 

    "Prenez-vous en main ! "

    Avec "Fort McMoney", David Dufresne veut dire aux spectateurs  : "prenez-vous en mains !". Dans le monde de l'écologie comme dans celui d'internet, l'idée fera date. Plutôt que de livrer aux téléspectateurs un documentaire figé et orienté, le jeu "Fort McMoney" laisse chacun se forger sa propre opinion sur les avantages ou les inconvénients d’une exploitation pétrolière hors du commun, dans une région rude, au riche patrimoine environnemental, le nord Canadien. Mais la question soulevée par le jeu, avec lequel on vérifie avant tout que chaque être humain est co-auteur du destin de la planète, peut s'appliquer à quantité d'autres enjeux écologiques de même nature, partout dans le monde...

    "Que fait-on du pétrole et que fera-t-on quand il n’y aura plus de pétrole? ", interroge en résumé David Dufresne.

    Pour le savoir, à vous de jouer ! Il suffit de cliquer ICI

    Cathy Lafon

    PRATIQUE

    • Jouer à « Fort McMoney : pour accéder au webdoc-jeu, décliné en anglais, français et allemand afin d'offrir un accès très large à travers le monde, les joueurs se connectent indifféremment avec leur compte Facebook ou Twitter ou simplement par leur identifiant de courrier électronique.  
    • Le cycle de chaque partie en temps réel est de quatre semaines. La première partie débutera le 25 novembre 2013, la deuxième le 20 janvier 2014 et la troisième le 24 février 2014.
    • Sur les sites internet de grands médias. Outre la chaine franco-allemande Arte,  "Fort McMoney" est accessible depuis les sites de grands médias qui consacrent déjà régulièrement une couverture à la problématique des sables bitumineux: la télévision publique Radio-Canada et les grands quotidiens, le Süddeutsche Zeitung, le Globe and Mail, Le Monde , ou l'hebdomadaire Télérama.

    EN CHIFFRES

    • La réalisation du jeu a nécessité 2 ans d'enquête, 50 interviews, 60 jours de tournage pour un budget de 870.000 dollars(620.000 euros). L’essentiel du financement est assuré par l’ONF (Office national du film du Canada) et par la télévision franco-allemande Arte.

    LE MAKING-OF

  • Pêche en eaux profondes : l'Ifremer jette un pavé dans l'océan

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    Un marin-pêcheur sur bateau de pêche français Photo archives AFP

    Le Parlement européen doit se prononcer le 10 décembre sur un nouveau règlement relatif à la pêche en eaux profondes, contre lequel s'élèvent la France et l'Espagne  : début novembre, en commission Pêche, les parlementaires n'ont pas suivi la Commission qui souhaitait interdire la technique de chalutage profond. Et, pour la première fois, les scientifiques de l'Ifremer se désolidarisent des partisans de la pêche en eaux profondes.

    Les données sont insuffisantes pour conclure à la durabilité de la pêche profonde

    En juillet 2012, l'Ifremer écrivait que "l'exploitation des stocks de poissons profonds a été amenée à un niveau soutenable, après la surexploitation au début des années 2000". Cette  année, l'Ifremer se veut plus prudent.  C'est une première : lors d'une table ronde organisée le mardi 26 novembre à l'Assemblée nationale, à deux semaines d'un vote sur le sujet au Parlement européen, le directeur général délégué de l'Ifremer, Patrick Vincent, a estimé que les données étaient insuffisantes pour conclure à la durabilité de la pêche profonde.  En s'expliquant sur un texte "que tout le monde cite". "Dans ce papier, on lit que trois espèces sont au rendement maximum durable : doit-on conclure qu'il y a durabilité ?", a-t-il interrogé.   Non, selon lui. "En résumé, sur certains stocks, il y a durabilité, sur d'autres stocks, la connaissance est insuffisante". Ce texte "avait une intention pédagogique (...) avec des raccourcis, et probablement trop de raccourcis" et il n'était pas "scientifiquement suffisamment précis", a-t-il fait valoir.

    "La fin d'une imposture scientifique française"

    L'ONG Bloom, qui milite pour une plus stricte encadrement de la pêche profonde, a salué la mise au point du directeur général délégué de l'Ifremer qui, selon l'association, a "mis fin à une imposture scientifique française (...)" en réfutant l'imaginaire durabilité des pêches profondes au chalut : l'Ifremer "retire la maigre caution scientifique aux lobbies de la pêche profonde".

    L'énorme succès de la pétition de Bloom

    La pétition mise en ligne par l'association de défense des océans Bloom, exhortant François Hollande à soutenir la proposition européenne d'interdire le chalutage en eaux profondes, recueillait plus de 714.000 signatures lorsqu'elle a été remise au président de la République, lundi dernier. Une méthode de pêche qualifiée d'activité "résiduelle, déficitaire et subventionnée", selon la pétition, qui précise qu'elle ne concerne que neuf navires en France, mais que son "impact environnemental est disproportionné". "D'immenses filets lestés ratissent les milieux océaniques les plus vulnérables et capturent plus de 100 espèces, ensuite rejetées, dont certaines menacées d'extinction", affirme Bloom, qui s'appuie sur de multiples travaux scientifiques.

    europe,pêche,surpêche,ifremer"Il faut se secouer les fesses ": le buzz de la BD de Pénélope 

    Lancée en juin dernier,  la pétition a littéralement explosé avec la médiatisation d'une BD drôle et pédago de l'illustratrice et dessinatrice Pénélope Bagieu, publiée sur son blog,  le 18 novembre dernier. Dénonçant la pêche en eaux profondes, la BD reprend les informations et chiffres de l'association Bloom et rappelle notamment que ,"malgré les millions d'euros d'aides publiques qu'ils perçoivent, les navires industriels sont tous déficitaires". Une BD jugée "simpliste" par le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM), qui regrette dans un communiqué "le brouillage de la réalité socio-économique de la pêche française pour susciter une levée des bonnes consciences", et qui a cependant, en deux jours,  été tweetée et retweetée plus de 3.000 fois, et "likée" 356.000 fois sur Facebook...

    En attendant, l'idée de la nécessité de protéger les stocks halieutiques du chalutage profond fait son chemin dans l'opinion: à partir du 1er janvier, le groupe Casino, les hypermarchés et supermarchés de l'enseigne, ne commercialiseront plus aucune des cinq espèces de poissons de grands fonds extrêmement vulnérables que sont le sabre, le grenadier, l'empereur, la lingue bleue et le brosme.

    Cathy Lafon

    LA PETITION

    • La pétition de l'association Bloom totalise désormais plus de 714.000 signature. On la trouve  sur le site de l'association :ICI
    • La BD de Pénélope Jolicoeur : cliquer ICI

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma Planète sur la pêche : cliquer ICI